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Grand Angle

Maroc : Crowdfunding et financement collaboratif au Maroc

Le laboratoire d’innovation et de finance collaborative Happy Smala et l’ESSEC Afrique ont dévoilé, ce mercredi, la deuxième édition du Baromètre du financement collaboratif (crowdfunding) au Maroc. Doucement mais sûrement, la structuration et la réglementation de la dynamique prennent forme, ce qui laisse entrevoir des perspectives positives en termes d’impact.

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Les étudiants de l’ESSEC Afrique ont été associés aux spécialistes du laboratoire d’innovation et de finance collaborative, Happy Smala, pour la réalisation d’un document de référence qu’est le deuxième Baromètre du financement collaboratif au Maroc. Celui-ci permet de mieux connaître l’état des lieux de l’utilisation du crowdfunding par les entreprises marocaines, sur la période entre janvier 2019 et juin 2021. La seconde édition a répertorié 13 plateformes locales et internationales, pour 171 projets marocains ayant bénéficié de soutien collaboratif via Internet. Au total, plus de 3,7 millions de dirhams ont été levés.

Lors d’une présentation, ce mercredi à Rabat, Happy Smala a fait savoir que «60% des projets financés sont portés par des particuliers, 27% par des associations, tandis que 10% sont portés par des entreprises et 2% par des entités publiques». Quant à l’impact des projets financés, «40% du montant total récolté a servi à financer des projets sociaux, 22% à lancer des activités économiques et 10% à soutenir des projets éducatifs».

Pour les auteurs, cette publication «s’inscrit dans la continuité des efforts des différents acteurs publics et privés de l’inclusion financière au Maroc depuis plusieurs années». «L’adoption du décret d’application de la loi 15.18 relative au financement collaboratif en mai 2022 par le Conseil du gouvernement et la publication par Bank Al Maghrib de plusieurs textes réglementaires en juin dernier viennent compléter le dispositif prévu pour encadrer ce mode de financement au Maroc», a souligné un communiqué.

La diaspora africaine, pivot du crowdfunding au niveau local

En Afrique particulièrement, les dynamiques de crowdfunding font l’objet d’études de près, pour en savoir plus sur l’émergence, l’implantation et la place de ces formes de financement dans les différentes économies, a indiqué lors de cette présentation Salaheddine Moutacharif, directeur du centre d’innovation et d’entreprenariat In-Lab Africa de l’ESSEC Afrique. L’Afrique du Sud se positionne comme un leader, qui rassemble à lui seul 80% des utilisations de plateformes de crowdfunding dans le continent. Dans le pays, 65% des contributeurs sont issus de la diaspora.

Le responsable a souligné, en effet, le rôle des diasporas africaines dans leurs contributions au soutien de projets locaux. Au niveau du Maroc, l’impact est d’une grande importance. Il s’illustre majoritairement par l’aide familiale directe et l’achat immobilier, ainsi qu’une contribution grandissante des Marocains du monde aux campagnes en ligne. Toujours est-il que les transferts restent peu dirigés dans ce sens-là, en comparaison avec les dynamiques dans d’autres pays pionniers de la région.

Ph. Happy SmalaPh. Happy Smala

Sachant que les opérations monétaires des Marocains résidant à l’étranger enregistrent des records, notamment en 2021 avec 93 milliards de dirhams (MMDH), Salaheddine Moutacharif déclare à Yabiladi qu’il serait nécessaire de rediriger de plus en plus ces transferts vers les circuits de crowdfunding, pour le soutien de projets sociétaux et d’autonomisation économique.

«Nous sommes l’un des pays les plus chanceux avec une diaspora très solidaire avec le Maroc. Le crowdfunding est une possibilité pour réorienter ces fonds, avec une meilleure traçabilité, des outils de mesure d’impact et d’évolution de l’efficacité des fonds investis. C’est une opportunité d’investissement ciblée et durable, où l’on peut s’inspirer des pratiques en Afrique.»

Salaheddine Moutacharif

Pour le directeur du centre d’innovation et d’entreprenariat In-Lab Africa de l’ESSEC Afrique, «l’essentiel est de penser à des modèles pour pouvoir attirer nos Marocains du monde vers le crowdfunding, au lieu des options habituelles du transfert d’argent, ce qui permettra notamment de diminuer la facture de ces opérations».

Mieux informer sur la législation pour développer les contributions

Président-directeur général de Happy Smala, Eric Asmar a déclaré à Yabiladi que «les investisseurs marocains, au Maroc et à l’étranger, expriment encore des questions de transparence et de confiance en les partenaires, mais ils ont une réelle volonté d’investir dans des projets au pays d’origine, s’ils sont mieux informés sur les modalités de suivi». «Les plateformes de crowdfunding répondent en partie à cela, grâce à un filtrage en amont et beaucoup plus de transparence quant à la nature des projets en demande de financement», a-t-il souligné. Et d’ajouter qu’en toutes circonstances, «une partie des transferts des Marocains du monde est forcément distribuée dans une logique de soutien à l’investissement au sein des familles».

Salaheddine Moutacharif considère que «pour contribuer à la redirection de ces transferts vers des opérations de crowdfunding, il est essentiel de communiquer sur cette réglementation qui vient d’évoluer, informer que l’alternative existe, avec des exemples afro-africains qui peuvent inspirer des méthodologies d’attractivité et faire bénéficier les Marocains du monde de la contribution au crowdfunding, avec un retour sur investissement». Pour Eric Asmar, «la réglementation et le marché de crowdfunding se développent tous les deux, avec un cadre normatif qui crée le terrain de jeu afin que les plateformes puissent opérer».

L’impact direct sur la trésorerie des TPME ou des startups bénéficiaires ne peut être mesuré, par ailleurs, que sur des années de développement du marché de cette forme de financement. Eric Asmar rappelle qu’«il est essentiel de tirer d’autres exemples à travers le monde, avec une vue d’ensemble sur le fonctionnement du crowdfunding». Il souligne que ce système «contribue à stabiliser en partie le fonctionnement des projets bénéficiaires, mais en complément d’une offre de financement déjà disponible».

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