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Grand Angle

Belgique : Bruxelles rend un dernier hommage à Zakaria, jeune bénévole mort à 26 ans

En deuil et sous le choc depuis lundi, les Bruxellois ont rendu un dernier hommage à Zakaria Moussa, ce mardi après-midi. Parti trop tôt, ce Belgo-marocain de 26 ans avait le bénévolat dans l’âme. Tout au long du confinement sanitaire et pendant le déconfinement, «il ne vivait que pour cela», se souviennent les riverains.

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Zakaria Moussa, initiateur de plusieurs distributions solidaires à Bruxelles / DR.
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En avril dernier, nous vous rapportions l’initiative bénévole de distribution de paniers alimentaires, lancée par des Belgo-marocains, qui ont fait briller l’image des jeunes d’Anneessens et de tout Bruxelles à travers cette action exemplaire. En se joignant à eux puis en lançant «Les colis du cœur», Zakaria Moussa a eu le mérite de greffer le quartier des Marolles à cet élan de solidarité avec les plus démunis, impactés par la crise sanitaire du nouveau coronavirus.

La fin de la covid-19, ou en tout cas du confinement en Belgique, n’aura pas freiné cet éducateur de 26 ans dans sa mobilisation, cette fois-ci auprès des enfants. Autant de preuves de générosité qui auront embaumé le cœur des Bruxellois.

«Des personnes qu’on connaît ou qu’on ne connaît pas, de toutes les nationalités et de tous les départements de Bruxelles, sont venus cet après-midi lui rendre un hommage en plein air, adapté au contexte sanitaire. Nous étions entre 700 et 800 personnes, en plus de responsables politiques», nous déclare Zaccaria Moudden, ami proche du jeune. Celui-ci a en effet succombé à une crise cardiaque, dimanche. En parfaite santé et n’ayant jamais souffert d’un malaise particulier, il est décédé, laissant même les médecins dans l’incompréhension.

«Après analyse, il a été conclu que c’était une mort naturelle. Il venait d’avoir ses 26 ans, fêtés le 21 mai dernier et il avait encore plein de projets de bénévolat à lancer», indique celui qui constituait un duo inséparable avec le jeune défunt, au point qu’ils soient surnommés «Zakaria au carré» par les plus intimes.

«Nous portons le même prénom et nous avions neuf ans de différence, donc il était réellement mon petit frère de cœur.»

Zaccaria Moudden

Un acteur social né

Cette vieille amitié s’est encore plus soudée pendant le confinement sanitaire, où Zakaria a été sur tous les fronts, se souvient son ami. «Nous habitons le même quartier depuis longtemps et nous nous côtoyions donc quotidiennement, même avec sa famille élargie», rappelle-t-il. «Travaillant en tant qu’éducateur au sein de la Ville et lui au sein de la commune depuis huit ans maintenant, nous sommes devenus comme des frères», ajoute-t-il.

Pour avoir ainsi fréquenté le jeune bruxellois, Zaccaria se souvient que son ami «avait le bénévolat dans le sang». «Il cherchait toujours à aider les gens et il nous disait qu’il avait la chance d’avoir vécu au sein d’une famille qui lui a tout donné, donc il voulait lui aussi donner à ceux qui ont peu ou rien», rappelle encore l’éducateur. C’est cet altruisme qui va décupler pendant le confinement sanitaire, où le défunt utilisera un local au rez-de-chaussée de la maison parentale, pour organiser une distribution de colis alimentaires, un peu avant le mois de ramadan.

«Avec le mois sacré, il a continué cette distribution, qui ne concernait pas que les musulmans mais essayait d’atteindre le maximum possible de nécessiteux et de personnes âgées : la première fois qu’il a commencé, il a distribué 70 colis par jours. A la fin du ramadan, il est arrivé à 500 ou 600 personnes», se souvient encore Zaccaria. Cette action a accentué la prise de conscience du jeune éducateur. Il a réalisé qu’«on imagine pas la pauvreté aussi ancrée en Europe, mais la réalité est tout autre».

Avec la levée du confinement sanitaire, Zakaria a pensé au lancement des «colis jouets» pour donner du sourire aux enfants. Par son initiative portée avec son alter ego, le jeune aura «touché plus ou moins 450 petits au sein de deux hôpitaux de Bruxelles, dont celui des enfants, un centre de femmes victimes de violences conjugales et un centre relevant du SAMU social pour l’accueil des réfugiés, et qui compte à lui seul plus de 200 enfants».

Une ASBL pour pérenniser l’aide aux démunis

Zakaria Moussa se sentait particulièrement proche des enfants. «Il savait toujours leur parler, les aborder, les accueillir s’ils venaient prendre des jouets. D’ailleurs même avant cela, il animait beaucoup de séjours et d’activités estivales pour les enfants», nous explique son ami.

Cette nouvelle mobilisation a donné alors au défunt une nouvelle idée, où la solidarité s’adapte au contexte et aux événements. Son ancien collègue s’en souvient :

«En préparation de la rentrée scolaire, il voulait continuer l’action, avec l’achat de trousses équipées et de fournitures. Autant dire qu’il vivait pour renforcer la solidarité entre les citoyens, toujours le cœur sur la main.»

Zaccaria Moudden

Aîné de deux frères et de quatre sœurs, issus de parents tangérois, Zakaria «ne sera pas parti pour rien», estiment aujourd’hui ses amis et ses proches. Malgré le deuil et la douleur, la famille Moussa se projette déjà dans une action future, qui rendra éternelle celle de son fils et le gardera ainsi parmi eux.

«Son père y tient beaucoup. Dans un avenir proche, nous comptons créer une ASBL (association, ndlr) qui portera son nom, afin de garantir une continuité à tous les projets solidaires qu’il portait et même ceux auxquels il réfléchissait avec ses amis», promet Zaccaria.

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