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Grand Angle

Pedro Sanchez est le bienvenu en Algérie à condition de réviser sa position sur le Sahara

Pedro Sanchez est le bienvenu en Algérie à condition de réviser sa position sur le Sahara. C’est le message adressé par Alger au chef du gouvernement espagnol, même si des signes attestent d’une normalisation sur le dossier du gaz.

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Le chef du gouvernement espagnol a manifesté sa volonté d’ouvrir une nouvelle page dans les relations avec l’Algérie, en s'y rendant prochainement, a-t-il indiqué mardi 30 août lors d’un point de presse animé conjointement avec son homologue allemand, Olaf Scholz, en réponse à une question sur ce sujet.

Alger n’a pas trop attendu pour signifier au chef de l’exécutif qu’il est le bienvenu mais sous certaines conditions. «Pour que la visite ait lieu, Sanchez doit s'engager à faire une déclaration claire, sans équivoque et irréversible de la position de l'Espagne sur la question du Sahara occidental», a répliqué sous couvert d’anonymat «un haut responsable algérien» dans des déclarations accordées au quotidien espagnol  El Confidencial.

«Cette clarification doit être conforme au droit international et respectueuse du statut du Sahara occidental en tant que territoire non autonome», a-t-il affirmé. «Pedro Sanchez doit préciser que l'Espagne respecte l'intégrité territoriale du Maroc à l'intérieur de ses frontières légalement reconnues. Sans cela, vous ne pourrez pas aller en Algérie», a lancé ce responsable algérien. Des conditions déjà évoquées publiquement, en mars dernier, par le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, Chakib Rachid Kaïd.

Exportations de gaz, une reprise fragile

Depuis l’annonce du soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d’autonomie au Sahara, exprimé dans une lettre adressée le 14 mars au roi Mohammed VI, les relations hispano-algériennes traversent une mauvaise passe. En réponse à cet alignement sur la position de Rabat, Alger a rappelé pour consultation son ambassadeur à Madrid, suspendu son traité d’amitié, signé en novembre 2002, et gelé toutes les relations commerciales avec son voisin du nord.

Néanmoins, l’Algérie a épargné ses exportations de gaz, via l’oléoduc Medgaz, qui relie directement les deux pays, de cette batterie de «sanctions» à l’encontre de l’Espagne. Après une chute de ses livraisons constatées, depuis la fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe (GME), les importations depuis l'Algérie ont renoué avec les volumes enregistrés avant le 31 octobre 2021, pour se situer vers la mi-août presque au même niveau que les Etats-Unis. Pour rappel, la Russie avait même dépassé en juin 2022 l’Algérie sur le marché gazier espagnol.

Les médias ibériques font le lien entre cette soudaine reprise et la visite secrète d'une délégation espagnole à Alger, effectuée le 12 août à bord d’un avion de la présidence du gouvernement. Un déplacement que le palais de la Moncloa n’a ni infirmé ni confirmé aux médias locaux. Cinq jours après cette visite, l’Espagne a reçu d’Alger 304 GWh de gaz contre 292 GWh qui arrivaient depuis le 1er août.

Cette fragile embellie reste, toutefois, tributaire des aléas politiques. En Algérie, les déclarations du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, confirmant la position de l’Espagne sur la question du Sahara occidental, ne passent pas. Il est reproché au chef de la diplomatie d’avoir précisé, la semaine dernière sur la Radio Cadena Ser, que son pays restera fidèle à la déclaration de Rabat du 7 avril. Pour rappel, la partie espagnole considère  «l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend.»

Les pressions sur Madrid n'ont pas tardé. Ce jeudi, des médias algériens accusent l’Espagne de bloquer les négociations en vue d’une réévaluation à la hausse des prix du gaz. Des informations publiées alors que le gouvernement espagnol, par la voix de sa 3e vice-présidente et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, et par le PDG du groupe gazier Naturgy, Francisco Reynés, avaient accepté, en avril denier, de payer plus cher le gaz algérien.

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