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Grand Angle

Un concours de logo de l’armée espagnole pour célébrer le massacre de rifains

Alors que Madrid n’a jamais reconnu ses bombardements chimiques du Rif, son armée compte commémorer, cette année, «La Campagne Melilla de 1921». Elle lance un concours pour concevoir un «logo» marquant le début de la Guerre du Rif.

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Des soldats espagnols au Maroc. / EFE
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L'armée espagnole, qui commémore cette année le centenaire de «La Campagne Melilla de 1921», a annoncé cette semaine l’organisation d’un concours. Parrainé par la Fondation du musée de l'armée, il doit ainsi permettre la «conception d’un logo qui identifiera les activités qui ont eu lieu à l'occasion de cet anniversaire», indique l’armée sur son site.

«La date limite de soumission des logos se termine le 19 février à 12h00. Le prix pour l'auteur ou les auteurs du logo gagnant est de 1 500 euros», précise la même source, en notant que le règlement du concours peut être notamment consulté sur le site internet de Commandement général de Melilla.

Dans le détail, l’armée explique que l’objectif du concours est de concevoir un «logo destiné à être l'image représentative des activités menées à l'occasion de la commémoration du centenaire de la campagne Melilla de 1921». «Le logo sera constitué d'un élément graphique qui identifie clairement la Campagne Melilla de 1921, les événements qui se sont produits et les héros qui y ont joué et qui transmettent les valeurs qu'ils représentent», ajoute le règlement du concours

La célébration d'un passé douloureux 

«La Campagne Melilla de 1921» célébrée par l’armée espagnole commémore l’affrontement entre les Espagnols et les Marocains du Rif, marqué notamment par la bataille d'Anoual. Au cours de cette bataille, lors de laquelle l’armée espagnole subira une écrasante défaite où périssent plus de 10 000 militaires espagnols, le général Manuel Fernández Silvestre avait fait appel à des dizaines de milliers de soldats pour pacifier la tribu des Beni Ouriaghel. Celle-ci est alors soutenue par plusieurs tribus de la région. Les Espagnols finiront par abandonner la région, permettant à Abdelkrim El Khattabi d’établir la République du Rif.

Mais cette Guerre du Rif est aussi tristement célèbre par le nombre de civils tués parmi les tribus du Nord. Aux massacres des Rifains s’ajoutent le recours massif au gaz moutarde et autres gaz asphyxiants prohibés par l’armée espagnole. Des quantités importantes du produit létal étaient généreusement fournies par la France et l’Allemagne pour mettre fin à la résistance armée d’Abdelkrim El Khattabi au prix d'une hécatombe parmi les civils.

En 2018, alors que des ONG appelaient encore l’Espagne à reconnaître ses crimes de guerre dans le Rif, le pays ibérique avait annoncé sa volonté d’initier avec le Maroc «un processus de fermetures des plaies des uns et des autres». Des plaies qui risquent d'être ravivées avec cette commémoration d’un événement aussi douloureux.

Madrid n'a jamais officiellement reconnus ses bombardements chimiques dans le nord du Maroc, bien que les habitants du Rif portent toujours les séquelles de cette guerre, avec un taux de cancer parmi les plus élevés du Royaume.

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