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Grand Angle

Maroc : Lourd impact économique du confinement sur les ménages

Le Haut-Commissariat au plan (HCP) a rendu public une note relative aux répercussions économiques de la pandémie du nouveau coronavirus sur la situation des ménages, dans leurs dimensions économique, sociale et psychologique. Il en ressort que la reprise des activités reste encore lente et disparate en fonction des secteurs.

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Photo d'illustration / DR.
Temps de lecture: 3'

Le Maroc fait face aux impacts de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus sur son économie, et les ménages en paient le prix. Evaluant la situation des familles touchées, une note du HCP montre que les programmes de soutien aux personnes qui ont perdu leur emploi dans le privé a pu couvrir une moyenne de 35% de perte de revenus.

Les villes et les milieux urbains restent les plus concernées, avec un taux de 63%, contre 28% dans le monde rural. Les hommes sont également plus consernés (39%) que les femmes (20%). Par ailleurs, l’aide a profité principalement au travailleurs du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) à hauteur de 91%. Le secteur de l’agriculture a été couvert à 77%, tandis que 57% des ménages vivant du commerce ont été appuyés, 47% dans l’industrie et 17% dans les services. Par statut professionnel, 27% parmi les salariés en ont bénéficié et 78% parmi les indépendants et employeurs.

Une aide couvrant plusieurs besoins mais peu de perspectives de reprise

Selon le HCP, cette aide a parfois permis de couvrir l’ensemble des revenus perdus, surtout chez les artisans, les ouvriers qualifiés, ceux des manœuvres agricoles ou encore des manœuvres non agricoles. 20% des personnes parmi celles considérées comme les plus défavorisées ont également pu couvrir ce manque. Dans l’ensemble, 73% des demandeurs de ce soutien en ont bénéficié, ce qui équivaut à 22,4% (6 millions de personnes) de la population en âge d’activité.

Le Haut-Commissariat au plan indique aussi que 9 personnes sur 10 (soit 87% ou 5,2 millions) évoluant dans le secteur informel et ayant perdu leurs emplois ont bénéficié du soutien prévu dans le cadre des programmes du RAMED et de Tadamoun Covid. 12% (740 000 personnes) ont été concernés par le programme d’appui aux salariés affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

Par sexe, 42% des hommes bénéficiaires, contre 17% des femmes, sont des actifs occupés au moment de l’enquête, respectivement 40% contre 24% sont toujours en arrêt de travail et 18% contre 59% sont des chômeurs ou inactifs.

Sur un autre registre, le HCP montre que près des deux-tiers des actifs occupés (66,2%) ont dû arrêter temporairement leur activité durant la période du confinement. Les citadins (68,2%) comme les ruraux (63,1%) ont été touchés, soit 88% des artisans et ouvriers qualifiés et 79% de travailleurs dans les manœuvres non agricoles. Les catégories les plus touchées restent les indépendants et les employeurs (74%), suivis des salariés (65%).

En effet, 58% des ménages ont au moins un membre de famille, contraint d’arrêter temporairement son travail à cause du confinement. Ils sont 56% en milieu urbain et 62% en milieu rural. 53% parmi eux sont encore en situation d’arrêt de travail. En effet, 36% ont repris leur activité, mais 11% restent en inactivité à la recherche d’un nouvel emploi. La reprise de l’activité reste d’ailleurs lente, que ce soit chez les citadins (39%) ou les ruraux (31%).

Le BTP et les services reprennent plus lentement

Par secteur, 33% seulement des travailleurs dans BTP ont repris leurs activités, contre 32% dans l’agriculture, 34% dans les services, 41% dans le commerce et 44% dans l’industrie. Par conséquent, le revenu mensuel moyen des actifs occupés a baissé de moitié, dans le contexte de la pandémie du nouveau coronavirus. Ce repli a particulièrement pesé sur les travailleurs ruraux (62%) plus que les citadins (46%), et chez les hommes (52%) plus que les femmes (42%). 67% des actifs occupés de la classe des 40% les plus pauvres sont concernés, contre 32% des 20% les plus aisés.

48% de l’ensemble des actifs à l’arrêt pendant le confinement indiquent que la raison principale de cette situation a été la fermeture des entreprises ou la réduction des effectifs, qui atteint 70% des salariés, selon le HCP. L’arrêt d’une activité indépendante a été la deuxième raison principale, dans 40% des cas, puis la crainte d’une contamination (7%), surtout chez les travailleurs souffrant de maladies chroniques (14%).

Dans le même contexte, 16% des travailleurs restés en activité sont passés au télétravail, en raison du confinement sanitaire. 24% parmi eux sont des femmes et 13% sont des hommes. 22% font par ailleurs partie des citadins et 5% des ruraux. Ces usages encore nouveaux dans le contexte marocain a été adopté surtout par les cadres supérieurs (62%).

Dans sa note, le HCP indique que cette étude chiffrée a été effectuée entre les 15 au 24 juin, auprès d’un échantillon représentatif de 2 169 ménages.

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