Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Poèmes-textes....
o
7 mai 2010 16:30
GALERIES

Je ne voudrais pas, non je ne voudrais pas
fuir mon labyrinthe
le labyrinthe des miens, de mes compagnons
où grouillent les puces de l'usure
quand mes compagnons se satisfont de la mort
jour après jour
la mort qui s'étend à longueur de vie
comme l'éternité
Je ne voudrais pas, non je ne voudrais pas raconter
mon labyrinthe
moi qui suis libre, libre
entre trois murs
et le quatrième, une galerie qui s'étend
comme l'éternité
je ne voudrais pas, non je ne voudrais pas raconter
mon exode
d'une pièce à l'autre
et leur vide entenébré où
l'écho des lointains sabots
ne cesse de heurter mes yeux
s'étend comme l'éternité
de la terre de l'expatriement
Mais
j'ai trouvé dans la parole libre mon issue
Dans la parole j'ai trouvé enfin une issue
vers l'espace
qui s'étend devant moi
comme l'éternité


Jabra Ibrahim Jabra
o
7 mai 2010 16:31
AGNUS DEI

Et que de tous ces mots, ceux-là
que la langue et les veines contiennent
L'univers entier est là, la mer entière
le tonnerre grondant dans les nuits
le ciel entier et la première amante
se livrant sur le rocher élevé
Éloignement du lointain immense, prodigieux
proximité du virus sous microscope de ce corps
toujours l'indicible, le mot perdu
c'est ma perte, celle de ma génération haineuse et larmoyante
perte dans les contrées de désolation et de vipères
perte de mille et de mille dont on entend la voix de loin
une voix dans la désolation

Ô agneau de Dieu qui portes les péchés du monde
vient à notre secours
joins l'acte à la parole
le souvenir à la langue
distille les larmes comme des lettres nous épargnant la souffrance
Mes loups se sont habitués à moi, et je me suis habitué aux lions
dans la jungle de ma vie
Ma génération est une proie
mes compagnons, une pâture pour les carnassiers
nos cœurs, empalés sur les branches pour les rapaces

Ô agneau de Dieu qui portes les péchés du monde
distille nos larmes comme autant de mots
sauve-nous de l'exil de l'aphasie
l'exil des désolations, nous sommes les porteurs de la mer
de l'horizon, du ciel
les porteurs de la mort entre sommeil et sommeil

Jabra Ibrahim Jabra
o
7 mai 2010 16:31
SECRET PROFESSIONNEL

Femme de chair et de rêve
tu ne sauras pas que je te hais
car tu ne sais pas comme je t'aime

Voilà que je te révèle le secret de ma profession
bouffon en chef au plais de la mort
mais je cache dans ma ceinture un poignard d'or
et au moment du dernier bond
de la danse ridicule de la déception
je plongerai mon poignard jusqu'à la garde
dans la poitrine de ma souveraine la mort
je ne la laisserai pas mourir seule
car avant qu'elle ne s'éteigne
dans l'âtre de l'éternité
elle suivra de ses yeux lilas
la progression de la larme brûlante
sous mon sein gauche

Ô femme de rêve et de rêve
comme je désire t'égorger sur mon bureau
nue, au milieu de mes poèmes inachevés
tremper mes cils et ma moustache
dans ton sang doux amer
et laisser libre cours à mes larmes

SAMIH AL-QASSIM
o
7 mai 2010 16:33
JE T'AIME AU GRÉ DE LA MORT

Plus lourd
moins grand
je porte mon épreuve et je m'en vais

Tant que tu seras le faîte du monde
tant que la surface de la terre sera convexe
je descendrai et m'éloignerai

Un jour les sables mouvant m'absorberont
je m'enfoncerai peu à peu
dans l'opaque éternité de ton amour
je perdrai connaissance
me déroberai aux regards
les foules assisteront à la célébration de ma mort
les aventuriers et les poètes me jalouseront
Quant à toi
tu jetteras un nouveau joyau
dans le coffre de tes martyrs

Je t'aime sois sans regret
ne tends pas la main pour me secourir
permets-moi de t'aimer
au gré de la mort
Je t'aime... au gré de la mort

SAMIH AL-QASSIM
o
7 mai 2010 16:34
LES ENFANTS... ET MES ENFANTS

Les enfants naissent
les accueillent dans leur berceau
leurs noms choisis
dans l'arbre généalogique
des ancêtres vénérés
Les accueillent les programmes d'épargne
la vision lointaine de l'avenir
et l'odeur de la cannelle bouillie
sur le feu du désir
Les accueillent les anniversaires
les fêtes
et les habits neufs

