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Il y a cent ans fin du califat ottoman : Pour un Islam du XXIe siècle
29 mars 2024 18:07
Article de Chems Eddine Chitour

[blogs.mediapart.fr] m-du-xxie-siecle

«Les califes bien guidés» (632-661)

«À la mort du prophète, dans l’ordre, les quatre premiers califes ont été : Abou Bakr As-Siddiq (632-634) ; Omar ibn al-Khattab (634-644) ; Othman ibn Affan (644-656) ; Ali ibn Abi Talib (656-661). Peu après la mort de Mohammed (QSSL) lors d’un rassemblement d’Ansars et de Muhadjir, Abou Bakr est nommé successeur pour guider la oumma, [la communauté des croyants ndR]. Ce qui fait de lui le premier calife de l’histoire. Abou Bakr se concentra sur les empires perses et byzantins. Certains récits montrent que durant cette période, Abou Bakr contribue également à préserver sous forme écrite le Coran et qu’il est le premier à ordonner de compiler le recueil des révélations sacrées dont il confie la tâche à Zayd ibn Thâbit. Abou Bakr prend soin de nommer ‘Omar ibn al-Khattâb comme successeur, peu de temps avant de mourir en 634 à Médine».2

«Omar règne dix ans et est nommé calife. Durant son califat, Omar met un terme aux hostilités avec les Perses sassanides, et conquiert la Mésopotamie (l’actuel Irak), l’Égypte, la Palestine, la Syrie, l’Afrique du Nord, l’Arménie et les deux tiers de l’Empire romain d’Orient tout en laissant aux peuples et aux territoires la liberté de pratiquer leur culte, sans forcer leur conversion à l’islam. Ce succès va faire de Omar un des grands génies politiques de l’histoire. Omar est également connu dans la communauté sunnite pour sa simplicité et son mode de vie austère. En 639, il décrète que les années de l’ère islamique devraient désormais commencer à la première année de l’Hégire, en 622. Durant son règne, ‘Omar fonde la Bayt al-Mal (….) l’administration des impôts tels que la Zakât prélevée sur les musulmans ou bien la Jizya et le Haraj pour les non-musulmans ». ‘Omar meurt en 644, poignardé. Sur son lit de mort il désigne cependant un comité de six personnes devant choisir parmi eux le troisième calife. Othmân ibn Affân est l’élu de ce comité».[2]

«Othmân règne pendant douze ans en tant que calife. Durant son règne, toute la Perse, le Caucase, Chypre sont conquis Son règne est caractérisé par un contrôle plus centralisé des revenus. Il nomme plusieurs de ses parents comme gouverneurs des nouveaux domaines. Othmân est célèbre dans l’histoire de l’islam pour son implication à compiler le texte du Coran tel qu’il existe aujourd’hui. Il a confié ensuite à Zayd ibn Thabit ainsi qu’à d’autres d’en préparer plusieurs copies et de les envoyer dans chaque ville et d’autres lieux importants du territoire musulman et fait détruire les versions non conformes. Il meurt à Médine le 17 juin 656 dans sa propre maison. Ali ibn Abi Talib sera le troisième calife, Ali renvoie plusieurs gouverneurs de province, dont certains étaient des proches de Othmân, Son califat coïncide avec une guerre civile qui éclate entre musulmans de 656 à 661. Cette guerre civile, souvent appelée «première Fitna», met fin à l’unité de la Oumma. Ali meurt assassiné le 21 du mois de ramadan dans la ville de Koufa en 661». Ce sera la fin des «califes bien guidés».
29 mars 2024 18:09
Le califat omeyyade (661-750)

