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Grand Angle

Diaspo #318 : Karim Kassab, encadrant des étudiants étrangers en Ukraine

Enseignant à l’Université de Zaporizhya en Ukraine, Karim Kassab compte plusieurs certifications à son actif, grâce à son rôle central dans l’intégration des étudiants étrangers dans le milieu universitaire. La guerre avec la Russie a changé beaucoup de choses. Il fait fait partie notamment de ces nombreux Marocains portant la nationalité ukrainienne, qui n’ont désormais plus le droit de quitter le pays.

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Né en 1974 dans le quartier de Mers Sultan à Casablanca, Karim Kassab a obtenu son baccalauréat en sciences expérimentales, puis il a rapidement décidé de suivre ses études supérieures à l’étranger. C’est ainsi que très jeune, il fait le choix de migrer en Ukraine. Dans cette nouvelle vie commencée en 1995, il s’installe à Zaporizhia, où il effectue une année préparatoire pour l’apprentissage des langues russe et ukrainienne.

Le jeune étudiant réussit ensuite le concours d’accès à l’Université technique nationale de Zaporizhia. Désormais porteur des nationalités marocaine et ukrainienne, son intégration l’a inspiré pour devenir un facilitateur de la diversité, dans le milieu académique où il a évolué au sein du département de génie mécanique.

Dans son entretien avec Yabiladi, il confie avoir «eu de la chance en rencontrant initialement des professeurs francophones, qui avaient travaillé plus tôt dans des universités en Algérie et qui avaient publié des livres en français», ce qui l’a beaucoup aidé dans ses débuts.

Il se souvient toujours très bien de ces premières années. «La ville est connue pour son infrastructure industrielle imposante, ainsi que pour sa production de fer et d’acier. L’université était en contact direct avec ces usines. Nous avions l’habitude d’y aller pour nos cours pratiques», nous dit-il.

Après sa licence, Karim intègre un master de la même université, pour se spécialiser en génie mécanique. Il raconte : «Ma mère est venue du Maroc pour assister à ma soutenance. Ces moments sont gravés dans ma mémoire. Ils sont précieusement inoubliables.»

Une intégration dans le monde académique professionnel

Durant cette période, Karim a commencé à penser à se réinstaller au Maroc, pour y commencer sa vie professionnelle. Mais son défunt père a insisté pour qu’en plus de terminer ses études, il obtienne une maîtrise en traduction et en linguistique.

«La troisième année spécialisation en mécanique n’était pas disponible à Zaporizhya. Plutôt que de vivre dans une autre ville en Ukraine, j’ai décidé de changer de parcours académique. A l’Université nationale de Zaporizhya, j’ai ainsi suivi un programme doctoral en philosophie et sociologie. Mon directeur de recherche était l’auteur de publications sur le monde arabe.»

Karim Kassab

Karim Kassab consacre sa thèse à la pensée arabe. «Au cours de cette période, j’ai écrit de nombreux articles sur le Maroc et le Sahara marocain. J’ai défendu la cause nationale également dans les journaux ou à la télévision. Dans le milieu universitaire, nous avons eu de l’impact. J’ai également participé avec l’ambassade du Maroc à des forums pour défendre notre cause nationale», se souvient-il.

Après son doctorat en philosophie de l’Histoire et en philosophie de la sociologie, le chercheur a débuté sa carrière comme professeur assistant, au département de philosophie de la même université. Il se souvient avoir été le premier étudiant marocain de cet établissement. Son université compte 12 facultés, en plus d’un institut d’ingénierie.

Karim Kassab est rapidement promu au rang de professeur. Un an avant l’intervention militaire de la Russie en Ukraine, il a été nommé par l’université à la tête du département des études, de la formation des étudiants et du personnel étrangers.

Par ailleurs, il a participé à de nombreux séminaires dans de plusieurs pays, en plus de la publication de nombreux articles de recherche dans des revues scientifiques internationales à comité de lecture. Il est également titulaire de distinctions et de certifications, dont un prix du président ukrainien en 2010-2011, pour son travail de recherche sur «L’interaction de la concurrence et du partenariat comme principe du développement social mondial, dans le contexte des questions de sécurité nationale».

Après la guerre avec la Russie

La ville de Zaporizhya n’est qu’à environ 30 kilomètres du front de guerre russo-ukrainien. Lors de l’entretien de Karim Kassab avec notre rédaction, des sirènes ont retenti de son côté pour avertir de bombardements russes. Cette alerte fait désormais partie du quotidien des habitants, nous a-t-il déclaré.

Dans ce sens, Karim Kassab a souligné que depuis le début de la guerre, la situation depuis la situation était devenue très difficile. En plus de la flambée continue des prix, tous les riverains sont égaux face aux mêmes difficultés de déplacements. Pour cause, il est devenu quasiment impossible pour tout détenteur de la nationalité ukrainienne de quitter le territoire, sauf quelques exceptions.

«Je ne suis plus revenu au Maroc, depuis 2014. Lorsque j’ai enfin prévu de voyager, la crise sanitaire nous a touché, comme partout ailleurs. Après cela, la guerre est survenue et les mesures actuelles ne m’ont pas permis de me déplacer. L’ambassade est fermée. Notre rêve est devenu de revoir la mère patrie.»

Karim Kassab

Le chercheur conclut que son plus grand espoir est, actuellement, «la fin de cette guerre qui a bouleversé la situation, ainsi que la réouverture des frontières».

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