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Grand Angle

Guerre du Rif : L’Espagne veut «fermer les plaies des uns et des autres»

L’Espagne veut saisir la commémoration du centenaire de la Guerre du Rif, qui devrait avoir lieu en 2020, pour initier un processus de réparation et de réconciliation. Un projet qui, du côté marocain, était tombé aux oubliettes mais qui ne cesse d’être revendiqué.

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Josep Borrell, ministre espagnol des Affaires Etrangères de l'Union européenne et de la Coopération./Ph.DR
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L’Espagne va initier avec le Maroc «un processus de fermetures des plaies des uns et des autres» quant à la Guerre du Rif et la bataille d’Anoual. C'est ce qu'a annoncé mercredi le ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la coopération, Josep Borrell devant la Commission des affaires étrangères du Congrès espagnol, rapporte l’agence de presse Europa Press.

Cette volonté a été affichée suite à une question de Joan Tardà, porte-parole du parti politique indépendantiste catalan, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) qui a insisté sur le fait que l’Espagne «doit dédommager les Rifains pour avoir utilisé les armes chimiques durant la guerre».  

A ce propos, le ministre espagnol a annoncé qu’il voulait saisir la commémoration du centenaire de la Guerre du Rif (1920–1926) et de la bataille d’Anoual (1921), pour non seulement refermer les plaies, mais aussi «prendre en compte les dommages engendrés des deux côtés».

A cet effet, lors du «désastre d’Anoual», appellation de cet événement dans le pays ibérique, «10 000 Espagnols ont trouvé la mort», a rappelé le ministre, évoquant un événement «dramatique pour l’Espagne». Ainsi, «tout processus de réparation et de réconciliation doit tenir en compte de ce qui s’est passé à Anoual», ajoute Josep Borrell.

Le Rif, le Hirak et le gaz moutarde

Ce dernier s’est également prononcé sur la situation actuelle du Rif et ce, après la condamnation des activistes du mouvement du Hirak. Il a estimé que la région est «particulièrement sensible», tout en déclarant que son gouvernement «suit de près et avec préoccupation» les évènements. Josep Borell a rappelé que «les tribunaux avaient imposé des peines sévères», bien que 188 personnes aient été graciées par le roi Mohammed VI.

Le chef de la diplomatie espagnole n'a cependant pas évoqué le recours massif aux gaz chimiques par l’armée espagnole, toujours présent dans les mémoires des Rifains. En effet, des quantités importantes du produit létal ont été fournies par la France et l’Allemagne pour mettre fin à la dissidence de la population locale. D'ailleurs, des ONG marocaines affirment aujourd’hui que la région détient le sinistre record de Marocains atteints de cancer.

Du côté marocain, la dernière tentative date de 2012, lorsque Saadeddine El Othmani, alors ministre des Affaires étrangères, annonçait que Rabat comptait inviter Madrid à ouvrir un dialogue sur le recours aux gaz chimiques par l’armée espagnole durant la guerre du Rif (1921-1926). Le PJDiste s’était dit convaincu que l’Espagne «ne s’opposera pas à une telle initiative» qui s’inscrivait, selon ses dires, «dans le cadre de l’accord stratégique entre les deux pays». Depuis, le dossier est retombé aux oubliettes.

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