«Par la suite le petit-fils du prophète Hasan ibn Ali est nommé calife en 661. Il est considéré comme un souverain juste par l’ensemble des musulmans sunnites mais, son pouvoir est contesté et finalement retiré par le gouverneur de la Syrie, Muawiya Ier (Muâwiya ibn Abi Soufyan). Le califat omeyyade gouverne le monde musulman de 661 à 750. Les Omeyyades sont originaires de la tribu de Qurayš. À la suite de la guerre civile ayant opposé principalement Mu’āwiyah ibn ‘Abī Sufyān, gouverneur de Syrie, au calife ‘Alī ibn ‘Abī Ṭalib, et après l’assassinat de ce dernier, Mu’āwiyah est acclamé par ses partisans ; les tribus arabes syriennes, le reconnaissent comme calife en 659 ou 660. Mu’āwiyah fonde Damas comme capitale d’un califat qui s’étend même au-delà des Pyrénées. Après l’Espagne, plusieurs villes françaises sont occupés comme Nîmes, Narbonne dans le Languedoc».3

«Les non musulmans (chrétiens, juifs, zoroastriens, etc.) jouissent d’une liberté de culte et d’une large autonomie judiciaire, mais ils sont soumis à l’impôt de la ǧizyah en compensation de leur exemption du service militaire. Le principal défi de Mu’āwiyah Ier est de rétablir l’unité de la communauté musulmane et d’affirmer la crédibilité des institutions, ainsi que son propre pouvoir, à travers les provinces du califat après la désintégration politique et sociale de la Grande discorde. Les principales voix d’opposition viennent d’Irak : Koufa et Bassorah. Vers 746, ‘Abū Muslim al-Ḫurāsāniy initie une insurrection ouverte contre le pouvoir omeyyade ralliant de plus en plus de partisans sous le signe de l’étendard noir des Abbassides. Ces derniers prennent très vite le contrôle de tout le Khorassan, Koufa est prise en 749 et Wasit, dernier bastion omeyyade en Irak, est assiégée. Marwān II, à la tête de l’armée omeyyade, se dirige alors vers l’est pour arrêter les Abbassides. Les deux armées se rencontrent début de 750 et les Omeyyades sont défaits. ‘Abū al-‘Abbās as-Saffāḥ, chef des Abbassides, est proclamé calife à Koufa. C’est la fin du califat omeyyade».[3]
Le califat abbasside (750-1517)

«Le califat abbasside qui gouverne le monde musulman de 750 à 1258. La dynastie des Abbassides est fondée par As-Saffah, issu d’un oncle de Mahomet, (QSSL) Al-Abbâs. Sous les Abbassides, le centre de gravité de l’islam se déplace de la Syrie vers l’Irak où une nouvelle capitale est fondée en 762 : Bagdad. La civilisation arabo-musulmane est à son apogée, dans un empire qui s’étend de l’Ifriqiya aux rives de l’Indus. La dynastie abbasside donne naissance à d’illustres califes comme Al-Mânsur, Al-Ma’mūn ou encore le légendaire Harun ar-Rachid qui étendent la religion musulmane, la langue arabe ainsi qu’une conscience universaliste de l’islam qui caractérise tout le monde médiéval musulman».4

«Le premier calife abbasside est Abû al-Abbâs, dit as-Saffah17 (750-754). La première capitale abbasside fut placée dans la ville d’Hâshimiyya près de Koufa. Les débuts du nouveau califat Abbasside sont essentiellement dirigés vers la consolidation et la centralisation du nouvel État. Les premiers califes mènent la transition économique du modèle omeyyade reposant sur le tribut, le butin ou la vente d’esclaves vers une économie basée sur les impôts, le commerce et l’agriculture. La conversion massive des Perses apportent avec eux toute l’expérience. De plus l’islamisation des perses augmente la pression envers les autres peuples de religion chrétienne ou juive qui adoptent aussi l’islam afin de ne pas être défavorisés dans leur accession aux postes importants».[4]
L’âge d’or du califat Abasside

