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Grand Angle

Après la crise sanitaire, le Maroc s’expose à sa première récession depuis 1995

En raison des impacts de la crise sanitaire, liée à la pandémie du nouveau coronavirus, le Maroc risque de vivre sa première récession après celle de 1995, selon les prévisions semestrielles de la Banque mondiale. L’institution explique que la pandémie a marqué un coup d'arrêt brusque à l'économie mondiale.

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Photo d'illustration / DR.
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«Une grave récession, la première depuis 1995», est le scénario prévu par la Banque mondiale, en termes de croissance pour le Maroc. Le PIB réel devrait perdre quatre points cette année, alors que les prévisions avant la crise sanitaire indiquait une croissance de 3,6%. En effet, les impacts économiques de la pandémie mondiale du nouveau coronavirus sont la principale raison de ce repli, influencé par les chocs intérieurs et extérieurs, selon la Banque mondiale dans son «Rapport de suivi de la situation économique au Maroc» paru ce mois de juillet.

La perte importante d’emplois, particulièrement chez 66% des professionnels du secteur informel, constitue un poids supplémentaire plombant tout espoir de reprise rapide. Pour atténuer ce choc sur la demande, les aides octroyées aux personnes touchées n’auront couvert que 19% des ménages touchés. Une politique de soutien qui aura un coût au nuveau des finances publiques déjà bien mal en point avec la paralysie de l'économie. Ainsi, le déficit du compte courant devrait atteindre 8,4% cette année, selon la Banque mondiale, en raison de la baisse des recettes d’exportation, touristiques, ainsi que des transferts des MRE.

Pour la Banque mondiale, «la réduction drastique des envois de fonds de la diaspora marocaine dont dépendent de nombreuses familles, constitue un autre effet secondaire économique» lié à la pandémie. A titre comparatif sur le court terme, l’institution rappelle qu’en 2019, ce montant a atteint un total de 6,7 milliards de dollars, soit 6 % du PIB.

Selon l’institution financière internationale, le tourisme reste incontestablement l’un des secteurs les plus durement touchés par les effets économiques du nouveau coronavirus, ce qui est en soi une tendance mondiale. En 2020, le nombre de touristes à travers le monde pourrait baisser de 58 à 78%, en raison des restrictions de voyage et des mesures de confinement sanitaire, rappelle la Banque mondiale.

Impacts lourds sur l'emploi et les finances publiques

Le Maroc n’y échappera donc pas et sera encore plus durement touché, puisque ce secteur «est un facteur essentiel de création d’emplois» qui fournit 750 000 postes directs, en plus de 2,5 millions autres indirects, rappelle la Banque mondiale. «En outre, le tourisme est essentiel dans certaines zones géographiques où les possibilités de croissance alternatives sont limitées», souligne le rapport.

Par un «effet multiplicateur» au Maroc, ces tendances influenceront différents secteurs liés les uns aux autres, «notamment la construction, l’agriculture, l’agro-industrie, les services», entre autres. Contrairement aux prévisions d’avant la crise sanitaire également, les dépenses pourraient ainsi connaître une augmentation en 2020, en raison de la hausse des dépenses de santé, à la protection sociale et aux différents domaines liés à la gestion de la pandémie.

«En conséquence, le déficit budgétaire global devrait s'aggraver à 7,5% du PIB en 2020, près de 4 points de pourcentage de plus que prévu avant covid-19», prévient l’institution financière, qui avertit aussi sur une hausse de la dette publique et extérieure. Si la Banque mondiale estime que «la réponse proactive du gouvernement» a permis d’épargner au pays un impact sanitaire plus grave, elle prévient que «la poursuite de politiques pertinentes sera critique pour limiter l’impact économique, social et sanitaire de la crise et ainsi permettre une accélération de la reprise».

Dans ce sens, elle préconise «l’élaboration d’une feuille de route pour la levée du confinement», en plus d’«un plan de relance économique».

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