Menu

Grand Angle  

Président de l’ANCP : «Les cliniques ne peuvent pas gérer toute la misère du Maroc»

Depuis près d’une semaine, la polémique enfle concernant la prise en charge des patients atteints de nouveau coronavirus, au sein des cliniques privées. Des témoignages indiquent que ces structures payantes font facturer de 60 000 à 120 000 DH. Ce lundi, le président de l’Association nationales des cliniques privées (ANCP) a répondu qu’il ne pouvait «régler toute la misère du pays».

Publié
Photo d'illustration / DR.
Temps de lecture: 3'

Invité ce lundi à l’émission Faites entrer l’invité sur Radio 2M, le président de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP), Redouane Semlali, a défendu bec et ongles les intérêts des établissements de soins payants, dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire liées à la pandémie du nouveau coronavirus. Il a réagi tout d’abord à la polémique sur les frais d’hospitalisation, assurant faire front contre tout abus contraire à la déontologie de l’exercice de la médecine.

Cependant, Pr. Semlali a justifié le recours de certains établissements aux chèques de garantie et au payement en espèce de sommes atteignant 60 000 DH, inscrivant cet usage dans la normalité. «Cela s’est fait même avant la crise sanitaire», a-t-il affirmé, tout en indiquant que les médecins se confrontaient à «des cas de réanimations très graves qui coûtent cher».

L’ANCP défend une nomenclature au bénéfice des cliniques privées

Pr Semlali a par ailleurs indiqué avoir saisi le ministre de la Santé, soulignant que «la réanimation covid ne peut être prise en compte par la nomenclature de l’AMO», déplorant dans ce sens un «dialogue de sourds» sur la redéfinition d’une grille spécifique aux soins liés à la covid-19. «Nous devons être regardants sur l’équilibre financier des cliniques (…)», a-t-il lancé, ajoutant qu’une réanimation dans ces cas-là était estimé «entre 7 000 et 8 000 DH par jour, ce que les caisses des cliniques ne peuvent prendre en charge».

Selon le président de l’ANCP, «c’est une contrainte énorme» et malgré cela «les cliniques ont assumé leurs responsabilités, au détriment de certaines procédures d’entrée». Concernant les témoignages diffusés au cours de l’émission, où des familles ont soulevé l'usage de chèque de garantie et de paiement en espèce, Pr Semlali a affirmé que «face à l’urgence extrême, aucun malade n’a été refusé, à condition qu’il paie, car nous sommes dans un établissement privé et une prestation doit obéir à des factures».

Dans le même sens, le praticien a rappelé également que l’association a contribué au renforcement des moyens logistiques dans le cadre de la lutte contre la pandémie, notamment avec sa proposition de mettre des cliniques à la disposition de l’Etat. Mais pour le spécialiste et dans le cas de patients atteints de nouveau coronavirus, même adhérents à la CNSS ou à la CNOPS, «on ne peut pas faire de réanimation à 1 500 DH», conformément à la nomenclature en vigueur. «Nous mettons en place une offre de soins de qualité et performante», a-t-il martelé pour justifier le surcoût.

Les cliniques privées «ne sont pas des partis politiques»

Le président de l’ANCP renvoie ainsi la balle au gouvernement, bien qu’il rappelle que face à la situation sanitaire et à l’engorgement des structures hospitalières publiques, «un patient covid+ sur deux au Maroc est hospitalisé au sein d’une clinique privée». Pour celles et ceux qui ne pourraient s'acquitter des 60 000 dirhams requis pour y accéder, il renvoie au ministère de tutelle et recommande «d’aller à Rabat».

«Les cliniques ne sont pas des partis politiques. Ce sont des endroits qui font une offre de soins. Il y a un effort considérable pour cela. Ce n’est pas de nos compétences de régler la misère du pays, qui se règle ailleurs, à Rabat.»

Pr Redouane Semlali

Le clinicien finit par reprocher au ministère de tutelle de ne pas avoir inclus la représentativité des structures payantes au sein du comité spécial pour la gestion de la crise sanitaire, lors de sa création au début de la pandémie au Maroc. De ce fait, il estime que c’est au département de régler la problématique de l’accès aux soins.

«Les médecins privés n’ont pas fait partie du Comité spécial covid. Nous ne sommes pas responsables de toutes les tares et de toutes les conséquences [des décisions du ministère, ndlr]», a-t-il reconnu. Redouane Semlali a enfin rappelé que l’ANCP a «montré [sa] générosité» en mobilisant le personnel privé au sein des établissements hospitaliers publics pour la gestion de la crise sanitaire.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com