«En 786, le calife Hârûn ar-Rachîd monte sur le trône. Sous son règne, on voit se développer les villes. On peut parler d’un empire urbain. Les premiers califes doivent lutter contre de nombreuses oppositions au sein du vaste empire qu’ils héritent des Omeyyades. Sous cette dynastie, l’économie est prospère ; les villes se développent ; l’industrie, les arts et les lettres atteignent leur apogée. Les Arabes contrôlent le trafic international, par mer et par caravanes, de l’Occident à l’Inde et la Chine, en passant par l’Égypte, l’Afrique et les pays slaves. Le développement des lettres, des sciences et des arts puise son inspiration dans la civilisation persane (Les Mille et Une Nuits) mais aussi dans les œuvres de l’antiquité classique traduites en arabe. Les révoltes et les troubles ne cessent pas pour autant. Les premiers califes, Abû al-Abbâs (750-754), AbûJa’far al-Mansûr (754-775), Al-Mahdî (775-785) et Harun ar-Rachid (786-809), doivent lutter contre les soulèvements extrémistes. Ils ne peuvent empêcher le détachement de l’Espagne (756) ni la persistance des troubles en Iran».[4]
29 mars 2024 18:10
Le Califat de Cordoue (929 -1031)

Les Abbassides détruisent la plupart des tombeaux omeyyades, n’épargnant que celui de ‘Umar II, et presque tous les membres de la famille sont traqués et tués, mais le prince ‘Abd ar-Raḥmān ibn Mu’āwiyah, petit-fils de Hišām, réussit à s’enfuir, à gagner al-‘Andalus via le Maghreb et à y établir un émirat à Cordoue. En 929, l’émir ‘Abd ar-Raḥmān III prend le titre de calife. Le califat omeyyade de Cordoue gouverné par la dynastie des Omeyyades dominait aussi une partie de l’Afrique du Nord. Succédant à l’Émirat de Cordoue (756-929) avec toujours Cordoue comme capitale, il a duré jusqu’en 1031. La période, caractérisée par une expansion du commerce et de la culture, a vu la construction de chefs-d’œuvre de l’architecture d’Al-Andalus. Abd al-Rahman III transforme et embellit Cordoue et fixe sa résidence à Madinat al-Zahra».5

«Abd al-Rahman III entretient de bons rapports avec les juifs et les chrétiens. Al-Hakam II réunit une bibliothèque de plus de 400 000 volumes. Il envoie ses agents dans le monde à la recherche d’ouvrages rares. Ce travail aurait contribué à la transmission du legs gréco-romain à l’Occident. Cordoue était déjà un centre culturel et intellectuel parmi les plus importants du monde méditerranéen. Les Berbères formaient le gros de l’armée qui s’empara de l’Espagne wisigothique. Son successeur Hicham II, en raison de son jeune âge, règne sous la tutelle du vizir du palais. Sous le règne d’al-Hakam II, à partir de 961, le califat est à son apogée. Au sommet de sa prospérité, le califat est agité par les velléités du vizir Almanzor de supplanter le calife. Le vizir parvient à vaincre les Arabes qui s’étaient rebellés après son coup de force en s’appuyant sur de nouveaux arrivants berbères».[5]

«Sous son règne et celui de son prédécesseur al-Hakam II, al-Andalus connaît la prospérité. Fort de ses victoires Almanzor concentre tous les pouvoirs du califat, instaure sa propre dynastie, ce qui aboutit moins de 10 ans après sa mort en 1002 à la guerre civile en al-Andalus, le califat de Cordoue amorce sa chute tandis que l’armée nomme et destitue les califes. La guerre civile éclate à la mort de son fils Abd al-Malik al-Muzaffar en 1008. Les Berbères, les Arabes, les Suèves et les Espagnols s’affrontent pour le pouvoir. Cordoue est saccagée par les chrétiens en 1009. Madinat al-Zahra, la résidence du calife près de Cordoue, est détruite en 1013. Le califat est partagé entre 23 roitelets indépendants (reyes de taifas, muluk at tawaif). Leurs gouverneurs se proclament émirs et lient des relations diplomatiques avec les royaumes chrétiens. En 1031, après des années de luttes intestines, il s’est fracturé en un certain nombre de taïfa (royaumes) musulmans indépendants».[5]
Le califat fatimide (909-969)

