Je ne voudrais pas, non je ne voudrais pas fuir mon labyrinthe le labyrinthe des miens, de mes compagnons où grouillent les puces de l'usure quand mes compagnons se satisfont de la mort jour après jour la mort qui s'étend à longueur de vie comme l'éternité Je ne voudrais pas, non je ne voudrais pas raconter mon labyrinthe moi qui suis libre, libre entre trois murs et le quatrième, une galerie qui s'étend comme l'éternité je ne voudrais pas, non je ne voudrais pas raconter mon exode d'une pièce à l'autre et leur vide entenébré où l'écho des lointains sabots ne cesse de heurter mes yeux s'étend comme l'éternité de la terre de l'expatriement Mais j'ai trouvé dans la parole libre mon issue Dans la parole j'ai trouvé enfin une issue vers l'espace qui s'étend devant moi comme l'éternité
Et que de tous ces mots, ceux-là que la langue et les veines contiennent L'univers entier est là, la mer entière le tonnerre grondant dans les nuits le ciel entier et la première amante se livrant sur le rocher élevé Éloignement du lointain immense, prodigieux proximité du virus sous microscope de ce corps toujours l'indicible, le mot perdu c'est ma perte, celle de ma génération haineuse et larmoyante perte dans les contrées de désolation et de vipères perte de mille et de mille dont on entend la voix de loin une voix dans la désolation
Ô agneau de Dieu qui portes les péchés du monde vient à notre secours joins l'acte à la parole le souvenir à la langue distille les larmes comme des lettres nous épargnant la souffrance Mes loups se sont habitués à moi, et je me suis habitué aux lions dans la jungle de ma vie Ma génération est une proie mes compagnons, une pâture pour les carnassiers nos cœurs, empalés sur les branches pour les rapaces
Ô agneau de Dieu qui portes les péchés du monde distille nos larmes comme autant de mots sauve-nous de l'exil de l'aphasie l'exil des désolations, nous sommes les porteurs de la mer de l'horizon, du ciel les porteurs de la mort entre sommeil et sommeil
Femme de chair et de rêve tu ne sauras pas que je te hais car tu ne sais pas comme je t'aime
Voilà que je te révèle le secret de ma profession bouffon en chef au plais de la mort mais je cache dans ma ceinture un poignard d'or et au moment du dernier bond de la danse ridicule de la déception je plongerai mon poignard jusqu'à la garde dans la poitrine de ma souveraine la mort je ne la laisserai pas mourir seule car avant qu'elle ne s'éteigne dans l'âtre de l'éternité elle suivra de ses yeux lilas la progression de la larme brûlante sous mon sein gauche
Ô femme de rêve et de rêve comme je désire t'égorger sur mon bureau nue, au milieu de mes poèmes inachevés tremper mes cils et ma moustache dans ton sang doux amer et laisser libre cours à mes larmes
Plus lourd moins grand je porte mon épreuve et je m'en vais
Tant que tu seras le faîte du monde tant que la surface de la terre sera convexe je descendrai et m'éloignerai
Un jour les sables mouvant m'absorberont je m'enfoncerai peu à peu dans l'opaque éternité de ton amour je perdrai connaissance me déroberai aux regards les foules assisteront à la célébration de ma mort les aventuriers et les poètes me jalouseront Quant à toi tu jetteras un nouveau joyau dans le coffre de tes martyrs
Je t'aime sois sans regret ne tends pas la main pour me secourir permets-moi de t'aimer au gré de la mort Je t'aime... au gré de la mort
Les enfants naissent les accueillent dans leur berceau leurs noms choisis dans l'arbre généalogique des ancêtres vénérés Les accueillent les programmes d'épargne la vision lointaine de l'avenir et l'odeur de la cannelle bouillie sur le feu du désir Les accueillent les anniversaires les fêtes et les habits neufs
Mes enfants naissent les accueillent les larmes de l'amour le frisson de la peur A la porte de la maternité les attendent les yeux des chiens enragés les attendent les matraques de la police les attendent les programmes de la liquidation physique et de la vision lointaine de la mort
