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Grand Angle

Drogues : Quand les techniques s’adaptent pour soutenir une «exportation» depuis le Maroc

Dans son rapport publié il y a quelques semaines sur les marchés européens des drogues, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies a évoqué les nouvelles «innovations» des trafiquants à destination de l’Union européenne. L’occasion de citer l’implication des groupes marocains du crime organisé dans le trafic de résine de cannabis et la cocaïne.

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Photo d'illustration. / DR
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Fin novembre dernier, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) a publié son rapport sur le marché européen de la drogue. Un rapport présentant une analyse stratégique des informations disponibles sur le marché européen de la drogue, où le Maroc est cité à plusieurs reprises.

En effet, le rapport s’intéresse aux groupes du crime organisé (OCG), notamment dans le cas de la résine de cannabis importée du Maroc. «La coopération entre les ressortissants européens engagés dans la production de cannabis et les producteurs marocains a conduit à l'introduction de nouvelles souches et méthodes de production de cannabis au Maroc», écrivent ses rédacteurs. Et de reconnaître que «les OCG d'origine marocaine jouent toujours un rôle majeur» dans le narcotrafic.

Des hybrides de cannabis d'origines diverses dans le Rif

Le rapport raconte comment certains producteurs de résine de cannabis basés au Maroc ont adapté leurs techniques de production afin d'améliorer la qualité du produit, principalement grâce à l'introduction de variétés de cultures avec des rendements plus élevés. Pour l’EMCDDA, «une coopération accrue avec les producteurs européens de cannabis semble expliquer la propagation de variétés de cannabis à haut rendement et à forte puissance» dans les montagnes du Rif et donc «l'augmentation de la puissance de la résine de cannabis observée en Europe au cours des 10 dernières années».

La même source rappelle que l'Espagne reste le principal point d'entrée dans l'UE mais précise que le trafic de résine produit au Maroc et au Liban affecte désormais la Méditerranée dans son ensemble, «après l'émergence de la Libye en tant que plaque tournante du stockage et du transit» de drogue.

Certains rapports suggèrent que des individus liés aux coffeeshops néerlandais se logeraient dans le Rif, où ils produisent une gamme d'extraits, y compris de la résine de qualité. «Ces producteurs européens établis dans les montagnes du Rif ont introduit des hybrides de cannabis d'origines diverses qui permettent des rendements en résine et en THC beaucoup plus élevés, en remplacement des variétés traditionnelles», informe-t-on. La culture traditionnelle reste toutefois présente dans cette zone.

«Ces changements au Maroc contribuent largement à l'augmentation spectaculaire de la puissance de la résine de cannabis saisie dans de nombreux pays européens depuis 2012. L'Espagne, par exemple, le principal point d'entrée pour la résine de cannabis produite au Maroc, a déclaré environ les trois quarts (72%) de la quantité totale saisie dans l'UE en 2017.»

Rapport de l’EMCDDA

Les groupes marocains de crime organisé et le contrôle du port d’Anvers

Quant aux modes de transport, le document souligne que la résine de cannabis continue d'être transportée par camions sur des ferries, dans des conteneurs maritimes, ainsi que sur des bateaux de plaisance et de pêche. De plus, l'utilisation de bateaux à moteur pouvant transporter jusqu'à 3 tonnes a considérablement augmenté au cours des dernières années alors que «de petits avions privés sont également utilisés entre le Maroc et l'Espagne».

Le rapport s’intéresse aussi au trafic d’héroïne et de cocaïne. Pour la première, le document souligne que des groupes mafieux africains sont impliqués dans le trafic et la distribution dans l'UE. Il «coopèrent avec des groupes composés de ressortissants du Ghana, du Sénégal et de la Gambie, ainsi que du Maroc et de la Tunisie, pour la distribution locale d'héroïne dans certains Etats membres» de l’UE.

Quant au trafic de la cocaïne, les rédacteurs du document soulignent que plusieurs groupes mafieux, dont ceux composés de Marocains, deviennent de plus en plus importants. «La distribution de cocaïne au niveau local en Europe est généralement effectuée par des BCG nationaux. Dans certains pays, les OCG albanophones, marocains et ouest-africains ainsi que les gangs de motards hors-la-loi jouent également un rôle», précise le document.

Le rapport assure même que les OCG marocains sont depuis longtemps des acteurs clés du port d'Anvers et qu'ils se sont beaucoup plus impliqués dans le trafic et la distribution de cocaïne en Europe ces dernières années. «Ceci, combiné au rôle croissant joué par le Maroc en tant que plaque tournante du transit de la cocaïne destinée à l'UE, explique probablement pourquoi de grandes quantités de drogue sont trafiquées via Anvers», informe l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies.

Toutefois, le cannabis reste le plus grand marché de la drogue de l'UE et une source majeure de revenus pour l'économie criminelle. «Avec environ 25 millions de personnes déclarant avoir consommé de la drogue au cours de l'année écoulée, le marché de détail du cannabis est estimé de manière conservatrice à au moins 11,6 milliards d'euros», conclut-on.

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