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Grand Angle

La Maison de la diaspora marocaine, une nouvelle dynamique fédératrice des MRE

La Maison de la diaspora marocaine a été officiellement lancée, mardi 31 janvier à Casablanca, avec le soutien du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Présidée par Jamal Belahrach, cette ONG installée dans la métropole ambitionne de donner un nouvel élan pour les Marocains du monde actifs dans divers domaines.

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Photo d'illustration / DR.
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Afin de converger les efforts de tout Marocain du monde désireux de se rendre utile à la mère patrie, selon ses capacités, ses compétences et la nature de son apport dans un domaine ou dans l’autre, la Maison de la diaspora a désormais vu le jour, sous forme d’association se voulant fédératrice. Le lancement officiel de cette initiative a été annoncé, mardi 31 janvier à Casablanca, lors d’un événement avec l’appui du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Son président, Jamal Belahrach, voit finalement l’aboutissement d’un projet pensé depuis 2006, avec un groupe de MRE de différents horizons.

La Maison de la diaspora marocaine s’appuie sur quatre objectifs principaux, à savoir «accueillir les investisseurs issus de la diaspora en leur proposant de les orienter, créer un réseau mondial de tous les talents marocains en fonction de leurs spécialités, promouvoir la dynamique nouvelle que connaît le Maroc et élaborer un plaidoyer», a déclaré Jamal Belahrach à Yabiladi, dans le cadre de la cérémonie d’ouverture de l’événement. Le projet est parti d’un constat et d’un questionnement sur «comment éviter la rupture de confiance entre la diaspora et le Maroc».

Construire ensemble et en interaction

A travers une structure physique, l’association aspire à l’accueil des Marocains du monde, avec l’idée de contribuer au développement socio-culturel et économique dans le pays. Il s’agira ainsi de «faire en sorte que le pays soit une nation cohérente à travers sa diversité», a déclaré le président.

Concernant la dimension culturelle de la Maison de la diaspora, Jamal Belahrach a affirmé qu’une commission de la culture est créée, pour s’intéresser à ces diasporas dans leur diversité. «A travers des événements d’échange, de débat, des expositions, des livres, nous essayerons aussi de fédérer les acteurs culturels qui œuvrent pour être en contact permanent de part et d’autre», a-t-il souligné.

Membre de la Maison de la diaspora du Maroc, Maya Mazroui, directrice associée d’un cabinet de recrutement et de transformation digitale, confie à Yabiladi avoir adhéré à ce projet après s’être installée au Maroc, en 2013. «Je suis Franco-marocaine. En venant ici, j’aurais pu tout donner pour avoir une maison de la diaspora. Depuis, j’ai fait mon petit bout de chemin et aujourd’hui, en tant que chasseuse de tête, je suis confrontée auprès de DRH et de DG qui ont besoin de complémentarité dans les compétences, même si ces dernières sont déjà très riches au Maroc. A ce titre, je pense que la diaspora est un excellent vivier que l’on peut attirer», a-t-elle déclaré, tout en préconisant un processus d’échange et de renforcement des compétences, dans une démarche de co-construction.

Maya Mazroui considère, cependant, que la problématique est que nombre de membres de la diaspora marocaine «ne réalisent pas concrètement ce qu’est devenu le Maroc». «Je pense que le rôle de la Maison de la diaspora est de promouvoir le pays et son développement. Notre royaume n’a pas attendu ses MRE pour avancer, mais ces derniers seraient un atout de taille. L’idée est donc de permettre à ces personnes, qui ne savent pas par quoi commencer lorsqu’elles s’installent ici, de les accompagner dans un atterrissage en douceur».

Capitaliser sur la richesse culturelle, d’hier à aujourd’hui

Réagissant spécifiquement sur la dimension culturelle, dans le cadre d’un échange qui ne se ferait pas dans un sens unique, le président du CCME, Driss El Yazami, a déclaré à Yabiladi que la culture marocaine et surtout depuis le XXe siècle s’était enrichie, notamment avec des artistes et des créateurs marocains du monde. Ce contexte historique gagnerait à avoir toute sa place dans la construction des actions à mener auprès des MRE. «Le domaine où on l’observe de manière évidente est la musique. Les générations des musiciens marocains, depuis les années 1930 ont vécu en Europe, en France et notamment à Paris, où ils ont côtoyé les autres musiciens du Maghreb et du Moyen-Orient, à un moment où cette ville était une matrice de rencontres entre les chanteurs marocains et ceux des autres pays de la région. Des compositions musicales et des paroles ont vu le jour ainsi et des orchestres ont joué ensemble», a-t-il rappelé.

Dans la littérature, cet aspect est également saillant, avec l’apparition du roman «Les Boucs» de Driss Chraïbi depuis 1955, ainsi que les publication d’une génération d’auteurs marocains qui ont écrit en français. Driss El Yazami cite notamment Mohamed Leftah, Mohammed Khaïr-Eddine, Abdellatif Laâbi, Tahar Ben Jelloun. Désormais et dans la littérature contemporaine, «nous avons des auteurs marocains qui écrivent dans toutes les langues du monde», par le fait de leur mobilité, entre autres. «Un des enjeux, me semble-t-il, est de savoir comment faire parvenir au Maroc et aux lecteurs marocains, arabophones notamment, par la traduction, cette littérature», a ajouté le président du CCME.

Aujourd’hui, les créateurs de la diaspora marocaine ont empreint aussi les œuvres de cinéma, des arts plastiques, des arts de scène et visuels. Afin de promouvoir l’action de la Maison de la diaspora en tant que catalyseur de ces expressions artistiques d’ici et d’ailleurs, il sera ainsi pertinent d’envisager une approche pour suivre cette dynamique. Le défi sera, selon Driss El Yazami, de «faire parvenir, au sein des communauté d’ailleurs, les cultures marocaines d’ici et notamment contemporaines, et faire venir au Maroc la créativité de l’émigration, tout en tenant compte de la mondialisation des MRE, dans un effort d’ouverture».

«D’une certaine manière, nous avons besoin, y compris le CCME, d’une capacité de communication interculturelle. D’une certaine manière, consciemment ou inconsciemment, nous avons été jusqu’ici dans un dialogue principalement franco-marocain. Il faut le continuer, mais l’élargir, dans une approche d’adaptation, car il n’est pas uniquement ici question de la diversité linguistique. C’est une diversité culturelle, politique et historique», estime encore Driss El Yazami.

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