Menu

Grand Angle

Diaspo #317 : Rachid Bendriss dynamise la formation d’une génération de médecins au Qatar

Natif d’El Jadida, le professeur et vice-doyen pour les programmes de recrutement et de fondations destinés aux étudiants à l’université de Cornell au Qatar, Rachid Bendriss supervise un programme de base, grâce auquel une seconde chance est possible pour celles et ceux n’ayant pas pu accéder aux études de médecine.

Publié
DR
Temps de lecture: 4'

Né à El Jadida, avec un sentiment d’appartenance fidèle à Tétouan, d’où est originaire sa famille, Rachid Bendriss a passé son enfance et ses années d’école dans cette ville paisible au bord de l’océan Atlantique. Dans les années 1980, après ses études secondaires, il s’installe à Marrakech pour ses années d’université.

Spécialisé en anglais, il voit sa vie prendre un autre cours, à sa troisième année d’études, par une simple coïncidence. Après une sortie à Guéliz, au centre-ville de Marrakech avec son colocataire et ami d’université, Rachid décide de jeter un œil au centre américain. «C’est dommage que nous étudiions l’anglais et que nous ne soyons jamais venus ici», a-t-il dit à son ami.

Sur place, il est attiré par une annonce de travail à Disney et qui aura changé sa vie à jamais. Il postule et part aux Etats-Unis pour travailler au pavillon marocain de Disney World. «Mon père travaillait comme mécanicien, il ne gagnait presque rien. Disney a tout pris en charge, c’est comme ça que je suis parti aux Etats-Unis», a-t-il raconté à Yabiladi.

D’enseignant à cadre administratif d’université

Mais Rachid n’est pas reparti les mains vides. Un baccalauréat en poche, il fait son retour au campus un an plus tard, pour une maîtrise en linguistique appliquée à l’Université de Floride centrale (UCF) à Orlando.

A partir de là, sa carrière universitaire commence. Il exerce comme professeur assistant, puis comme membre du corps professoral, enseignant l’anglais comme deuxième langue pour les étudiants internationaux. Par ailleurs, il se lance dans le management. Approché par un directeur de l’UCF, il parvient ainsi à révéler son haut potentiel de cadre administrateur.

«Quand j’enseignais, j’étais membre du corps professoral et j’aimais mon activité. Une directrice m’a alors dit qu’elle voyait en moi ce potentiel et qu’elle avait d’ailleurs besoin d’un assistant», se souvient-il. «Elle m’a donc confié ce rôle, parallèlement à mes fonctions d’enseignant», explique-t-il.

Rachid Bendriss prend alors conscience de sa réelle vocation. Après son poste d’administrateur, il a poursuivi un doctorat en éducation en leadership pédagogique. Dans la même université, il est devenu spécialiste du développement professoral au Centre facultaire d’enseignement et d’apprentissage, promouvant l’internationalisation des programmes académiques.

«C’était un domaine très en vogue, à l’époque en 2004 et 2005. L’université voulait se lancer dans ce qu’on appelle l’internationalisation des cursus, c’est-à-dire que tous les professeurs devaient ajouter une composante internationale à leur cursus», nous déclare Rachid.

Après l’UCF, le professeur est parti pour l’établissement public Valencia College, toujours à Orlando. En 2010, pour des raisons familiales, il décide de quitter les Etats-Unis et commence à explorer les opportunités de travail au Moyen-Orient.

Après une série d’entretiens, de visites et de présentations, il part pour le Qatar, où il s’est vu proposer un poste à l’Université Cornell, l’une des huit prestigieuses universités américaines de l’Ivy League. «Cornell a un campus au Qatar, avec une école de médecine ouverte en 2002», a déclaré Rachid, qui a rejoint l’établissement en 2010.

Concevoir un programme de fondation réussi

En plus d’enseigner l’anglais comme deuxième langue aux étudiants en médecine à Cornell, Rachid Bendriss a eu l’opportunité de façonner sa passion d’aider les apprenants à s’épanouir, en concevant des programmes éducatifs à cet effet.

A la demande du doyen de l’université, le professeur a été chargé de trouver une solution à l’un des problèmes majeurs du campus : le manque d’étudiants locaux attirés par six ans d’études en médecine.

L’universitaire a ainsi eu pour mission de peaufiner un programme plutôt orienté vers les étudiants qataris à la faculté de médecine. «Comme vous le savez, la médecine est un diplôme difficile à obtenir», a-t-il expliqué. Il a ensuite été nommé en 2013 au poste de vice-doyen chargé du recrutement et de la sensibilisation des étudiants locaux, afin d’augmenter le nombre de postulants parmi eux.

Rachid s’est lancé dans cette mission, mettant en œuvre une vision globale déclinée en plusieurs programmes et stratégies à même d’établir des passerelles avec les lycées et le ministère qatari de l’Education et de l’Enseignement supérieur.

Assisté par une équipe de six membres, Rachid Bendriss a consolidé le programme de la Fondation pour inciter davantage de bacheliers à poursuivre des études de médecine. L’initiative consiste en un programme d’un an, qui accueille des locaux n’ayant pas réussi à accéder au diplôme de médecine de six ans. Il les prépare au diplôme primaire et leur donne une seconde chance d’étudier dans ce domaine.

«Une fois que les étudiants postulent pour devenir médecins, le bureau des admissions examine les candidatures. Les candidats qui ne remplissent pas les conditions requises sont informés du programme de Fondation, qui les préparera au cursus de six ans», a déclaré Rachid. Dans 99% des cas, les étudiants sont pris. «Une fois admis, ils doivent répondre à certains critères du programme avancé de six ans», a-t-il souligné.

Le programme a permis à Cornell d’augmenter le nombre d’étudiants en médecine qataris de 13% en 2013 à 44% aujourd’hui.

«Je n’ai pas créé le programme en lui-même. Il existait déjà, mais je l’ai renforcé. Auparavant, il ne pouvait accueillir que 12 à 14 étudiants, dont six seulement étaient des ressortissants du Qatar. Depuis que je suis arrivé, j’ai augmenté sa capacité au maximum, pour accueillir 23 étudiants, tous du Qatar.»

Rachid Bendriss

Contrairement à tout autre programme de la Fondation, celui conçu par Rachid est préparatoire avec un cursus orienté vers la médecine. «Au cours de ce cursus d’un an, les étudiants apprennent les sciences fondamentales, la biologie, la chimie, l’anglais pour la communication académique que j’enseigne, ainsi que la biostatistique pour les sciences biologiques, puis la santé mondiale et publique», a-t-il expliqué à Yabiladi.

Grâce à sa vision et à sa persévérance, Rachid Bendriss aura mis en place un programme tellement prisé par les étudiants que de nouveaux candidats demandent à y affluer en masse. Un exploit qui rend le natif d’El Jadida très fier. «J’aime mon métier. Je n’ai pas l’impression de travailler. Je forme les futurs dirigeants, les médecins de demain», a-t-il conclu.

Rachid espère qu’un jour, un programme similaire pourra être mis en œuvre au Maroc, pour aider des centaines d’étudiants à acquérir les qualifications requises pour être admis dans les écoles de leurs rêves.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com