«Le Califat fatimide était un califat islamique chiite ismaélien, mené par la dynastie des califes fatimides, qui régna depuis l’Ifriqiya (entre 909 et 969) puis depuis l’Égypte (entre 969 et 1171). Fondé en 909 par Ubayd Allah al-Mahdi Il englobe par la suite une grande partie de l’Afrique du Nord, la Sicile et une partie du Moyen-Orient. Les Fatimides sont issus de la branche religieuse chiite pour laquelle le calife doit être choisi parmi les descendants d’Ali. Ils considèrent les Abbassides sunnites comme des usurpateurs de ce titre. Ubayd Allah al-Mahdi, qui arrive de Syrie, trouve un terrain préparé par des missionnaires propagandistes. En l’occurrence, Abu Abd Allah ach-Chi’i, envoyé en Afrique du Nord, sait gagner à sa cause les Berbères Ketamas, tribu qui était établie à Ikjer en Petite Kabylie. Les Ketamas sont connus pour avoir été les fondateurs du califat fatimide (909-1171), qui renversa les Aghlabides qui contrôlaient alors l’Ifriqiya et conquit ensuite l’Égypte et le sud du Levant en 969-975. Pour la première fois le mouvement de conquête part de l’Occident (berbère) vers l’Orient (arabe), laissant également un pouvoir berbère – les Zirides – au Maghreb. En 969, les Fatimides conquièrent l’Égypte, entrent à Fustât le 7 juillet 969. Ils fondent, près de cette ville, une nouvelle capitale qu’ils nomment al-Qâhira (Le Caire), ce qui signifie «la Victorieuse». Les Fatimides continuèrent à étendre leurs conquêtes jusqu’à la Syrie et parvinrent à s’établir à Malte et en Sicile. Plus tard le calife Al-Hâkim disparaît le 13 février 1021. Il aurait été assassiné à l’instigation de sa sœur Sitt al-Mulk. À la mort du dernier calife fatimide al-Adîd, le 13 septembre 1171, Saladin annexe le califat à celui de Bagdad, le rendant ainsi au sunnisme».6
29 mars 2024 18:11
Le Califat Ottoman. Une illusion (1517-1924)

«Après la fin de la dynastie abbaside le califat s’est évaporé mais les métastases étaient dans le corps social musulman depuis longtemps car de fait, mises à part des périodes lumineuses (Al Andalous et Bagdad éphémères) la charge de califat a donné lieu à d’interminables batailles, des meurtres, des assassinats du fait de l’hubris du pouvoir, l’exemple les plus symptomatiques est celui des 23 royaunes sanafirs en Espagne (reyes des taifas, muluk ataouif). De plus comme l’écrit Mathieu Guidère : «Le califat ottoman est marqué par un double processus de «désacralisation» du titre islamique suprême et de «turcisation» de la fonction califale. Il demeure le seul califat panislamique et non arabe inscrit dans la durée. Sa domination au cours de l’époque moderne a permis de détacher, dans la conception du gouvernement islamique, la direction spirituelle de l’islam (commandeur des croyants) de l’origine ethnique du souverain (arabe). En effet, jusque-là, les deux aspects (arabe et musulman) étaient une condition sine qua non pour pouvoir être proclamé calife. Mieux, il fallait que la généalogie de l’élu se rattache d’une façon ou d’une autre à la tribu d’origine de Mohammed, Quraysh ; autrement dit, qu’il soit qurayshite. Il était difficile de prouver ce lien avéré avec les Arabes de Quraysh. Ces conditions drastiques, ont conduit les sultans ottomans à attendre le siècle pour prétendre officiellement au titre de «calife». En effet, le titre apparaît pour la première fois, du côté occidental, dans le traité de 1774 signé avec la Russie de Catherine II. Par ce traité, le sultan ottoman renonce à sa souveraineté sur les territoires de la Crimée mais obtient, en sa qualité de «calife», de garder la protection des habitants musulmans de ces contrées, la minorité tatare».7
Il y a cent ans «tombait» le califat ottoman (1924)

