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Grand Angle

La normalisation avec Israël est-elle entrain de se banaliser au Maroc ?

Le Maroc était connu pour ses grandes marches de solidarité avec la Palestine, comme lors des manifestations du 7 avril 2003 et du 8 juillet 2006 à Rabat. En 2018, les marches du 13 mai à Rabat et du 20 mai à Casablanca ont par contre décu en terme de mibilisation. L’engagement des Marocains a-t-il depuis faibli ?

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«Taza avant Gaza», est-il en train de devenir plus qu'un slogan provocateur d'éditorialiste ? Au Maroc, les rumeurs sur une éventuelle normalisation des relations diplomatiques avec Israël ne mobilisent pas autant qu'il y a 15 ans. Les accords de paix signés par les Emirats arabes unis et Bahreïn le 15 septembre à la Maison blanche n’ont pas déclenché une large réprobation populaire. Assiste-t-on a une banalisation de ce nouvel équilibre des forces au sein même du monde arabe ? 

Mohamed Benjelloun Andaloussi, président de l’Association de soutien à la lutte du peuple palestinien, rejette catégoriquement le terme de «banalisation». «C’est grâce à la mobilisation des partis politiques, des syndicats et de la société civile que Jared Kushner, le conseiller spécial du président Donald Trump, a été contraint d’annuler sa visite au Maroc et ce malgré les pressions. Il avait pourtant effectué des déplacements au royaume au moins à deux reprises», s’est félicité l'ancien député de l’Istiqlal et ex-secrétaire général de son bras syndical l’UGTM.

Le 1er septembre, un collectif regroupant des islamistes et des représentants de la gauche a en effet signé une pétition condamnant le projet de visite de Kushner au Maroc. Une initiative qui a bénéficié d’une large médiatisation. «Au niveau populaire, la participation à distance à la conférence du 4 septembre contre l’établissement de relations diplomatiques avec Israël était exceptionnelle. C’est un autre signe confirmant que la normalisation avec cette entité ne se banalise pas au Maroc», martèle Benjelloun.

«Les raisons de la banalisation», selon Assid

Ahmed Assid, intellectuel amazigh accusé par certains milieux panarabistes et islamistes de défendre les intérêts de l’Etat hébreu au Maroc, ne partage pas l’analyse du président de l’Association marocaine de soutien à la lutte du peuple palestinien. «Les Marocains ont perdu confiance en les professionnels du discours pro-Palestine. Auparavant, c’étaient les panarabistes qui avaient le monopole de ce dossier sous prétexte du nationalisme arabe et maintenant ce sont les islamistes qui ont pris le relais sous la bannière de la religion alors qu’il s’agit d’une question d’occupation et d’un peuple qui réclame sa terre. C'est tout», explique-il.

«Après plus de 70 ans d’impasse, l’engagement et l’enthousiasme des Marocains ont faibli. Les flagrantes divergences entre les Palestiniens de l’Autorité de Mahmoud Abbas et ceux du mouvement islamistes Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2006, ont contribué à ce que les Marocains se désinteressent progressivement de ce dossier.»

Ahmed Assid

Assid avance également le facteur relatif au contexte arabe, rappelant à cet égard les accords avec les Emirats arabes unis et le Bahreïn signés avec Israël. «Parfois, les professionnels du discours pro-Palestine oublient que le Maroc compte une forte communauté en Israël, estimée à 900 mille personnes, qui souhaite garder des liens avec ses origines marocaines. A cela, s’joute les visites de personnalités israéliennes au Maroc et les touristes israéliens VIP qui se rendent au royaume ainsi que l’accueil par les plus autorités du pays de responsables israéliens. Autant de facteurs qui convergent vers une banalisation de la normalisation», conclut-il.

Des positions diamétralement opposées qui témoignent de la fracture au sein du champ politique marocain qui risque de s'accentuer avec le changement de paradigme géopolitique dans les pays du Golfe.

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