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Grand Angle

Sahara : Passe d’armes entre l'Algérie et le Maroc au Comité sur la décolonisation

Devant la réunion du Comité spécial sur la décolonisation de l’ONU, tenue lundi, le Maroc et l’Algérie ont échangé plusieurs accusations sur le dossier du Sahara occidental, avant que des élus, des associatifs et activistes des droits humains ne viennent défendre les positions de chaque partie.

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Photo d'illustration. / DR
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Le Comité spécial sur la décolonisation a tenu, lundi, une nouvelle réunion dans le cadre de sa session de 2022. Le comité onusien a ainsi approuvé deux projets de résolution relatifs, tout en reportant l'examen de son projet de résolution annuel sur la «diffusion d'informations sur la décolonisation». La réunion a connu l’examen de plusieurs questions, dont celle du Sahara occidental. La rencontre a surtout été marquée par un énième échange d’accusations entre le Maroc et l’Algérie sur ce dossier.

Ainsi, lors de son intervention, l’ambassadeur représentant de l’Algérie auprès de l’ONU a pointé «l'inertie dans la décolonisation de la dernière colonie d'Afrique», qui aurait «accru les tensions dans la région et provoqué un "sentiment de défaite" au sein du peuple sahraoui».

«Terrorisme intellectuel» et tentative de «bilatéraliser» le conflit

Mohamed Ennadir Larbaoui a insisté sur le «droit» de ce dernier à «l'autodétermination», dénonçant «le fait accompli colonial imposé aux Sahraouis avec l'aide de certaines parties extérieures». «Nous avons affaire à l'annexion d'un territoire et à l'hégémonie imposée à un peuple par la force», a-t-il ajouté.

La déclaration n’a pas été du goût de l’ambassadeur représentant du Maroc auprès de l’ONU. Prenant la parole, Omar Hilale a affirmé que «l'Algérie porte atteinte à l'intégrité territoriale» du Maroc, ajoutant que l'Algérie est la principale partie responsable de ce conflit. Il a aussi rappelé l’appel adressé par le Conseil de sécurité à l'Algérie pour participer à d'autres tables rondes et à coopérer avec l'Envoyé du secrétaire général, ajoutant que le refus d’Alger de participer aux tables rondes après les deux premières est une violation des normes internationales.

Comme à l’accoutumée, la passe d’armes s’est poursuivie lors de l’exercice du droit de réponse. Dans ce sens, le représentant de l'Algérie a reproché à Omar Hilale d’aborder un sujet «qui dépasse les questions à l'examen, au lieu d'avoir un débat responsable sur le sujet du jour». «Le représentant du Maroc agit comme si sa solution était la seule et qu'il ne pouvait y en avoir d'autre», a-t-il lancé, ajoutant qu'il s'agit d'une «négation claire des résolutions des Nations Unies ainsi que de la mission du Comité spécial».

Pour sa part, Omar Hilale a accusé l’Algérie de pratiquer du «terrorisme intellectuel» et de «déstabiliser» le Maghreb, tout en affirmant qu’elle n'est pas partie prenante et en décrivant Tindouf de «prisons à ciel ouvert» pour les Sahraouis des camps. Ce à quoi Mohamed Ennadir Larbaoui a rétorqué en accusant le royaume de mener une «stratégie» pour «bilatéraliser» le conflit du Sahara.

L’autodétermination vs. l’autonomie pour le Sahara

Lors de la même rencontre, le Front Polisario, à travers son représentant auprès de l’ONU, Sidi Mohamed Omar, a mis en avant «les graves violations des droits du peuple du Sahara occidental». Pour entériner sa thèse, le mouvement a fait appel à plusieurs représentants d’ONGs sahraouies et internationales, comme Fatimetu Bachir Jatri Emhamed ou encore Ahmed Mohamed Fall, du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'homme au Sahara occidental, qui a affirmé que le «peuple sahraoui» serait «victime de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre».

Le Maroc a, pour sa part, mobilisé ses élus au Sahara. Ghalla Bahiya, porte-parole du Conseil régional de Dakhla-Oued Ed-Dahab au Sahara Occidental, a ainsi noté la prise de conscience croissante au sein de la communauté internationale de l'initiative légitime d'autonomie du Maroc pour le Sahara Occidental, tandis que M'Hamed Abba, qui s’exprimait au nom du Conseil régional de Laâyoune-Sakia El Hamra, est revenu sur les élections récentes ayant «confirmé l'attachement» des Sahraouis au Maroc.

Touria Hmyene, de l'Association pour la liberté des femmes séquestrées dans les camps de Tindouf, a pointé pour sa part «la souffrance des habitants du camp» et «les disparitions forcées quotidiennes, les viols, la torture et d'autres violations graves des droits de l'homme» à Tindouf. Des violations évoquées également par Mohamed Ayad Saleck de l'organisation Khat Achahid.

Des ambassadeurs représentants de pays reconnaissant et soutenant la «RASD», comme le Venezuela et le Nicaragua ont également été appelé au renfort, tandis que d’autres, soutenant l’intégrité territoriale du Maroc, comme le Yémen et la Jordanie, ont défendu le plan d’autonomie proposé par le royaume.

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