«Le califat était une laborieuse construction écrit le professeur Jean Pierre Filiu qui permit au sultan ottoman de se proclamer calife en 1774… dans le cadre d’un traité avec la Russie il conservait en tant que calife une autorité spirituelle sur la population musulmane de ce territoire. Cette union, dans la seule personne du souverain ottoman, des pouvoirs temporels du sultan et spirituels du calife perdura jusqu’à l’accession au pouvoir, en 1908, des Jeunes-Turcs, parti politique nationaliste révolutionnaire».8

«Le califat serait ainsi un non évènement car écrit l’historien : «La volonté de réunir l’ensemble des musulmans sous un même pouvoir s’étant finalement révélée illusoire, le 3 mars 1924, le Parlement turc vote l’abolition du califat C’est la fin d’un mythe, celui du magistère ottoman sur l’oumma. Mais c’est aussi la fin d’une illusion, puisque le calife ottoman avait perdu tout pouvoir temporel avec l’abolition du sultanat en 1922. La dignité de calife avait eu pendant plus de deux siècles une importance mineure pour les sultans ottomans, attachés à leur pouvoir (sulta) effectif plutôt qu’à la succession (khilafa) du prophète Muhammad».[8]

«Pour l’histoire du hold up et dans le même contexte, sur l’illusion califale, le professeur Julien Loiseau écrit : «En 1517, le sultan Sélim 1er avait ramené du Caire à Istanbul le calife Al-Mutawakkil III, lointain descendant des Abbassides expulsés de Bagdad en 1258. S’il y a eu abolition du califat, elle s’est donc produite lors de la prise du Caire en 1517, et non lors du vote d’Ankara en 1924. En outre, les Ottomans n’avaient aucun droit à revendiquer un titre dont on pouvait débattre s’il devait échoir à la parentèle du prophète. Les nouveaux maîtres de l’Empire n’hésitent alors pas à remplacer en 1909 Abdülhamid II Mehmed V. Ils croient profiter de son prestige de calife pour déclencher en son nom, en novembre 1914, le djihad qui n’eut aucun écho, preuve que l’autorité morale du calife n’est déjà plus qu’une fiction».9
29 mars 2024 18:12
«À partir du milieu du XIe siècle s’imposa la fiction légale d’une délégation du pouvoir du calife au «sultan», détenteur réel de la puissance guerrière et de l’autorité politique. Commença ainsi la plus longue phase de l’histoire du califat, celle où l’institution suprême de l’Islam se limita à représenter l’unité (perdue) de l’empire islamique, en protégeant de loin les pèlerinages des musulmans à La Mecque. La prise de Bagdad par les Mongols en 1258 mit un terme brutal à une histoire commencée cinq siècles plus tôt lors de la fondation de la ville en 762. En 1517 le sultan ottoman Selim entrait au Caire, déportait à Istanbul les derniers représentants de la famille abbasside. Mais alors que s’éteignait la dynastie des Abbassides, il aurait encore paru incongru qu’un souverain turc, revêtît une dignité réservée en droit islamique à un Arabe de Quraysh, la tribu du Prophète. (…) En 1774, le traité pour le contrôle de la Crimée attribuait au Tsar la souveraineté sur ce territoire, et au sultan l’autorité religieuse et légale sur ses habitants musulmans : pour la première fois, le sultan ottoman recevait officiellement le titre de calife. Le titre de «successeur du Prophète» semblait une relique du passé».[9]

«Dès novembre 1922, la Turquie abolit le sultanat des Ottomans. Le 3 mars 1924, la grande Assemblée nationale présidée par Mustafa Kemal abolissait le califat. Le dernier calife, Abdülmecid II, était exilé à Paris. Deux jours seulement après cette décision, le roi du Hedjaz, Hussein ibn Ali, maître de La Mecque et de Médine revendiquait le titre, aussitôt contesté par le roi d’Égypte Fouad, qui entendait convoquer au Caire un «congrès du califat». Mais en octobre 1924, la conquête de La Mecque par Ibn Saoud et l’intégration des lieux saints de l’Islam au royaume wahhabite offraient une solution alternative à son rétablissement. Il faut attendre Daech en 2014 pour que le califat fasse un retour fracassant dans l’histoire du Proche-Orient».[9]
Daech ou le Califat pour tous (2014-