Mes enfants naissent et avec eux naissent leurs bombes à phosphore avec leurs lueurs étonnantes comme les feux d'artifice du carnaval Mes enfants naissent avec leurs petits cercueils
ROMÉO. - Il se rit des plaies, celui qui n'a jamais reçu de blessures ! (Apercevant Juliette qui apparaît à une fenêtre. ) Mais doucement ! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre ? Voilà l'Orient, et Juliette est le soleil ! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu'elle-même ! Ne sois plus sa prêtresse, puisqu'elle est jalouse de toi ; sa livrée de vestale est maladive et blême, et les folles seules la portent : rejette-la !... Voilà ma dame ! Oh ! voilà mon amour ! Oh ! si elle pouvait le savoir !... Que dit-elle ? Rien... Elle se tait... Mais non ; son regard parle, et je veux lui répondre... Ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Deux des plus belles étoiles du ciel, ayant affaire ailleurs, adjurent ses yeux de vouloir bien resplendir dans leur sphère jusqu'à ce qu'elles reviennent. Ah ! si les étoiles se substituaient à ses yeux, en même temps que ses yeux aux étoiles, le seul éclat de ses joues ferait pâlir la clarté des astres, comme le grand jour, une lampe ; et ses yeux, du haut du ciel, darderaient une telle lumière à travers les régions aériennes, que les oiseaux chanteraient, croyant que la nuit n'est plus. Voyez comme elle appuie sa joue sur sa main ! Oh ! que ne suis-je le gant de cette main ! Je toucherais sa joue !
JULIETTE. - Hélas !
ROMÉO. - Elle parle ! Oh ! parle encore, ange resplendissant ! Car tu rayonnes dans cette nuit, au-dessus de ma tête, comme le messager ailé du ciel, quand, aux yeux bouleversés des mortels qui se rejettent en amère pour le contempler, il devance les nuées paresseuses et vogue sur le sein des airs !
JULIETTE. - ô Roméo ! Roméo ! pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet.
ROMÉO, à part. - Dois-je l'écouter encore ou lui répondre ?
JULIETTE. - Ton nom seul est mon ennemi. Tu n'es pas un Montague, tu es toi-même. Qu'est-ce qu'un Montague ? Ce n'est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un visage, ni rien qui fasse partie d'un homme... Oh ! sois quelque autre nom ! Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède... Roméo, renonce à ton nom ; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière.
ROMÉO. - Je te prends au mot ! Appelle-moi seulement ton amour et je reçois un nouveau baptême : désormais je ne suis plus Roméo.
JULIETTE. - Quel homme es-tu, toi qui, ainsi caché par la nuit, viens de te heurter à mon secret ?
ROMÉO. - Je ne sais par quel nom t'indiquer qui je suis. Mon nom, sainte chérie, m'est odieux à moi-même, parce qu'il est pour toi un ennemi : si je l'avais écrit là, j'en déchirerais les lettres.
La Lune, qui est le caprice même, regarda par la fenêtre pendant que tu dormais dans ton berceau, et se dit: "Cette enfant me plaît."
Et elle descendit moelleusement son escalier de nuages et passa sans bruit à travers les vitres. Puis elle s'étendit sur toi avec la tendresse souple d'une mère, et elle déposa ses couleurs sur ta face. Tes prunelles en sont restées vertes, et tes joues extraordinairement pâles. C'est en contemplant cette visiteuse que tes yeux se sont si bizarrement agrandis; et elle t'a si tendrement serrée à la gorge que tu en as gardé pour toujours l'envie de pleurer.
Cependant, dans l'expansion de sa joie, la Lune remplissait toute la chambre comme une atmosphère phosphorique, comme un poison lumineux; et toute cette lumière vivante pensait et disait: "Tu subiras éternellement l'influence de mon baiser. Tu seras belle à ma manière. Tu aimeras ce que j'aime et ce qui m'aime: l'eau, les nuages, le silence et la nuit; la mer immense et verte; l'eau uniforme et multiforme; le lieu où tu ne seras pas; l'amant que tu ne connaîtras pas; les fleurs monstrueuses; les parfums qui font délirer; les chats qui se pâment sur les pianos et qui gémissent comme les femmes, d'une voix rauque et douce!