Mes enfants naissent
les accueillent les larmes de l'amour
le frisson de la peur
A la porte de la maternité
les attendent
les yeux des chiens enragés
les attendent
les matraques de la police
les attendent
les programmes de la liquidation physique
et de la vision lointaine de la mort

Mes enfants naissent
et avec eux naissent
leurs bombes à phosphore
avec leurs lueurs étonnantes
comme les feux d'artifice
du carnaval
Mes enfants naissent
avec leurs petits cercueils

SAMIH AL-QASSIM
a
2 juin 2010 11:08
juste pour faire remonter.....smiling smiley
N
9 juin 2010 12:13
ROMÉO. - Il se rit des plaies, celui qui n'a jamais reçu de blessures ! (Apercevant Juliette qui apparaît à une fenêtre. ) Mais doucement ! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre ?
Voilà l'Orient, et Juliette est le soleil ! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu'elle-même ! Ne sois plus sa prêtresse, puisqu'elle est jalouse de toi ; sa livrée de vestale est maladive et blême, et les folles seules la portent : rejette-la !... Voilà ma dame ! Oh ! voilà mon amour ! Oh ! si elle pouvait le savoir !... Que dit-elle ? Rien... Elle se tait...
Mais non ; son regard parle, et je veux lui répondre... Ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Deux des plus belles étoiles du ciel, ayant affaire ailleurs, adjurent ses yeux de vouloir bien resplendir dans leur sphère jusqu'à ce qu'elles reviennent.
Ah ! si les étoiles se substituaient à ses yeux, en même temps que ses yeux aux étoiles, le seul éclat de ses joues ferait pâlir la clarté des astres, comme le grand jour, une lampe ; et ses yeux, du haut du ciel, darderaient une telle lumière à travers les régions aériennes, que les oiseaux chanteraient, croyant que la nuit n'est plus. Voyez comme elle appuie sa joue sur sa main ! Oh ! que ne suis-je le gant de cette main ! Je toucherais sa joue !

JULIETTE. - Hélas !

ROMÉO. - Elle parle ! Oh ! parle encore, ange resplendissant !
Car tu rayonnes dans cette nuit, au-dessus de ma tête, comme le messager ailé du ciel, quand, aux yeux bouleversés des mortels qui se rejettent en amère pour le contempler, il devance les nuées paresseuses et vogue sur le sein des airs !

JULIETTE. - ô Roméo ! Roméo ! pourquoi es-tu Roméo ?
Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet.

ROMÉO, à part. - Dois-je l'écouter encore ou lui répondre ?

JULIETTE. - Ton nom seul est mon ennemi. Tu n'es pas un Montague, tu es toi-même. Qu'est-ce qu'un Montague ? Ce n'est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un visage, ni rien qui fasse partie d'un homme... Oh ! sois quelque autre nom !
Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède... Roméo, renonce à ton nom ; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière.

ROMÉO. - Je te prends au mot ! Appelle-moi seulement ton amour et je reçois un nouveau baptême : désormais je ne suis plus Roméo.

JULIETTE. - Quel homme es-tu, toi qui, ainsi caché par la nuit, viens de te heurter à mon secret ?

ROMÉO. - Je ne sais par quel nom t'indiquer qui je suis.
Mon nom, sainte chérie, m'est odieux à moi-même, parce qu'il est pour toi un ennemi : si je l'avais écrit là, j'en déchirerais les lettres.

Acte II, Scène 2, Roméo et Juliette (Shakepeare).
♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫
N
13 juin 2010 18:55
LES BIENFAITS DE LA LUNE

De Charles Baudelaire

La Lune, qui est le caprice même, regarda par la fenêtre pendant que tu dormais dans ton berceau, et se dit: "Cette enfant me plaît."

Et elle descendit moelleusement son escalier de nuages et passa sans bruit à travers les vitres. Puis elle s'étendit sur toi avec la tendresse souple d'une mère, et elle déposa ses couleurs sur ta face. Tes prunelles en sont restées vertes, et tes joues extraordinairement pâles. C'est en contemplant cette visiteuse que tes yeux se sont si bizarrement agrandis; et elle t'a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l'envie de pleurer.