«90 ans après la suppression du califat par Mustafa Kemal, Daech à l’été 2014 se fait connaitre : «Stupeur et l’effroi : Daech est l’acronyme arabe pour «État islamique en Irak et au Levant», organisation terroriste née fin 2006. En avril 2013, al-Baghdadi annonce la création de l’«État islamique en Irak et au Levant» (Daech, en arabe ad-dawla al-islāmiyya fi-l-’irāq wa-š-šām). Le 29 juin 2014 après la prise de Mossoul, deuxième ville du pays, al-Baghdadi proclame la «restauration du Califat», qui correspond symboliquement au premier jour du Ramadan dans le calendrier musulman (Hégire). Tout un symbole. Mathieu Guidère en parle : «La remise en cause des frontières issues de l’accord Sykes-Picot de 1916 a été clairement annoncée dans le discours d’investiture d’al-Baghdadi comme «Calife». Il n’est pas inutile de rappeler que l’accord Sykes-Picot, que dénonce le chef de Daech et calife autoproclamé à Mossoul, avait été signé secrètement, avec la bénédiction de la Russie tsariste. Il stipulait que les forces coloniales avaient promis aux Arabes un «grand royaume libre et indépendant» en échange de leur soutien contre le «Califat ottoman»».10

«Le chérif Hussein attendit en vain jusqu’en 1920 que la Grande-Bretagne et la France honorent leurs promesses. Mais celles-ci tracèrent les frontières du futur Irak, de la nouvelle Syrie, du Liban, de la Jordanie, du Koweït, pendant que les implantations sionistes se multipliaient à Jérusalem et à Jaffa avec la bénédiction des Britanniques consécutivement à la Déclaration Balfour promettant un foyer national juif (1917). Dans ses prolégomènes, Ibn Khaldoun le définit en ces termes : «Le serment d’allégeance (bay‘a) consiste à rendre hommage d’obéissance. La personne qui le prête passe une sorte de contrat avec son émir, auquel elle confie le gouvernement de ses affaires et de celles des musulmans». La bay‘a engage toute la communauté que ces personnes sont censées représenter. Du point de vue du Calife, l’effet de la bay‘a est personnel et limité dans le temps».[10]

«Plusieurs organisations poursuit Mathieu Guidère s’érigèrent en califats : «le Nigérian Abubakar Shekau, de Boko Haram, l’a annoncé, le 24 août 2014. Le 14 septembre 2014 ce groupe se baptiste Jund al-Khilāfah fi Arḍ al-Jazā’ir, suit le Sinaï le 10 novembre 2014, date à laquelle le groupe jihadiste Ansar Beit al-Maqdis prête allégeance à Daech. L’annonce de ralliement à Daech a été chaque fois accompagnée par une référence à la volonté de restaurer le Califat abbasside disparu en 1258 avec le sac de Bagdad par les Mongols».[10]

«Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre les deux courants sunnites et chiites reposent sur une querelle de succession politique. Pour les sunnites, le chef de la communauté musulmane doit être un homme ordinaire. Pour les chiites, la communauté musulmane ne peut être dirigée que par les descendants de la famille du Prophète. Enfin l’imam, incarne à la fois les pouvoirs tem



Modifié 1 fois. Dernière modification le 29/03/24 18:14 par enicnaY.
29 mars 2024 18:14
«Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre les deux courants sunnites et chiites reposent sur une querelle de succession politique. Pour les sunnites, le chef de la communauté musulmane doit être un homme ordinaire. Pour les chiites, la communauté musulmane ne peut être dirigée que par les descendants de la famille du Prophète. Enfin l’imam, incarne à la fois les pouvoirs temporel et spirituel, Il est la «preuve de Dieu» (ayatollāh) sur terre Il n’en est rien pour le «Calife» qui représente avant tout un symbole d’unité de l’Oumma et un garant de bonne gouvernance islamique (ḥākimiya). Les deux principaux concurrents de l’islam sunnite sont le salafisme et le frérisme. Le premier est issu de la pensée du théologien Ibn Taymiya (mort en 1328), avec la pensée Abd al-Wahhab (mort en 1792) devenant la doctrine officielle de l’État saoudien. Le second courant théologique et idéologique est issu de la pensée originelle de la Confrérie des Frères musulmans égyptiens, fondée par Hassan al-Banna en 1928».[10]