"Et tu seras aimée de mes amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j'ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l'eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu'ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d'une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie."
Et c'est pour cela, maudite chère enfant gâtée, que je suis maintenant couché à tes pieds, cherchant dans toute ta personne le reflet de la redoutable Divinité, de la fatidique marraine, de la nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques.
Si je vous dis : " j'ai tout abandonné " C'est qu'elle n'est pas celle de mon corps, Je ne m'en suis jamais vanté, Ce n'est pas vrai Et la brume de fond où je me meus Ne sait jamais si j'ai passé.
L'éventail de sa bouche, le reflet de ses yeux, Je suis le seul à en parler, je suis le seul qui soit concerné Par ce miroir si nul où l'air circule à travers moi Et l'air a un visage aimant, ton visage, A toi qui n'as pas de nom et que les autres ignorent, La mer te dit : sur moi, le ciel te dit : sur moi, Les astres te devinent, les nuages t'imaginent Et le sang de la générosité Te porte avec délices. Je chante la grande joie de te chanter, La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir, La candeur de t'attendre, l'innocence de te connaitre,
O toi qui supprimes l'oubli, l'espoir et l'ignorance, Qui supprimes l'absence et qui me mets au monde, Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter Le mystère où l'amour me crée et se délivre.
Que ton âme soit blanche ou noire, Que fait ? Ta peau de jeune ivoire Est rose et blanche et jaune un peu. Elle sent bon, ta chair, perverse Ou non, que fait ? puisqu'elle berce La mienne de chair, nom de Dieu !
Elle la berce, ma chair folle, Ta folle de chair, ma parole La plus sacrée ! - et que donc bien ! Et la mienne, grâce à la tienne, Quelque réserve qui la tienne, Elle s'en donne, nom d'un chien !
Quant à nos âmes, dis, Madame, Tu sais, mon âme et puis ton âme, Nous en moquons-nous ? Que non pas ! Seulement nous sommes au monde. Ici-bas, sur la terre ronde, Et non au ciel, mais ici-bas.
Or, ici-bas, faut qu'on profite Du plaisir qui passe si vite Et du bonheur de se pâmer. Aimons, ma petite méchante, Telle l'eau va, tel l'oiseau chante, Et tels, nous ne devons qu'aimer.
C’est un marchand de fleurs Ma colline, mon coin non fumeur C’est un garçon d’honneur Une vigne où le mistral se meurt
C’est un village aux couleurs D’une mine et de sécateurs C’est un accent majeur Qu’on devine selon mes humeurs
D’ailleurs c’est mon naturel Ailleurs je ne suis plus celle Celle qui tournoyait à la St Jean comme les autres Celle qu’on appelait la fille du moulin
Et c’est pour aller vivre ailleurs Qu’on abîme ce qu’on était hier C’est comme un dard en plein coeur Une épine qui rougit de sa fleur
Ailleurs c’était l’avenir D’ailleurs je m’voyais partir Partir en fumée de ce côté de la colline Quand on a vingt ans on parle d’avenir
Ailleurs l’herbe n’est pas plus belle D’ailleurs j’ai honte de celle Celle qui pour se faire aimer cachait son herbe folle Même s’il en restait un brin dans ses paroles D’ailleurs c’est pas naturel Ailleurs je resterai celle
Celle qui s’embrasait à la St Jean comme les mômes Celle qu’on appelait la fille du moulin C’est au marchand de fleurs Aux collines, aux anciens mineurs
C’est une part de bonheur Une ruine où mon accent Une ruine où mon accent Une ruine où mon accent demeure