Cependant, dans l'expansion de sa joie, la Lune remplissait toute la chambre comme une atmosphère phosphorique, comme un poison lumineux; et toute cette lumière vivante pensait et disait: "Tu subiras éternellement l'influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j'aime et ce qui m'aime: l'eau, les nuages, le silence et la nuit; la mer immense et verte; l'eau uniforme et multiforme; le lieu où tu ne seras pas; l'amant que tu ne connaîtras pas; les fleurs monstrueuses; les parfums qui font délirer; les chats qui se pâment sur les pianos et qui gémissent comme les femmes, d'une voix rauque et douce!

"Et tu seras aimée de mes amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j'ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l'eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu'ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d'une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie."

Et c'est pour cela, maudite chère enfant gâtée, que je suis maintenant couché à tes pieds, cherchant dans toute ta personne le reflet de la redoutable Divinité, de la fatidique marraine, de la nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques.
♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫
N
23 juin 2010 10:31
Aimons toujours ! Aimons encore ! (V. Hugo)

Aimons toujours ! Aimons encore !
Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.
L'amour, c'est le cri de l'aurore,
L'amour c'est l'hymne de la nuit.

Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l'astre dit aux nuages,
C'est le mot ineffable : Aimons !

L'amour fait songer, vivre et croire.
Il a pour réchauffer le coeur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon c'est le bonheur !

Aime ! qu'on les loue ou les blâme,
Toujours les grand coeurs aimeront :
Joins cette jeunesse de l'âme
A la jeunesse de ton front !

Aime, afin de charmer tes heures !
Afin qu'on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux !

Aimons-nous toujours davantage !
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage ;
Que notre âme croisse en amour !

Soyons le miroir et l'image !
Soyons la fleur et le parfum !
Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu'un !

Les poètes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grand fronts brûlants et réveurs.

Venez à nous, beautés touchantes !
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi !
Ange ! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi !

Nous seuls comprenons vos extases.
Car notre esprit n'est point moqueur ;
Car les poètes sont les vases
Où les femmes versent leur coeurs.

Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l'onde
Tout ce qui n'est que vanité,

Je préfère aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.

Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l'on se dit : " Qu'en reste-t-il ? "

Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,
Et l'on se dit : " C'est donc fini ! "

L'amour seul reste. O noble femme
Si tu veux dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l'amour !

Conserve en ton coeur, sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s'éteindre
Et la fleur qui ne peut mourir !
♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫
N
25 juillet 2010 20:19
Celle de toujours, toute


Si je vous dis : " j'ai tout abandonné "
C'est qu'elle n'est pas celle de mon corps,
Je ne m'en suis jamais vanté,
Ce n'est pas vrai
Et la brume de fond où je me meus
Ne sait jamais si j'ai passé.

L'éventail de sa bouche, le reflet de ses yeux,
Je suis le seul à en parler,
je suis le seul qui soit concerné
Par ce miroir si nul où l'air circule à travers moi
Et l'air a un visage aimant, ton visage,
A toi qui n'as pas de nom et que les autres ignorent,
La mer te dit : sur moi, le ciel te dit : sur moi,
Les astres te devinent, les nuages t'imaginent
Et le sang de la générosité
Te porte avec délices.
Je chante la grande joie de te chanter,
La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir,
La candeur de t'attendre, l'innocence de te connaitre,

O toi qui supprimes l'oubli, l'espoir et l'ignorance,
Qui supprimes l'absence et qui me mets au monde,
Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter
Le mystère où l'amour me crée et se délivre.

Tu es pure, tu es encore plus pure que moi-même.

Paul Eluard
♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫
N
25 juillet 2010 20:19
Que ton âme soit blanche ou noire


Que ton âme soit blanche ou noire,
Que fait ? Ta peau de jeune ivoire
Est rose et blanche et jaune un peu.
Elle sent bon, ta chair, perverse
Ou non, que fait ? puisqu'elle berce
La mienne de chair, nom de Dieu !

Elle la berce, ma chair folle,
Ta folle de chair, ma parole
La plus sacrée ! - et que donc bien !
Et la mienne, grâce à la tienne,
Quelque réserve qui la tienne,
Elle s'en donne, nom d'un chien !

Quant à nos âmes, dis, Madame,
Tu sais, mon âme et puis ton âme,
Nous en moquons-nous ? Que non pas !
Seulement nous sommes au monde.
Ici-bas, sur la terre ronde,
Et non au ciel, mais ici-bas.

