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Grand Angle

Sahara-CIA files #9 : Hassi Beida, une terre marocaine annexée à l’Algérie par la France

En revenant sur la Guerre des sables entre le Maroc et l’Algérie, en 1963, un document de la CIA a fait part des manœuvres de la France, qui a cherché à s’emparer de territoires marocains au profit du voisin de l’Est. Hassi Beida et Tinjoub en ont fait partie.

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Le différend sur la démarcation de la frontière entre le Maroc et l’Algérie est né depuis les premières années de l’indépendance du voisin de l’Est vis-à-vis de la France. Dans ce contexte, le Maroc a exigé que le gouvernement algérien se conforme à l’accord signé par l’exécutif par intérim.

Peu avant l’indépendance de l’Algérie, le 6 juillet 1961, le Maroc a en effet conclu un accord avec le gouvernement transitoire, à l’issue de longues négociations. Selon le septième volume de la série «Mémoires du patrimoine marocain», ce cadre énonce que «le gouvernement de Sa Majesté le Roi du Maroc s’opposera, par tous les moyens, à toute tentative de diviser le territoire algérien ou de s’en emparer d’une partie (…)».

D’autre part, le gouvernement intérimaire d’Alger a reconnu que «le problème territorial résultant des frontières arbitrairement imposées par la France entre les deux pays sera résolu par des négociations entre l’exécutif marocain et celui indépendant de l’Algérie (…)». Le gouvernement transitoire confirme que les traités pouvant être signés à l’issue des pourparlers franco-algériens ne serviront pas de preuve au Maroc, quant à la détermination de la frontière.

Ainsi, les deux gouvernements ont affirmé leurs engagements à «créer un comité maroco-algérien, qui se réunira dans les plus brefs délais pour étudier ce problème et y remédier, dans l’esprit de fraternité et d’unité caractérisant le Maghreb arabe».

Mais dès son accession au pouvoir, avec l’indépendance de l’Algérie, Benbella est revenu sur l’accord conclu avec Rabat. Il a ainsi rejeté l’idée de toute négociation sur la cession au Maroc des terres «libérées avec le sang de les martyrs». En effet, les Algériens ont vu dans ces revendications une ingérence dans les affaires intérieures de leur pays.

Les relations bilatérales se sont tendues peu à peu, jusqu’à l’affrontement armé d’octobre 1963, appelé la Guerre des sables. Le conflit a pris fin avec la médiation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). En effet, les deux belligérants sont parvenus à un accord de cessez-le-feu, acté le 20 février 1964 dans la capitale malienne Bamako.

La Guerre des sables vue par les renseignements américains

Dans un document intitulé «Contexte des escarmouches à la frontière maroco-algérienne», daté du 29 octobre 1963 et déclassifié le 8 octobre 2004, la Central Intelligence Agency (CIA) est revenue sur la Guerre des sables.

Remontant à une dizaine d’années avant la création du Front Polisario, le document indique que sous l’occupation française de l’Algérie et du Maroc, «la ligne de démarcation entre les juridictions [dans les deux territoires] a été redéfinie successivement en faveur de l’Algérie en tant que partie intégrante de la France, le Maroc n’étant que sous protectorat».

Le document confirme que «depuis l’indépendance du Maroc en 1956, les Marocains - notamment la presse nationaliste - revendiquent une grande partie du Sahara». «En 1958, alors que les rebelles algériens opèrent dans cette région saharienne, les Français et les Marocains se sont accordés informellement sur leurs zones d’opération respectives, afin d’éviter tout conflit», fait savoir la même source.

Le document de la CIA explique : «En vertu de cet accord, la zone d’occupation française a été étendue de facto, dans une certaine mesure, au nord et à l’ouest des lignes précédentes, sans statut juridique. Cette démarcation est adoptée par les Algériens, tandis que les Marocains ont insisté sur le fait que la véritable frontière est celle antérieure, qui met les zones de Hassi Beida et Tanjoub du côté du Maroc».

Selon la même source, «ces sites sont importants, car ils sont situés sur la principale route reliant Colomb-Béchar et Tindouf». Après l’indépendance de l’Algérie, «vers la moitié de 1962, des contraintes ont émergé le long de la région frontalière, au sud du Maroc».

Le gouvernement marocain a tenté «vainement de persuader le président Benbella de négocier les revendications territoriales» défendues par Rabat, toutes rejetées par le dirigeant algérien. Le document de la CIA explique que la position du président a été renforcée par celle de l’OUA.

Lors de sa réunion inaugurale en mai de la même année, l’instance continentale a préconisé le «respect des frontières africaines, telles que déterminées par les anciennes puissances coloniales».

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