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Grand Angle

Football : Avant le Maroc à la CAF, l’Algérie bloque le Polisario à la CONIFA

En Algérie, les médias ont porté récemment leur intérêt sur la création d’une soi-disant «sélection nationale» du Polisario, ainsi que le rôle supposé de cette dernière dans la mobilisation autour de «la cause sahraouie». Mais l’équipe reste juste une bulle médiatique, qui ne participe à aucune compétition officielle. Alger lui a souvent dicté quand se présenter ou non aux tournois de la CONIFA.

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Il y a quelques jours, le Front Polisario a annoncé depuis Alger la création d’une «équipe nationale sahraouie de football». L’Algérie a célébré l’initiative en grande pompe, en organisant un match amical face au MC Alger, au stade Nelson Mandela de la capitale. A rebours de la propagande de l’Algérie autour du match, ainsi que l’annonce de l’accès gratuit aux gradins et la transmission de la rencontre par les chaînes officielles, le rendez-vous a été très peu suivi.

Hier, le président du Conseil de la nation algérienne, Saleh Goudjil, a reçu le Polisario. Dans un discours, le deuxième homme dans la hiérarchie du pouvoir en Algérie a félicité le front séparatiste pour la naissance de son «équipe». Les médias algériens et ceux affiliés au mouvement séparatiste ont tenté de dépeindre l’annonce de la création comme un tournant historique dans le cours du différend du Sahara occidental. Toujours est-il que cette «formation» a déjà fait quelques apparitions, depuis les années 1980. Elle a notamment disputé des matchs contre des clubs algériens, ainsi que certaines sélections de pays connus précédemment pour leur soutien au Polisario, comme le Venezuela et Cuba.

Tout en annonçant la naissance de cette «équipe nationale», le représentant du Polisario en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, a qualifié cette initiative d’«ouverture vers une nouvelle ère pour le sport sahraoui en général, avec un rayonnement mondial», à travers des participations aux compétitions internationales. Il a même soutenu que l’équipe devrait être membre de la Confédération des associations de football indépendantes (CONIFA), voire de participer, «comme les autres pays africains, aux matchs internationaux, même en dehors du continent».

Abdelkader Taleb Omar s’est laissé rêver d’«obtenir la reconnaissance d’organismes internationaux, tels que la FIFA et autres, afin que les clubs sahraouis puissent participer à diverses compétitions internationales». En Algérie, des sources médiatiques ont rapporté que le Polisario adresserait même «une demande officielle à la Confédération africaine de football (CAF), afin qu’elle approuve officiellement la Fédération sahraouie de football».

Une bulle de savon

Par le passé, le Maroc a déjà bloqué l’adhésion du Polisario pour rejoindre la CAF. En mars 2021, le royaume a réussi à faire amender la loi fondamentale de l’instance, en prévoyant que cette dernière est ouverte aux «fédérations nationales africaines en tant que représentants officiels qui gèrent le football, dans un pays reconnu comme Etat indépendant et membre des Nations unies».

Cette disposition coupe l’herbe sous les pieds du Polisario, étant donné que ni la CAF, ni les Nations unies ne reconnaissent un Etat mené par le Front. Pour sa part, l’Algérie à travers le représentant de la Fédération algérienne de football (FAF) a tenté de faire reculer les membres de la CAF sur l’adoption de cet amendement, mais en vain.

En avril 2021, le mouvement séparatiste a déjà écrit à la CAF, arguant que cet amendement le visait de «manière discriminatoire», pointant un «complot ourdi» de la part du Maroc. Par la même occasion, le Front a appelé la CAF «à prendre l’initiative de rectifier cette erreur fatale et remettre les choses à l’ordre».

Le Polisario est membre de la Confédération des associations de football indépendantes (CONIFA), au même titre que certaines minorités, des apatrides et des régions dont les instances ne sont pas adhérentes à la FIFA. Le Maroc a barré la route à l’«équipe nationale» du Polisario pour rejoindre la CAF, mais l’Algérie empêche aussi le front de participer aux compétitions organisées par la CONIFA, au sein de laquelle la Kabylie est représentée.

En conséquence, l’«équipe nationale» du Front s’est trouvée contrainte de déclarer forfait pour la finale de la Coupe du monde organisée par la CONIFA, en Macédoine du Nord en 2020, où elle allait rencontrer l’«équipe nationale» de Kabylie. Coincé par le parrain algérien, le mouvement séparatiste a attribué son retrait à des «raisons logistiques», se voyant ainsi remplacé par le Kurdistan.

Dès lors, «l’aura» qui a été donnée à «l’équipe nationale» du Front Polisario en Algérie se limite à la bulle médiatique, laissant l’«équipe nationale» sur le banc de touche de toutes les compétitions. Pour l’heure, elle se contente en effet de rencontres avec les clubs algériens durant leurs matchs préparatoires.

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