Le palace égaré Qui dominait le vaste océan Dans ce soir de juillet Que traversaient des vies abîmées A cette heure où rien ne paraît La fraîcheur dans le hall apaisait les terreurs Un vieil homme aux gestes fuyants Se reposait dans cet air clément Comment vont les amants Qui se sont adorés violemment Mon amour Comment vont les amants Qui se sont séparés vaguement Mon amour L'enfant blond s'ennuyait Le grand hôtel sombrait lentement Le vieil homme affalé Sur un sofa orange s'endormait Et l'enfant songeait en jouant Aux vagues bleues qui l'engloutiraient Entièrement Ses avions se posaient tremblants Sur le grand corps de l'homme assoupi Comment vont les amants Qui se sont adorés violemment Mon amour Comment vont les amants Qui se sont séparés vaguement Mon amour Tu ne parles pas Des nuages d'Etretat Tu vas pas à pas Sur la plage sans éclat Tu souris déjà A l'absence et au delà Tu ne te plains pas Le palace éclairé Où revenaient les corps enmêlés Dans ce soir de juillet Que traversaient les oiseaux gelés Dans la salle aux lustres pesants Quelques statues s'avancent en parlant Gravement Et l'enfant soupire en rêvant Aux trombes d'eau qui l'ont englouti Que feront les amants Qui se sont adorés violemment Mon amour Que diront les amants Qui se sont séparés vaguement Mon amour Ce soir il fait froid Aux falaises d'Etretat La roche éblouie Qui se dresse sans un pli Tu baisses les bras Sans écume et sans fracas Tu ne te plains pas
Bonheur de deux amis intimes,deux amants, qui ont passé la nuit ensemble! Dans leur amour,dès le berceau,ils se ressemblent, car ils ont toujours eu les memes sentiments. Quand l'amour est venu,ils lui ont dit "Fais halte! Reste là ou tu es et coupe toi en deux!" L'amour s'est partagé en deux portions égales. Lors, la séparation ne se fit pas sans mal, impuissant contre ce qui etait entre eux. Leur deux ames ainsi n'en faisaient qu'une seule. Quoique unique cette ame habitait dans deux corps. Ils ne sont pas de ceux qui sont en désaccord en face du bonheur ou bien du mauvais sort. Ils gardent leur amour, qui doit rester entre eux toujours semblable à la prunelle de leur yeux
ABU NUWAS
Modifié 3 fois. Dernière modification le 07/03/11 02:08 par sheera.
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu,et qui s'est brisé.Chacun en ramassa un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve.
[center]Amazighiya face à l'homme et soumise uniquement à Dieu .[/center]
Voici un poème d'un mort, écrit de la main d'un vivant, qui, entre la vie et la mort, a tant souffert des coups du sort qu'il ne lui reste plus qu'un corps presque invisible,mais présent. Si tu voulais me reconnaitre, pas une lettre de ma lettre ne t'aiderais à me trouver. Mais il suffirait que tu fasses battre tes cils,pour me sauver et que mon mal enfin s'efface
ABU NUWAS
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu,et qui s'est brisé.Chacun en ramassa un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve.
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Au milieu des vivants si je me vois en vie, le Destin a détruit la plupart de mon moi. Ce qui est mort en moi,c'est le vif qui l'appuie, en servant de tombeau à ce qui n'est plus moi. Mon Dieu, tu as toujours été bon envers moi et ma reconnaissance est bien peu adéquate. Dois-je te présenter mes excuses bien plates? Mais mon excuse, à moi ,c'est que je n'en ai pas.
ABU NUWAS
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Mon péché, je l'avoue-et ne le ferais plus, de peur de trop souffrir d'etre éloigné de l'Autre. N'est-il point de pardon du pécheur pour ses fautes? Tu n'as jamais gouté tout ce que j'ai vécu. Je le jure par Dieu,qui est mon seul Seigneur, on peut mourir d'amour,et tu l'as toujours su: la plus rapide mort, c'est la mort avant l'heure.
ABU NUWAS
Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/03/11 02:47 par sheera.
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