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Grand Angle

Immigration au Canada et coronavirus : Plusieurs candidats et familles marocaines dans le flou

Alors que le Maroc, ayant fermé ses frontières en mars dernier pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus, leur permet désormais de partir, une centaine de familles marocaines, dont les membres sont candidats à l’immigration, ne peuvent pas se rendre au Canada. Censés renouveler leurs visas ayant expiré avant de partir, ils affirment être dans le flou et sans feedback de la part de l’ambassade canadienne à Rabat.

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Photo d'illustration. / DR
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Ils devaient partir il y a quelques mois, mais le Maroc a fermé ses frontières. Aujourd’hui, malgré l’annonce de l’opération exceptionnelle qui les concerne aussi, ils restent bloqués au Maroc. C’est le cas d’une centaine de familles marocaines, dont les membres sont candidats à l’immigration au Canada et dont les visas ont expiré à cause du coronavirus (Covid-19).

Aujourd’hui, ils réclament leur droit à la prolongation de ces documents de voyage, censés les autoriser à quitter le Maroc et se rendre dans leur nouveau pays de résidence.

«Plus d'une centaine de familles des candidats admis de l'immigration canadienne (Programme Entrée Express) sont toujours bloquées au Royaume, faute de prolongation de leurs visas et leurs confirmation de résidence permanente (COPR), tel que prévu par le ministère canadien de l'immigration», indiquent ces Marocains dans un communiqué parvenu à Yabiladi.

Ils reconnaissent que le ministère canadien de l'immigration a «mis en place, dès le début de la crise du Covid-19, une procédure de prolongation des visas et des COPR expirés pour permettre aux candidats admis de s'installer au Canada, une fois qu'ils ont la possibilité de voyager». Toutefois, ils estiment que «malgré le démarrage récent de l'opération exceptionnelle d'ouverture des frontières marocaines à certaines catégories de voyageurs ainsi que l'ouverture des frontières canadiennes aux nouveaux arrivants au titre de l'immigration, le centre de réception de demandes de visas relevant de l'ambassade du Canada au Maroc est toujours fermé». Pour eux, «l'ambassade du Canada au Maroc n'a donné aucune visibilité quant au traitement des visas et COPR expirés», ce qui risque de priver ces centaines de personnes de faire aboutir leur projet de vie.

Des familles marocaines dans le flou

La plupart de ces Marocains «ont déjà quitté leur emploi et vendu leurs biens au Maroc depuis le début de l'année 2020 en préparation au départ». «Privés de revenus depuis quatre mois, certains d'entre eux sont dans une situation très difficile, du fait qu'ils ne peuvent pas épuiser les fonds dédiés à l'immigration ; des fonds exigés comme condition essentielle pour l'accès au territoire canadien au moment de l'accès au pays», ajoute le communiqué.

C’est le cas de Saad*, un père de famille qui devait partir au Canada avec sa petite famille en mars. «Nous sommes bloqués au Maroc depuis le 16 mars», confie-t-il à Yabiladi ce lundi.

«Nous devions partir et donc nous avons tout liquidé et nous avons pris un déménageur pour envoyer nos meubles au Canada. Nous avons vidé la maison, avons démissionné de nos postes et sommes descendus sur Casablanca. La pandémie est arrivée et tout a été bloqué. Nos papiers ont expiré le 18 juin dernier et nous habitons depuis chez des amis.»

Saad

Papa d’une fille de 6 ans, il ne sait plus à quel saint se vouer. «Je ne sais pas ce que je dois lui dire ; la rentrée scolaire approche et elle doit être scolarisée. Sommes-nous censés trouver un emploi ici et scolariser notre fille ou attendre ?», s’interroge-t-il.

Avec d’autres Marocains dans la même situation, Saad s’est rendu à l’ambassade du Canada au Maroc pour tenter de décrocher une réponse à ses questions. «Nous sommes partis pour nous renseigner, mais il n’y avait personne. Ils nous demandent d’envoyer un mail, ce que nous avons déjà fait, sans avoir aucun retour», dénonce-t-il. «Nous ne savons pas quand nous pourrons renouveler nos papiers pour pouvoir partir. Nous avons aucune visibilité ou feedback. Nous sommes dans le flou», regrette-t-il encore.

Et d’ajouter que «d’autres personnes ayant eu le visa après [eux] ont pu partir, car ils disposaient de visas encore valables».

«Sans travail, sans argent et sans visas pour partir»

La situation d’Issam* est plus compliquée. Papa de deux enfants, le blocage au Maroc serait sur le point de lui coûter son mariage. «Cette situation a créé des problèmes avec ma femme, et nous sommes actuellement sur le point de divorcer», nous déclare-t-il. Alors qu’il vit chez ses parents après avoir vendu ses biens en se préparant au départ vers le Canada avant la fermeture des frontières, il ajoute que l’un de ses fils vit actuellement avec sa mère.

«Nous avons traversé les périodes les plus difficiles de notre vie et nous pensions que notre cauchemar se terminait avec les vols spéciaux, mais malheureusement cela ne cesse de s’empirer.»

Issam

De son côté, Salima* attend aussi une date pour pouvoir réserver un vol et quitter le Maroc. «C’est un problème général qui touche tous ceux qui ont eu leur visa avant le 18 mars. Nous étions prêts à partir. Certains ont démissionné de leurs postes, d’autres ont même vendu leur maison et arrêté la scolarisation de leur enfant», déclare-t-elle.

«Nous sommes bloqués ici actuellement, sans travail, sans argent et sans pouvoir partir et surtout sans réponses de l’ambassade. Nous leur avons tout envoyé pour les renouveler mais ils nous donnent une réponse standard pour la date : quand il y aura un retour à la normale. On ne sait pas quand.»

Salima

Pour elle, «le fait que le bureau soit fermé n’est peut-être qu’un prétexte, car l’ambassade délivrait le visa elle-même». «Je pense que cela dépend du chaque pays. Les Tunisiens pour lesquels un bureau d’immigration est mis en place à Paris, commencent déjà à bénéficier de renouvellement des visas, alors que ce n’est pas encore le cas pour les Algériens», conclut-elle.

* Les prénoms ont été changés

Une reprise annoncée pour le 1er juillet

Contactée par Yabiladi ce lundi, l’ambassade du Canada à Rabat n’a pas donné suite à notre requête. Elle nous a toutefois demandé d’adresser nos questions par mail.

Pour sa part, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a annoncé le 30 juin, la réouverture de ses services. «A partir du 1er juillet 2020, IRCC recommencera, dans la mesure du possible, à traiter les demandes de visa de visiteur (y compris les visas de transit) et les demandes d’autorisation de voyage électronique (AVE) présentées en ligne», a-t-on indiqué.

«La reprise du traitement et du règlement définitif de demandes de visa de visiteur, lorsque possible, aidera IRCC à atténuer les répercussions sur les délais de traitement et contribuera à accélérer les déplacements des gens lorsque les restrictions de voyage seront levées», explique ce service canadien.

Et de préciser que cette opération concernera aussi, «dans la mesure du possible, les demandes de permis d’études, de permis de travail et de résidence permanente présentées en ligne».

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