Le Maroc et le Polisario avaient accepté l’option de l’autonomie en 1996. C’est ce que vient de confirmer, dans un entretien accordé au quotidien saoudien Achark Al Awsat, l’ancien chef de la Minurso, Erik Jensen (1993-1998). Le diplomate suédois assure que cet accord était le fruit d’une rencontre «secrète», comme l’avait exigé Rabat, tenue à Genève entre une délégation marocaine conduite par Driss Basri, ex-ministre de l’Intérieur et homme de confiance de Hassan II, et une autre du Polisario menée par Bachir Mustapha Sayed, le frère du fondateur du mouvement et qui avait officié pendant des années comme chef de la diplomatie avant sa mise à l’écart par Mohamed Abdelaziz.
Le Polisario à Rabat
Erik Jensen a rappelé qu’à Genève, le Polisario avait demandé que la prochaine réunion entre les deux parties se tienne au Maroc en présence du roi Hassan II et sans la participation de dissidents du Front qui avaient rallié le Maroc à cette époque, comme c'était le cas d'Omar Hadrami et Brahim Hakim. La requête du Polisario avait été acceptée, souligne Jensen, donnant lieu à la rencontre de Rabat en septembre 1996. La délégation marocaine était alors présidée par le prince héritier Sidi Mohammed alors que celle du Polisario était toujours menée par Bachir Mustapha Sayed.
Apparemment, la réunion de Rabat avait été fructueuse, en atteste le lancement de préparatifs pour une troisième rencontre. Elle n’a pas eu lieu suite à l’échec de l’Egyptien Boutros Ghali dans sa tentative de briguer un second mandat à la tête des Nations-Unies. La nouvelle avait chamboulé tous les plans d’Erik Jensen et avait mis un terme à l’option de l’autonomie. Une fois en place, Kofi Annan avait nommé James Baker au Sahara, l’autonomie reléguée au second plan. L’Américain avait remis en selle la solution du Plan cadre : le premier a été rejeté par le Polisario et le second par le Maroc.
Ces deux échecs ont précipité le départ de James Baker et l’arrivée de Peter Van Walsum. La médiation du diplomate néerlandais a été stoppée net, en 2008, par la décision du Polisario de lui retirer sa confiance. Le même scénario se répète avec Christopher Ross, en 2012, mais cette fois c’est le Maroc qui retire sa confiance. Pour le diplomate suédois, «la confiance des parties constitue, dans la gestion de ce dossier, l’usage, la règle et la condition sina qua non pour tout responsable onusien dont l’unique rôle est celui de facilitateur.
Le blocage fait le lit de l’intégrisme
L’ancien chef de la Minurso (1993-1998) a assuré que le conflit au Sahara doit être considéré dans «sa globalité» et non pas dans un cadre strictement bilatéral ne concernant que le Maroc et le Polisario soutenu par l’Algérie. Selon Jensen, «le printemps arabe» et «le terrorisme au Sahel» sont deux facteurs extrêmement importants à l’heure de la recherche d’une solution au problème du Sahara. Jensen a également averti des conséquences de la poursuite du blocage que connait ce dossier sur les jeunes des camps de Tindouf. Sans espoir en un avenir meilleur et des conditions de vie très difficiles, ils n’auront «d’autres alternatives que l’intégrisme».