«En relisant les écrits et les discours de ses principaux chefs, on se rend compte que la contestation des États existants était depuis le début au cœur de leur rhétorique et que le projet de construction politique avait toujours été présent dans les esprits. Deux exemples contemporains taillés par la force : l’État saoudien en 1932 (Ikhouan) et l’État hébreu en 1948 ( l’Irgoun) (…) En effet, à l’été 2015 Daech affiche tous les attributs d’un État : continuité territoriale entre la Syrie et l’Irak, une population de plus de huit millions d’habitants : des formes de gouvernement aux niveaux qui administrent des villes aussi importantes que Mossoul en Irak Raqqa en Syrie».[10]
Le califat est-il consubstantiel à la gouvernance ?

«Autorité suprême de l’islam pendant des siècles, le califat que les fondamentalistes rêvent de restaurer n’est pas consubstantiel à la religion musulmane, relève le philosophe Souleymane Bachir Diagne. À la fin de la Première Guerre mondiale, le projet de dépecer le califat ottoman allié au Reich fut mis en œuvre. Les pays de l’Entente détachèrent ainsi les nationalismes arabes au Moyen-Orient et au Maghreb de la tutelle califale turque. En 1920, en Inde le mouvement (le khilafat movement) publia un Manifeste du califat qui exigeait de la Grande-Bretagne qu’elle protégeât le califat Cette mobilisation portait le message qu’un califat n’était pas seulement un gouvernement, mais aussi et d’abord une institution religieuse consubstantielle à l’islam même. Est-ce le cas ? Ironie de l’histoire : c’est la Turquie elle-même qui, de facto, répondit «non» à cette question. La guerre et la révolution conduites par Mustafa Kemal ont abouti d’une part à un nouveau traité − celui de Lausanne en 1923, plus avantageux pour la Turquie. La Grande Assemblée nationale turque, en abolissant le califat le 3 mars 1924, envoya au monde musulman le message suivant : de jure, le califat n’est pas consubstantiel à l’islam et les sociétés musulmanes, dans leur diversité, ont aujourd’hui la responsabilité de construire les institutions politiques modernes qui traduiront au mieux les aspirations des peuples».11
Conclusion : Pour un califat technologique 4.0 pour sauver l’Islam

Pour répondre au philosophe Souleymane Diagne, peut on vivre sans transcendance ? Il est vrai que nous sommes au XXIe siècle, l’islam devrait être un référent éthique et moral mais la gestion de la cité relève du profane. «Rendons à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu» pour reprendre cette parabole du Christ. L’islam du XXIe siècle pour qu’il retrouve son lustre, devra libérer le croyant qui gère d’une façon personnelle sa relation verticale à Dieu. Sa valeur ajoutée en tant que citoyen ne doit en aucun cas être amalgamée à sa croyance. Il en est de même de la gestion des États. Souvenons-nous, l’apogée de l’islam est illustré par le cadeau fait par Haroun Ar Rachid à Carl Der Gross francisé en Charlemagne empereur du saint empire germanique : Une clepsydre, la première horloge du monde. En échange l’empereur lui envoie des lévriers. Non ! les savants musulmans d’alors qui se sont épanouis à l’ombre d’un califat tolérants n’étaient pas des barbares !

