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Grand Angle

La France d’Emmanuel Macron est-elle en train de perdre le Maroc et l’Algérie ?

La France du président Emmanuel Macron est-elle en train de perdre le Maroc et l’Algérie ? Une fois n’est pas coutume, les deux pays jouent la même partition. Ils accusent des parties au sein de l’Etat français d’envenimer leurs relations avec Paris.

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Emmanuel Macron reçu pas Abdelmadjid Tebboune à Alger, le 25 août 2022 / Ph. Ludovic Marin - AFP
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La France est en crise ouverte avec ses deux principaux partenaires maghrébins : le Maroc et l’Algérie. Les deux pays n’ont plus d’ambassadeurs à Paris. Rabat a mis officiellement fin, le 19 janvier, aux fonctions de Mohamed Benchaaboun en sa qualité d’ambassadeur du royaume en France.

Comme les décisions ne sont pas le fruit du hasard, en diplomatie, ce jour a coïncidé avec l’adoption d’une résolution du Parlement européen, appelant à la libération des journalistes détenus au Maroc. Deux semaines plus tard, Lahcen Haddad, président de la Commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne (UE), avait accusé un proche du président français d’être l’artisan de la résolution.

Pour rappel, le conseiller parlementaire et ancien ministre du Tourisme, sous le gouvernement Benkirane I, avait cité nommément l’eurodéputé Stéphane Sejourné, président du groupe Renwe Europe depuis 2021, d’avoir joué un rôle déterminant dans la condamnation du Maroc par l’hémicycle européen.

Fin de la lune de miel avec l’Algérie ?

La tension entre la France et le Maroc relève du secret de polichinelle. Le royaume attend toujours une reconnaissance par l'Etat français de la marocanité du Sahara. «Il y a des grandes évolutions dans la reconnaissance, par les grandes puissances, de la souveraineté du Maroc sur nos provinces du Sud. Paris ne doit pas simplement être un observateur», avait souligné le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, dans une interview accordée à un média français.

En revanche, les relations franco-algériennes vivaient avant l’exfiltration de l’opposante Amira Bouraoui une lune de miel. La visite effectuée, fin août à Alger, par le président Macron avait, alors scellé les retrouvailles entre les deux pays. Depuis, les contacts téléphoniques entre les deux chefs d’Etats étaient fréquents. C’est dans ce contexte d'entente que s’inscrit le projet de la visite de Abdelmadjid Tebboune, prévue en mai prochain, à Paris. D’ailleurs, une délégation française conduite par la secrétaire générale du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Marie Descôtes, s’est déplacée, le 25 janvier à Alger, pour préparer ce sommet franco-algérien.

Le général Said Chengriha, chef des armées algériennes, a tenu à apporter sa contribution dans la nouvelle page dans les relations franco-algériennes. Il s’est envolé, le 23 janvier à Paris, dans le cadre d’un voyage de quatre jours, pour officiellement «préparer la visite» de Tebboune en France, marqué notamment par une réunion, à l’abri des caméras et des médias, avec le président français.

Au lendemain du retour de Chengriha à Alger, le président Tebboune téléphone à son homologue russe Vladimir Poutine. A cette occasion, il a relancé le projet de son déplacement à Moscou, initialement prévu en décembre dernier. «Nous espérons que la visite aura lieu avant la fin de l’année (2022)», avait déclaré, en novembre, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, dans des déclarations à l’agence de presse russe Sputnik.

Rabat et Alger pointent «une partie de l’Etat profond en France»

L’Algérie a répondu à l’exfiltration de l’opposante Amira Bouraoui par la décision du président Tebboune de rappeler pour consultations son ambassadeur à Paris. L’agence APS a ensuite pris le relais pour souligner qu’«au niveau de la DGSE française, il y a une feuille de route pour mettre à mal la relation algéro-française. Cette feuille de route, qui est exécutée par les barbouzes, les "khabardji" et certains responsables au niveau de la DGSE, du quai d'Orsay et certains conseillers franco-algériens qui ne cachent pas leur amour et leur vénération pour le makhzen».

Ces accusations ne sont pas sans rappeler celles proférées, le 31 janvier, par Lahcen Haddad, président de la Commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne (UE). «Une partie de l’Etat profond en France, incommodée par les victoires sécuritaires et diplomatiques réalisées par le Maroc, a instrumentalisé la crise de corruption au Parlement européen pour actionner les libéraux français et faire adopter cette résolution» adoptée le 19 janvier par la plénière du Parlement européen, a-t-il indiqué.

La France du président Macron n’est pas uniquement en crise ouverte avec le Maroc et l’Algérie, ses relations avec certaines de ses anciennes colonies en Afrique de l'Ouest, notamment au Mali, Burkina Faso et en République centrafricaine, sont même pires.

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