Le procès intenté pour diffamation par le prince Moulay Hicham, cousin de l’actuel roi Mohamed VI, contre le député socialiste USFP, Abdelhadi Khairat, dérange. A peine commencé, il est déjà repoussé, rapporte E-Marrakech. La première audience a eu lieu, ce matin, lundi 17 septembre, au tribunal de 1ere instance de Casablanca, à Aïn Sebaa, pour déboucher sur le report de l’ouverture du procès au 1er octobre, pour vices de forme. Le juge, en fin d’audience, a affirmé qu’un arrangement à l’amiable serait la meilleure des solutions.
A l’origine, il y a les propos qu’aurait tenus Abdelhadi Khairat lors d’un meeting politique, le jeudi 2 août 2012 à Béni Mellal. Il aurait accusé le prince d’avoir détourné un prêt contracté auprès de la banque CIH de quatre milliards de dirhams. «Il se disait prince rouge, avocat de la démocratie au Maroc, au même moment où il détournait vers l’étranger des milliards», aurait affirmé Abdelhadi Khairat qui exerce également la fonction de directeur de publication des deux quotidiens de l’USFP, Ittihad Ichtiraki et Libération.
Le fameux prince rouge, Moulay Hicham, avait immédiatement porté plainte pour diffamation. «Je me vois obliger de me défendre, car celui qui m’accuse est un élu de la nation. Vis-à-vis de mes concitoyens et des institutions internationales où je travaille, je me dois de blanchir ma personne», avait réagi Moulay Hicham.
Scène pitoyable
Cet affrontement débouche aujourd’hui sur un procès dont la justice marocaine, l’USFP et la famille royale se seraient bien passées. La première audience, telle qu’elle est racontée par E-marrakech, a même donné lieu à une scène assez pitoyable. En début d’audience, Moulay Hicham est installé à côté de Abdelhadi Khairat lorsque son avocat, Aberrahim Berrada, demande à ce que le prince se place ailleurs puisque qu’il n’a rien à faire, selon M. Berrada, sur le banc des accusés. Le juge accepte et Moulay Hicham vient s’asseoir à côté de son avocat. C’est alors au tour de l’avocat de Abdelhadi Khairat, Mohamed Tabih, de réclamer que le prince s’assoit ailleurs parce que ces bancs sont dédiés aux seuls avocats. Le prince a donc suivi l’audience debout.
Cette scène digne d’un vaudeville n’a pas soulagé le malaise qui entoure ce procès. En reportant l’ouverture du procès, pour la non-conformité de certains documents, le juge souhaite plus sûrement donner le temps aux deux parties pour s’entendre. Abdelhadi Khairat ne demande rien d’autre, mais le prince pourrait continuer à refuser puisqu’il a intenté ce procès «pour l’honneur». Il a déjà précisé qu’il veut seulement des excuses et une condamnation à un dirham symbolique. En début d’audience, il a précisé qu’il ne s’était accordé sur aucun arrangement avec la partie adverse. L’existence du procès et sa médiatisation constituent donc par eux-mêmes une victoire de Moulay Hicham. Il a toutefois déjà indiqué au juge qu'il ne pourrait se rendre à la prochaine audience, le 1er octobre. Il sera seulement représenté par ses avocats.