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Grand Angle

Maroc : Le deux poids deux mesures entre l'affaire Omar Radi et celle de Dounia Batma

Il est souvent reproché à la justice marocaine sa lenteur dans les affaires de prévarication et de corruption. En revanche, elle se montre beaucoup plus rapide dans les dossiers relatifs à la liberté d’expression. La comparaison du traitement donné par cette même justice au journaliste Omar Radi avec celui réservé à la chanteuse Dounia Batma, poursuivie pour de graves chefs d’accusations, en est un exemple éloquent.

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Le journaliste et militant Omar Radi. / DR
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L’année 2019 se termine sur une note négative pour la justice marocaine. La semaine dernière, elle a rapidement ordonné l’arrestation de Omar Radi pour avoir dénoncé dans un tweet, posté il y a neuf mois, les condamnations prononcées par la Cour d’appel de Casablanca contre le groupe des 42 activistes du Hirak du Rif, alors détenus à la prison d’Aïn Sebaa.

Depuis, le journaliste est jugé en vertu de l’article 263 du Code pénal. «Est puni de l’emprisonnement d’un mois à un an d’emprisonnement et d’une amende de 250 à 5 000 dirhams, quiconque, dans l’intention de porter atteinte à leur honneur, leur délicatesse ou au respect dû à leur autorité, outrage dans l’exercice de leurs fonctions ou à l’occasion de cet exercice, un magistrat, un fonctionnaire public, un commandant ou agent de la force publique, soit par paroles, gestes, menaces, envoi ou remise d’objet quelconque, soit par écrit ou dessin non rendus publics», indique le texte.

Les défenseurs de Omar Radi, qu’il s’agisse d’ONG nationales et internationales des droits de l’homme, de responsables politiques ou de simples citoyens, réclament sa libération, ou sa poursuite judiciaire mais au moins avec les articles du code de la presse.

Omar Radi n’est pas Dounia Batma

Ce lundi 30 décembre, cette même justice qui avait décidé quelques jours auparavant de mettre le journaliste derrière les barreaux, s’est montré clémente avec la chanteuse Dounia Batma et sa sœur, toutes deux mises en cause dans l’affaire du très controversé compte sur les réseaux sociaux appelé «Hamza mon bb», en les poursuivant en état de liberté. Le procès a été renvoyé au 10 février.

Après un interrogatoire de quelques heures, elles ont pu quitter hier le tribunal de première instance de Marrakech, libres contre le paiement d’une caution de 400 000 dirhams. Malheureusement, Omar Radi n’a pas bénéficié de la même clémence pour retrouver les siens en cette fin d’année.

Et pourtant, les charges pesant contre le journaliste et activiste ne sont pas aussi graves pour décréter son arrestation immédiate, que les chefs d’accusations retenus contre les deux sœurs Batma.

Selon l’agence officielle la MAP, qui cite une «source bien informée», elles sont poursuivies pour «chantage» présumé et «participation à l’accès frauduleux au système de traitement informatique des données et diffusion d’images et de déclarations d’autrui sans son consentement, dans le but de nuire ou de diffamer». De nombreux mis en cause dans cette affaire sont incarcérés depuis des mois dans une prison à Marrakech.

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