Hamid Naïmi et Abdelwaffi Hartit présentent actuellement un programme télévisé en tamazight, diffusé par la chaine espagnole Popular TV Melilla. A travers leur émission, les deux journalistes marocains s’intéressent de plus près à des affaires de corruption et de détournement de fond, impliquant notamment des hauts responsables marocains de la région du Rif, a fait savoir, samedi 4 août, l’agence de presse espagnole EFE. Sauf que depuis le 6 juillet dernier, les deux hommes doivent faire face à des menaces de mort.
Les deux journalistes affirment, en effet, avoir reçu plusieurs appels téléphoniques intimidants, accompagnés de menaces d’enlèvements et de mort, indique la même source. Une situation qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de Reporters Sans Frontières (RSF) qui s’attache plus particulièrement au cas de Hamid Naimi. Le journaliste, qualifié de «figure d’opposition identifiée», vient de porter plainte contre X, auprès de la police espagnole. L’organisation craint, toutefois, que cela ne puisse servir à grand-chose.
RSF demande à l’Espagne de les protéger
Dans un communiqué, diffusé vendredi 3 août, Reporters Sans Frontières a fait part de «sa vive préoccupation au sujet de la sécurité de Hamid Naïmi, journaliste marocain réfugié en France depuis 2005». Ce dernier «est aujourd’hui menacé en raison de son activité professionnelle dans l’enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc», déplore RSF.
«Sachant qu’il est sur le territoire espagnol, nous appelons les autorités locales à Melilla et le gouvernement de Mariano Rajoy à prendre les mesures nécessaires pour protéger ce journaliste. Hamid Naïmi subit une campagne de harcèlement quasi quotidienne et reçoit des menaces de mort alors que son seul tort, est de tenir à sa liberté d’expression», souligne le communiqué.
Pour RSF, les inquiétudes de Hamid sont parfaitement justifiées. «Le sort réservé par Rabat aux journalistes, net-citoyens et blogueurs depuis le début de l’année démontre que les craintes de M. Naïmi sont justifiées. Ses activités et son passif sont de nature à l’exposer à un risque réel pour sa sécurité», explique l’organisation. Et d’ajouter : «Son cas démontre qu’il est très difficile pour les journalistes marocains de critiquer ouvertement le régime en place ou les services de renseignements (DST), bien décidés à faire taire toute voix dissidente».
Le 19 juin dernier, Reporters Sans Frontières avait vivement critiqué la condamnation du blogueur marocain Mohamed Sokrate à deux ans de prison ferme. L’homme qui militait dans les rangs du Mouvement du 20 février avait été reconnu coupable, par le tribunal de première instance de Marrakech de «possession et trafic de drogue». Une accusation «fallacieuse», avait estimé RSF. Pour rappel, dans son rapport 2011-2012 sur la liberté de la presse dans le monde, RSF classe le Maroc à la 138e place.