Or, ici-bas, faut qu'on profite
Du plaisir qui passe si vite
Et du bonheur de se pâmer.
Aimons, ma petite méchante,
Telle l'eau va, tel l'oiseau chante,
Et tels, nous ne devons qu'aimer.

Verlaine
♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫ ♪ ♥ ♫
o
28 février 2011 16:05
C’est un marchand de fleurs
Ma colline, mon coin non fumeur
C’est un garçon d’honneur
Une vigne où le mistral se meurt

C’est un village aux couleurs
D’une mine et de sécateurs
C’est un accent majeur
Qu’on devine selon mes humeurs

D’ailleurs c’est mon naturel
Ailleurs je ne suis plus celle
Celle qui tournoyait à la St Jean comme les autres
Celle qu’on appelait la fille du moulin

Et c’est pour aller vivre ailleurs
Qu’on abîme ce qu’on était hier
C’est comme un dard en plein coeur
Une épine qui rougit de sa fleur

Ailleurs c’était l’avenir
D’ailleurs je m’voyais partir
Partir en fumée de ce côté de la colline
Quand on a vingt ans on parle d’avenir

Ailleurs l’herbe n’est pas plus belle
D’ailleurs j’ai honte de celle
Celle qui pour se faire aimer cachait son herbe folle
Même s’il en restait un brin dans ses paroles
D’ailleurs c’est pas naturel
Ailleurs je resterai celle

Celle qui s’embrasait à la St Jean comme les mômes
Celle qu’on appelait la fille du moulin
C’est au marchand de fleurs
Aux collines, aux anciens mineurs

C’est une part de bonheur
Une ruine où mon accent
Une ruine où mon accent
Une ruine où mon accent demeure

Les Valentins

[www.youtube.com]
o
28 février 2011 16:08
Etretat

Le palace égaré
Qui dominait le vaste océan
Dans ce soir de juillet
Que traversaient des vies abîmées
A cette heure où rien ne paraît
La fraîcheur dans le hall apaisait les terreurs
Un vieil homme aux gestes fuyants
Se reposait dans cet air clément
Comment vont les amants
Qui se sont adorés violemment
Mon amour
Comment vont les amants
Qui se sont séparés vaguement
Mon amour
L'enfant blond s'ennuyait
Le grand hôtel sombrait lentement
Le vieil homme affalé
Sur un sofa orange s'endormait
Et l'enfant songeait en jouant
Aux vagues bleues qui l'engloutiraient
Entièrement
Ses avions se posaient tremblants
Sur le grand corps de l'homme assoupi
Comment vont les amants
Qui se sont adorés violemment
Mon amour
Comment vont les amants
Qui se sont séparés vaguement
Mon amour
Tu ne parles pas
Des nuages d'Etretat
Tu vas pas à pas
Sur la plage sans éclat
Tu souris déjà
A l'absence et au delà
Tu ne te plains pas
Le palace éclairé
Où revenaient les corps enmêlés
Dans ce soir de juillet
Que traversaient les oiseaux gelés
Dans la salle aux lustres pesants
Quelques statues s'avancent en parlant
Gravement
Et l'enfant soupire en rêvant
Aux trombes d'eau qui l'ont englouti
Que feront les amants
Qui se sont adorés violemment
Mon amour
Que diront les amants
Qui se sont séparés vaguement
Mon amour
Ce soir il fait froid
Aux falaises d'Etretat
La roche éblouie
Qui se dresse sans un pli
Tu baisses les bras
Sans écume et sans fracas
Tu ne te plains pas

ÉLÉONORE WEBER / LES VALENTINS

[www.youtube.com]
p
1 mars 2011 10:58
Inéluctablement...

Remets-toi s'en à Dieu car si tu as été imprévoyant
Il te viendra avec ta subsistance par là où tu ne l'attends

Craindrais-tu la pauvreté, quand il est Le Pourvoyeur incessant
Il a certes nourrit l'oiseau et le poisson dans l'océan

Si la nourriture s'obtenait par la force uniquement
L'oisillon ne pourrait manger près du vautour un instant

Tu quittes déjà ce bas monde sans que tu en sois conscient
Si la nuit te couvre, seras-tu encore au jour montant ?

