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Grand Angle

Sahara : Les indiscrétions de la rencontre entre De Mistura et les anciens du Polisario

A Laayoune, Staffan de Mistura a rencontré d’anciens cadres du Polisario ayant regagné le Maroc. Une évolution dans l’approche du royaume sur le dossier du Sahara. Explications.

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Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara. / DR
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Staffan de Mistura s’est réuni avec d’anciens membres du Polisario, ce mercredi 6 septembre à Laayoune. «C’est la première fois qu’un envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara rencontre un groupe composé uniquement d’ex-membres du Front Polisario et des victimes d’exactions commises par le Polisario dans les camps de Tindouf», se félicite, dans des déclarations à Yabiladi, Bahi Larbi Ennass, ex-haut officier de l’armée du Polisario de 1982 à 1992.

«La rencontre a duré deux heures. De Mistura a écouté avec un grand intérêt les témoignages des participants, notamment des victimes dont certaines ont passé plusieurs années dans les prisons du Polisario et portent encore sur leurs corps les stigmates des séances de torture. Au terme de la réunion, De Mistura a reconnu qu’il a été "profondément touché"», rapporte Larbi Ennass.

Les anciens militaires et cadres civils ont présenté à l’envoyé personnel d’Antonio Guterres les indicateurs attestant de la «faillite du système du Polisario», pointant l’absence d’une opposition dans les camps de Tindouf et les détournements des aides humanitaires destinées à la population sahraouie. 

Une évolution nécessaire

Inscrire dans le programme de la visite de Staffan de Mistura à Laayoune une réunion avec d’anciens membres du Polisario, constitue une évolution dans l’approche du Maroc sur ce dossier. Pour rappel, le royaume avait, pour la première fois, intégré des élus sahraouis dans l’équipe qui prenait part aux processus politique mené par les Nations unies.

En effet, le président de la région Laayoune-Sakia El Hamra, Hamdi Ould Errachid et le président de la région Dakhla-Oued Eddahab, Ynja El Khattat, étaient invités à participer à la Table ronde de Genève en décembre 2018, aux côtés du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et le directeur général de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), Mohamed Yassine Mansouri. Les deux présidents avaient également été conviés à la deuxième édition de la Table ronde de Genève en mars 2019.

Le royaume a commencé à jouer activement la carte des représentants sahraouis suite à l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en décembre 2016, recommandant à l’UE d’exclure le territoire du Sahara occidental de tout projet d’accord avec Rabat. Une stratégie constatée aussi bien lors des deux rounds des Tables ronde de Genève qu'à l'occasion des négociations ayant permis de contourner le verdict de la CJUE et d'intégrer les produits originaires de la province dans les accords agricole et pêche avec l'Union européenne.

Par le passé, le royaume avait intégré, mais à titre individuel, des personnes ayant rompu avec le Polisario au sein des délégations qui rencontraient des émissaires des Nations unies lors de leurs visites à Laayoune et Dakhla ou participaient aux sessions de la 4e Commission de l’ONU chargé des questions politiques et du Conseil des Droits de l’Homme à Genève.

Pour mémoire, c’est en 1989 que le roi Hassan II avait déclaré dans un discours que «la patrie est clémente et miséricordieuse». Un message adressé aux cadres du Polisario visant à les convaincre de regagner le Maroc.

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