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Grand Angle  

Maroc : Manifestation contre la remise en liberté d’un homme poursuivi pour pédophilie

Ce mardi, plusieurs habitants du douar d’Imi Agadir Foum El Hisn (province de Tata) ce sont joint à une manifestation pour exiger la détention, à l’encontre d’un individu soupçonné de pédocriminalité. Le 4 juin dernier, le village a été secoué par cette affaire, révélée suite à un examen médical.

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Sit-in de solidarité avec Ikram, le 9 juin 2020 / Ph. Forum Ifous
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En cette mi-journée de mardi, des femmes, des enfants et des hommes du douar d’Imi Agadir (province de Tata) ont rejoint un rassemblement dénonçant la remise en liberté d’un trentenaire, impliqué dans des faits de viol sur Ikram, une enfant âgée de six ans. Ils exigent notamment le maintien de ces poursuites, en plus d’un meilleur mécanisme de protection contre la pédocriminalité.

Le sit-in s’est tenu parallèlement au lancement d’une pétition sur Internet, demandant également que le violeur présumé, un voisin de la petite fille, soit remis en prison. Sur la plateforme Change, l’appel a d’ores et déjà été signé par plus 50 000 personnes. Cette mobilisation, sur le terrain comme sur la toile, intervient deux jours après les mises en gardes du Forum Ifous pour la démocratie et les droits humains, qui a alerté sur les risques que l’homme échappe à la justice.

Des pressions derrière un premier abandon des poursuites

Basée à quelques kilomètres du douar, dans la ville de Foum El Hisn, l’ONG a pris en charge la fillette, par le biais du centre d’écoute associatif, dédié aux femmes et aux enfants victimes de violence. Dans un communiqué, elle indique que les faits ont été révélés au père par le biais des autorités sanitaires locales, qui ont procédé à un examen médical, le 4 juin.

«Une lettre confidentielle a été adressée au procureur général de la Cour d’appel d’Agadir. Le mis en cause a été interpelé par la gendarmerie et placé en détention préventive, le temps de parachever l’enquête». Cependant, l’homme a été remis en liberté provisoire sous caution, le 6 juin. «Sous pression et contrainte», la veille, le père a signé un abandon des poursuites.

Voyant l’état de santé de sa fille se détériorer, l’homme est revenu une nouvelle fois sur sa décision, ce qui l’a poussé à se tourner vers l’association pour réenclencher une procédure judiciaire. Président du Forum, Mohamed Oucharfat a déclaré à Yabiladi qu’une séance était prévue dès mercredi, afin que la chambre correctionnelle de la Cour d’appel d’Agadir réexamine la décision de remise en liberté.

Un réexamen du dossier prévu ce mercredi

Revenant sur les faits, l’associatif a indiqué qu’ils se seraient produits fin mai, lorsqu’Ikram «est allée jouer avec les filles du prévenu, chez-lui». «En raison du confinement sanitaire et des hésitations de la famille, la plainte n’a été déposée qu’une dizaine de jours après le viol», ajoute encore le président du Forum Ifous.

Désormais, celui-ci affirme que son association s’est constituée comme partie civile dans le cadre du procès, afin de soutenir l’enfant dans ces démarches. Profondément traumatisée par cet acte, cette dernière bénéficie désormais du suivi psychologue adéquat, à travers le centre d’écoute affilié à l’ONG.

Dans ce contexte, le Forum Ifous appelle les associations de défense des droits humains «aux niveaux local, régional et national» à continuer leurs actions de suivi et de signalement de cas similaires, malgré les contraintes de l’urgence sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus. «Les cellules d’écoute et de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants doivent continuer de surveiller la situation», insiste l’ONG.

Article modifié le 09/06/2020 à 18h06

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