Comment arriver à un islam de la science qui apporte sa valeur ajoutée à la paix du Monde ? Souvenons-nous les musulmans n’étaient pas seulement Arabes, mais Perses, Berbères, Kazakhs, Ouzbeks. L’islam du XXIe siècle devra, pour redevenir un pôle attractif permettre cette liberté de penser perdue qui a fait les bonnes heures de l’islam. C’est à cette condition que nous irons vers ce XXIe siècle où les espérances sont de plus en plus démonétisées par une science conquérante et rationnelle. Seule demeure la réalité du savoir et l’islam recommande d’aller en Chine. Ironie de l’histoire le savoir du Web 4.0 de la 5ème génération, du Chat GPT est en grande partie abritée par ce pays. Iqra devrait être le crédo ! Amin !
U
29 mars 2024 19:49
Barak'Allah u fik ! qu'Allah te récompense !
Citation
enicnaY a écrit:
Article de Chems Eddine Chitour

[blogs.mediapart.fr] m-du-xxie-siecle

«Les califes bien guidés» (632-661)

«À la mort du prophète, dans l’ordre, les quatre premiers califes ont été : Abou Bakr As-Siddiq (632-634) ; Omar ibn al-Khattab (634-644) ; Othman ibn Affan (644-656) ; Ali ibn Abi Talib (656-661). Peu après la mort de Mohammed (QSSL) lors d’un rassemblement d’Ansars et de Muhadjir, Abou Bakr est nommé successeur pour guider la oumma, [la communauté des croyants ndR]. Ce qui fait de lui le premier calife de l’histoire. Abou Bakr se concentra sur les empires perses et byzantins. Certains récits montrent que durant cette période, Abou Bakr contribue également à préserver sous forme écrite le Coran et qu’il est le premier à ordonner de compiler le recueil des révélations sacrées dont il confie la tâche à Zayd ibn Thâbit. Abou Bakr prend soin de nommer ‘Omar ibn al-Khattâb comme successeur, peu de temps avant de mourir en 634 à Médine».2

«Omar règne dix ans et est nommé calife. Durant son califat, Omar met un terme aux hostilités avec les Perses sassanides, et conquiert la Mésopotamie (l’actuel Irak), l’Égypte, la Palestine, la Syrie, l’Afrique du Nord, l’Arménie et les deux tiers de l’Empire romain d’Orient tout en laissant aux peuples et aux territoires la liberté de pratiquer leur culte, sans forcer leur conversion à l’islam. Ce succès va faire de Omar un des grands génies politiques de l’histoire. Omar est également connu dans la communauté sunnite pour sa simplicité et son mode de vie austère. En 639, il décrète que les années de l’ère islamique devraient désormais commencer à la première année de l’Hégire, en 622. Durant son règne, ‘Omar fonde la Bayt al-Mal (….) l’administration des impôts tels que la Zakât prélevée sur les musulmans ou bien la Jizya et le Haraj pour les non-musulmans ». ‘Omar meurt en 644, poignardé. Sur son lit de mort il désigne cependant un comité de six personnes devant choisir parmi eux le troisième calife. Othmân ibn Affân est l’élu de ce comité».[2]

«Othmân règne pendant douze ans en tant que calife. Durant son règne, toute la Perse, le Caucase, Chypre sont conquis Son règne est caractérisé par un contrôle plus centralisé des revenus. Il nomme plusieurs de ses parents comme gouverneurs des nouveaux domaines. Othmân est célèbre dans l’histoire de l’islam pour son implication à compiler le texte du Coran tel qu’il existe aujourd’hui. Il a confié ensuite à Zayd ibn Thabit ainsi qu’à d’autres d’en préparer plusieurs copies et de les envoyer dans chaque ville et d’autres lieux importants du territoire musulman et fait détruire les versions non conformes. Il meurt à Médine le 17 juin 656 dans sa propre maison. Ali ibn Abi Talib sera le troisième calife, Ali renvoie plusieurs gouverneurs de province, dont certains étaient des proches de Othmân, Son califat coïncide avec une guerre civile qui éclate entre musulmans de 656 à 661. Cette guerre civile, souvent appelée «première Fitna», met fin à l’unité de la Oumma. Ali meurt assassiné le 21 du mois de ramadan dans la ville de Koufa en 661». Ce sera la fin des «califes bien guidés».
C
29 mars 2024 21:10
Histoire passionnante de la civilisation islamique où on voit que la désunion a commencé tôt.
 
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