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Grand Angle

Pays-Bas : Des émeutes successives à Utrecht entre jeunes néerlando-marocains et policiers

Depuis vendredi, des quartiers d’Utrecht sont le théâtre d’émeutes entre jeunes néerlando-marocains, venus manifester et vandaliser des biens, et des éléments de la police. Pour Abdelkader El Yendouzi, président d’un centre islamique à Utrecht, «tout le monde se pose la même question : ‘quelle en est la raison ?’ Mais personne n’a de réponse».

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Dans le quartier Overvecht d'Utrecht, la police néerlandaise a procédé à 23 arrestations. / Ph. Michiel Van Beers
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Depuis vendredi, la ville d’Utrecht vit au rythme de manifestations et d’actes de vandalisme visant plusieurs quartiers de la ville, par des jeunes. «Vendredi à Kanaleneiland, les jeunes sont venus suite à un appel via les réseaux sociaux pour des émeutes dans le quartier. La police a été bombardée de pierres et de feux d'artifice», écrit le média RTV Utrecht

«Les voitures en stationnement ont également été visés. La situation a été particulièrement agitée à proximité d’Oranjerivierdreef et Wolgadreef, où la police a fermé les routes d'accès à proximité de ces rues.» Bilan de la soirée ? 18 arrestations au Kanaleneiland. Le journal NOS évoque la présence d'environ 250 jeunes présents et d'une soirée mouvementée à La Haye.

Le lendemain, à Overvecht (Utrecht), des groupes de jeunes ont investi la rue, avec des jets de pierres et d’actes de vandalisme, ayant conduit à la blessure d’un policier, et 25 arrestations. «Ce sont pour la plupart des adolescents, dont environ la moitié sont de l'extérieur du quartier», ajoute le média dans un autre article.

Des émeutes évitées de justesse à l'ouest d'Utrecht

Dimanche, à Leidsche Rijn, à Utrecht, alors que le même scénario allait se reproduire, des volontaires du Centre culturel islamique Leidsche Rijn (ICCLR) ont pris l’initiative de s’adresser à ces jeunes, pour la plupart d’origine marocaine. «Vendredi et samedi, il y a eu des émeutes dans des quartiers de la banlieue d’Utrecht, impliquant des jeunes d’origine marocaine. La semaine dernière c’était la même situation mais une autre ville aux Pays-Bas», nous explique ce lundi le Néerlando-marocain Abdelkader El Yendouzi, président de l’ICCLR.

«Nous avons ainsi reçu une alerte sur WhatsApp ce weekend, nous informant que ces incidents se dérouleront à Leidsche Rijn. Nous avons donc adressé des messages aux parents de la communauté pour empêcher leurs enfants d’y prendre part et vers 19h, nous nous sommes rendus sur place, dans le centre où ils devaient se réunir, pour dialoguer avec ces jeunes», ajoute-t-il.

Heureusement, dans ce quartier à l'ouest d'Utrecht il n’y a pas eu d’incidents grâce à cette action.

«En vrai, ces jeunes, dont l’écrasante majorité sont d’origine marocaine, n’ont pas de problèmes apparents. S’ils souffrent de discriminations ou de chômage dû à leurs origines, nous sommes prêts en tant qu’institution et de société civile à les soutenir, mais ce n’est pas le cas. Les Marocains d’ici sont diplômés et avec des postes de responsabilités.»

Abdelkader El Yendouzi

Des éléments de la police à Utrecht ce weekend pour empêcher les actes de vandalisme. / DRDes éléments de la police à Utrecht ce weekend pour empêcher les actes de vandalisme. / DRDes éléments de la police à Utrecht ce weekend pour empêcher les actes de vandalisme. / DR

«Aucune raison apparente»

Pour le président de l’ICCLR, «manifester est un droit mais les actes de vandalisme ne sont pas acceptables». «Cela nous touche donc énormément car ce sont nos enfants. Nous tentons de travailler avec les autorités pour leur avenir mais ceux-là empruntent une voie dangereuse», alerte-t-il. Il raconte que ces appels à sortir dans la rue pour manifester, vandaliser et détruire des biens sans raison sont lancés sur les réseaux sociaux, comme Facebook et Instagram. «Lorsque nous avons dialogué avec eux, ils ont compris que cela impacte aussi leur futur et porte atteinte à notre image à tous», précise le responsable.

Abdelkader El Yendouzi assure aussi que la médiation «spontanée», menée par le centre, était avant tout pour empêcher les violences et le vandalisme. Il en veut surtout aux parents de ces jeunes, «presque absents et qui ne s’intéressent pas à eux». Certains parents «ne participent pas à l’éducation et au quotidien de leurs enfants et n’ont pas de communication avec eux», fait-il savoir.

«Pour Utrecht, c’est une première, bien qu’il y ait eu des incidents isolés. Même les autorités locales ont été surprises et tout le monde se pose la même question : "quelle en est la raison ?" Mais personne n’a de réponse», regrette-t-il. «C’est peut-être dû aussi à la conjoncture actuelle, avec le coronavirus, l’absence d’activités et de voyages notamment au bled, mais ce sont des problèmes qui nous touchent tous», tente-t-il d'expliquer.

Même explication pour la police : «cela est principalement lié à… l'ennui». «Ils ne manifestent pas contre quelque chose, mais juste pour tenter de défier la police», déclarent les autorités, citées par RTL Nieuws.

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