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Grand Angle

Le mariage chrono : « Jusqu’à ce qu’un contrat nous sépare »

Il n’est pas nouveau, le mariage temporaire existe depuis la nuit des temps Le «Zawaj al Mut’aa», mariage de jouissance soulève la polémique au Maghreb. Halal ou Haram ?

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En Tunisie, des plus en plus d’islamistes approchent des jeunes filles pour un contrat de mariage, écrit sur un bout de papier, en présence de deux témoins, rapporte France 24, le 30 janvier. Interdit par la loi, ce phénomène s’est développé depuis la révolution tunisienne, selon Dalenda Larguech, historienne et directrice du Centre de recherche, d’études, de documentation et d’information sur la femme (Credif) à Tunis, «avec l’émergence des courants salafistes en Tunisie après la révolution, en se nourrissant des conditions sociales difficiles, de la pauvreté et de l’ignorance de quelques jeunes.»

Mariage orfi, mariage temporaire, mariage coutumier. Un mariage qui n’a rien d’officiel, un accord oral, entre l’homme et la femme qui se donnent avec la simple phrase : «zawajtouka nafssi» (Je me donne à toi). Dès que ces mots sont prononcés, le mariage peut être consommé. Comme pour les mariages «normaux», une dot peut être fixée. C’est pratiquement le seul point que les deux types d’union ont en commun. Le mariage chrono se dissout dès que l’une des deux parties le souhaite, ou quand le délai convenu a expiré. Un genre de contrat à durée déterminée, qui peut durer seulement une heure !

Prostitution maquillée ?

Il y a quelques années, Mohamed, un maroco-iranien a voulu découvrir ses racines iraniennes. «Dès que je suis arrivé, ils m’ont proposé un mariage de séjour», s’indigne le jeune homme. Il a alors compris que lorsque l’on est dans le pays pour plus d’une journée, on peut contracter un mariage temporaire pour éviter de tomber dans le péché. En Iran, la loi interdit formellement les actes sexuels en dehors du mariage, mais autorise l’union temporaire. Un religieux peut unir un couple, pour une durée des plus courtes aux plus longues.

Ses opposants parlent tout simplement de prostitution légalisée. Ce mariage sans obligation est très répandu en Arabie Saoudite et dans les autres pays du golfe. On se « marie» pour éviter la peine de mort par lapidation prévue pour les actes sexuels sans mariage.

Islam

L’histoire raconte que le mariage temporaire était pratiqué du temps du prophète. Pendant la guerre pour l’islam, les compagnons du prophète auraient eu le droit d’épouser les jeunes filles. Juste après la conquête de la Mecque, le prophète Mohamed avait déclaré : «Hommes ! Je vous avais autorisé le mariage temporaire et Allah a désormais interdit cela jusqu'au Jour de la Résurrection. Quiconque détient une femme sur cette base, qu'il la libère et ne prenez rien de ce que vous leur avez donné.»

Pourquoi autoriser puis interdire ? «L’Islam est une religion compréhensive, explique un Khatib du vendredi d’une mosquée casablancaise, le prophète ne pouvait pas interdire d’un coup ce que les musulmans avaient pour habitude de faire. Comme pour l’alcool, le mariage temporaire a été interdit graduellement».

Les avis diffèrent, mais une chose est sûre, dans une société en pleine évolution, personne ne peut accepter que la femme soit une marchandise qui passe de main en main.

Concubinage : La forme moderne du mariage temporaire ?

« Lorsque je croise une vieille connaissance, je n’échappe jamais à la question « tu es mariée ? », témoigne Sara, jeune marocaine. Elle répond « non », mais n’ajoute jamais qu’elle vit avec quelqu’un depuis deux ans. « Seuls nos amis les plus proches le savent, nous portons des alliances pour éviter les soucis aves les voisins », ajoute-t-elle. Pourquoi ne pas se marier ? Parce que le jeune couple veut se mettre à l’épreuve avant de sauter le pas ? Parce qu’un vrai mariage coûterait trop cher ? Parce qu’ils ont peur de l’engagement ? « Un peu de tout cela », répond Sara en haussant les épaules.

Le concubinage est illégal, aucun chiffre n’est donc disponible, mais de nombreux couples choisissent cette nouvelle forme d’union. « Nos grands-parents se mariaient bien en lisant simplement la fatha ! » se justifie Nadia. L’acte se faisait toutefois alors en présence des tuteurs. Nadia a son argument : « je suis assez grande pour éviter une grossesse, et puis, je préfère cette situation à un divorce douloureux »

Si le mariage temporaire est une union chronométrée, le concubinage, lui, présente au moins un avantage : aucune date d’expiration. Zineb le décrit comme «  deux personnes qui s’unissent, pour le meilleur et pour le pire, comme dans un mariage classique, le papier en moins »

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