D'ailleurs combien de bien portants sont morts sans mal apparent
Combien de malades, un moment d'éternité, survécurent pourtant,

Combien de jeunes se sont couchés puis réveillés souriants,
Et dans l'invisible, à leur insu leur linceul se tissant

Quand bien même un homme vivrait mille et plus de deux milles ans
Un jour ou l'autre vers la tombe, il ira inéluctablement...


Poésie attribuée à l'imam Chafi'i - qu'Allah lui fasse miséricorde
X
3 mars 2011 20:49
La mesure des reproches

Si, en toutes circonstances,

tu ne cesses d'adresser

des reproches

à ton ami,

tu ne pourras jamais obtenir la rencontre avec la personne aimée.



Demeure seul ou alors

si tu choisis l'amitié,

accepte l'Ami tel qu'il est;

car si un jour il se laisse aller à commettre faute,

sache que bien d'autres fois

il se garde de tout mal.



Si tu ne veux te résoudre

à boire souvent une eau

où nagent quelques fétus,

tu resteras assoiffé.

Qui donc peut bien se vanter

de ne boire qu'eau limpide?

Bachar Ibn Bourd

Bien que je déteste le personnage.
6 mars 2011 02:43
Les deux pigeons

Bonheur de deux amis intimes,deux amants,
qui ont passé la nuit ensemble!
Dans leur amour,dès le berceau,ils se ressemblent,
car ils ont toujours eu les memes sentiments.
Quand l'amour est venu,ils lui ont dit "Fais halte!
Reste là ou tu es et coupe toi en deux!"
L'amour s'est partagé en deux portions égales.
Lors, la séparation ne se fit pas sans mal,
impuissant contre ce qui etait entre eux.
Leur deux ames ainsi n'en faisaient qu'une seule.
Quoique unique cette ame habitait dans deux corps.
Ils ne sont pas de ceux qui sont en désaccord
en face du bonheur ou bien du mauvais sort.
Ils gardent leur amour, qui doit rester entre eux
toujours semblable à la prunelle de leur yeux


ABU NUWAS



Modifié 3 fois. Dernière modification le 07/03/11 02:08 par sheera.
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu,et qui s'est brisé.Chacun en ramassa un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve. [center]Amazighiya face à l'homme et soumise uniquement à Dieu .[/center]
7 mars 2011 02:19
Entre la vie et La mort

Voici un poème d'un mort,
écrit de la main d'un vivant,
qui, entre la vie et la mort,
a tant souffert des coups du sort
qu'il ne lui reste plus qu'un corps
presque invisible,mais présent.
Si tu voulais me reconnaitre,
pas une lettre de ma lettre
ne t'aiderais à me trouver.
Mais il suffirait que tu fasses
battre tes cils,pour me sauver
et que mon mal enfin s'efface

ABU NUWAS
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu,et qui s'est brisé.Chacun en ramassa un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve. [center]Amazighiya face à l'homme et soumise uniquement à Dieu .[/center]
7 mars 2011 02:31
Sans Excuse

Au milieu des vivants si je me vois en vie,
le Destin a détruit la plupart de mon moi.
Ce qui est mort en moi,c'est le vif qui l'appuie,
en servant de tombeau à ce qui n'est plus moi.
Mon Dieu, tu as toujours été bon envers moi
et ma reconnaissance est bien peu adéquate.
Dois-je te présenter mes excuses bien plates?
Mais mon excuse, à moi ,c'est que je n'en ai pas.

ABU NUWAS
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu,et qui s'est brisé.Chacun en ramassa un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve. [center]Amazighiya face à l'homme et soumise uniquement à Dieu .[/center]
7 mars 2011 02:44
Aveu

Mon péché, je l'avoue-et ne le ferais plus,
de peur de trop souffrir d'etre éloigné de l'Autre.
N'est-il point de pardon du pécheur
pour ses fautes?
Tu n'as jamais gouté tout ce que j'ai vécu.
Je le jure par Dieu,qui est mon seul Seigneur,
on peut mourir d'amour,et tu l'as toujours su:
la plus rapide mort, c'est la mort avant l'heure.


ABU NUWAS



Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/03/11 02:47 par sheera.
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu,et qui s'est brisé.Chacun en ramassa un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve. [center]Amazighiya face à l'homme et soumise uniquement à Dieu .[/center]
X
7 mars 2011 21:37
Ces vers d'Abu Nawas sont à la fois jolis et étonnants. J'aimerais bien savoir à quelle période de sa vie ils les a écrits.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/03/11 21:46 par Rastapopûlos.
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook