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Grand Angle  

Diaspo #142 : Fouad Beniz, un bodyguard sauvé du coronavirus

Né à Bruxelles de parents originaires de Berkane, membre de la garde rapprochée de nombreuses célébrités, Fouad Beniz s’est distingué sur la scène internationale en faisant de son entreprise spécialisée dans l’événementiel une véritable marque. Pour avoir surmonté plusieurs épreuves, la dernière en date, une infection au nouveau coronavirus n’aura pas eu raison de lui.

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Fouad Beniz
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Ni un grave accident de la route qui a constitué un tournant dans sa vie, ni la pandémie du coronavirus une vingtaine d’années plus tard n’auront enlevé à Fouad Beniz sa détermination à aller de l’avant. Il y a tout juste quelques jours que ce Maroxellois est en effet sorti du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bruxelles, après y avoir séjourné à cause de complications provoquées par une infection au SARS-CoV-2.

Depuis son domicile, où il continue sa convalescence, il nous raconte avoir échappé miraculeusement au pire. «C’est Dieu qui m’a sauvé», assure-t-il. L’homme âgé de 47 ans, a été pris en charge par la cellule covid-19 suite à une grave insuffisance respiratoire. Etant connu au sein des Bruxellois, la triste nouvelle a affecté nombre de ses amis. Sa sortie de l’hôpital aura été une fête, même pour l’équipe médicale.

«Le 15 mars dernier, j’ai senti une petite grippe et je me suis tourné vers mon pharmacien, qui m’a donné quelques médicaments, sans que je ne ressente d’autres symptômes particuliers», se souvient-il. Peu après, Fouad Beniz ressent beaucoup de courbatures. «Juste en montant les escaliers, je me sentais anormalement essoufflé et ça revenait au moindre efforts physique : il suffisait que je fasse quelques pas à la maison pour que je sois extrêmement fatigué, puis j’ai commencé à avoir de graves problèmes respiratoires, ce qui m’a alerté», se rappelle-t-il encore.

Un diagnostic difficile à établir

C’est alors que Fouad Beniz pense à contacter sa sœur, qui travaille au CHU de Bruxelles. Parti aux urgences, il subit un examen médical, puis est autorisé à rentrer chez lui. Mais il souffre, et insiste pour une deuxième consultation, où il subit un frottis nasal qui s’avère négatif. «Le médecin m’a expliqué que son efficacité était de 70% et que dans 30% des cas, il ne diagnostique pas d’infection au covid-19, même si celle-ci est bien présente», s’est-il inquiété.

En effet, c’est le scanner des poumons qui montrera à l’équipe médicale que Fouad souffre de problèmes respiratoires. Son taux de saturation en oxygène dans le sang s’avère de 90%, en-dessous de la norme. Pris en charge par la cellule covid du CHU, il est mis sous chloroquine et antibiotique, parallèlement à l’assistance respiratoire artificielle. Il subit de nouveaux examens avant son transfert à une nouvelle aile du CHU, connue pour ses spécialistes en pneumologie.

Au bout du quinzième jour, de nouvelles analyses montrent que Fouad Beniz est désormais négatif au coronavirus, ce qui lui permet de quitter l’hôpital pour continuer sa convalescence à domicile. Il reste cependant sous traitement pendant trois mois contre une embolie pulmonaire.

Un passage en hôpital qui a chamboulé la vie du Belgo-marocain. Avant le déclenchement des symptômes, Fouad Beniz a fait partie des Bruxellois qui se sont portés volontaires pour assurer les courses quotidiennes aux personnes en incapacité de sortir. De plus, il revenait d’Espagne, où il assurait la sécurité pour un match joué début mars entre le FC Barcelone et le Real de Madrid.

«La rencontre s’est tenue sans précautions particulières, puisque la situation sanitaire ne nécessitait pas encore la prise de mesures barrière dans le pays, qui ont cependant été décrétées un peu après.»

Fouad Beniz

Une détermination renforcée par les épreuves de la vie

Encore en repos actuellement, Fouad Beniz est impatient de reprendre ses activités normales. Habitué en effet à une vie très active, l'étudiant en médecine au milieu des années 1990, a été victime d'un grave accident de la circulation le contraignant à trois mois d’arrêt. Il perd le goût pour les études et décide de rejoindre le restaurant de son père, le premier à Bruxelles connu pour ses spécialités marocaines.

A 23 ans, Fouad Beniz partage ainsi son temps entre le travail au sein de l’entreprise familiale et le kickboxing en salle. Une passion qu’il partage avec l’un de ses amis, membre de la sécurité spéciale d’intervention au sein d’une entreprise privée. Un jour alors que Jean-Jacques Goldman tient un concert à Bruxelles, Fouad Beniz reçoit une proposition de son ami, qui lui demande de le remplacer à son poste ce soir-là.

«Je n’avais jamais travaillé dans le domaine, mais j’ai accepté. Juste après la fin du concert, le patron de l’entreprise m’a proposé de rejoindre l’équipe», se rappelle-t-il avec nostalgie. C’est alors que sa nouvelle vie commence en accompagnant les tournées d’artistes ou encore les championnats sportifs.

Dès lors, Fouad Beniz assure la sécurité pour l’équipe de France de football lors de la Coupe du monde en 1998. Plus tard, il obtient un diplôme de bodyguard en 2003, ce qui lui ouvre les portes pour travailler avec la garde rapprochée de Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, P.Diddy, Kanye West, Mike Tyson ou encore Zinedine Zidane, lors de différents événements mondiaux.

Fouad Beniz est également appelé au Maroc à plusieurs reprises. Il rejoint ainsi le Comité olympique marocain ayant participé aux J.O. d’Athènes, où il s’occupe notamment de la sécurité de Hicham El Guerrouj. Il multiplie également les missions dans le monde du football, entre les classico, les matchs de l’UEFA, ainsi que les mondiaux de 2008, 2014 et 2018, notamment auprès des sélections marocaine et belge.

Une marque mondiale

Grâce à ces multiples expériences, Fouad Beniz a rapidement pris son envol, en ouvrant sa propre agence. En plus des services de garde rapprochée, Easyevents propose aussi des packages pour celles et ceux qui souhaitent se rendre à des concerts ou à des rencontres, leur assurant ainsi réservation de billets, hébergement et transport.

Mais pour Fouad Beniz, l’un des temps forts de ce parcours reste la première visite officielle du roi Mohammed VI à Paris, en 1999, où il participe gratuitement à renforcer l’équipe des gardes du corps, ayant pris connaissance du besoin de celle-ci sur les lieux.

Parallèlement, ce Belgo-marocain n’oublie pas de s’engager au sein de la société civile. Avec plusieurs associations, il participe chaque année à l’aide aux réfugiés, sans-papiers et aux personnes précarisées en Belgique, notamment par le biais de distributions alimentaires.

Après sa guérison du coronavirus, Fouad Beniz est par ailleurs conscient que tous les patients n’ont pas eu la même chance. Il reste d’ailleurs inquiet du nombre de victimes que fait la pandémie au sein de la communauté issue de l’immigration. «Dans la salle d’attente, je me souviens que la plupart des personnes venues consulter en présentant des symptômes similaires à ceux du covid-19 étaient d’origine marocaine ou en tout cas maghrébine», nous confie-t-il.

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