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Interview

Campagne nationale pour la parité : «Des femmes et des hommes y croient» [Interview]

Avec un ambitieux slogan, «Parité maintenant», l’association Jossour Forum des femmes marocaines (FFM) s’attaque à une épineuse question qui fait toujours défaut au Maroc. Elle lance cette semaine sa campagne nationale pour la parité. Sa présidente Oumayma Achour revient pour Yabiladi sur le déroulement du projet, ses objectifs et ses ambitions.

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Des femmes au Parlement du Maroc. / Photo d'illustration
Temps de lecture: 3'

L’association Jossour Forum des femmes marocaines (FFM) a lancé hier sa campagne nationale pour la parité. Comment ce projet est-il né ?

Nous avons commencé le projet il y a deux ans, en collaboration avec la Fondation Friedrich Ebert (FES), qui a permis la mise en place de plateformes d’échanges et de réflexions concernant ce sujet. Un brainstorming a commencé en 2017 juste après les élections pour mettre en place le projet et contribuer ainsi au changement.

Nous avons commencé avec un diagnostic. Les élections législatives passées, nous avions de la matière. Nous avons alors mis en place des tables rondes et des débats pour donner naissance à notre étude avec des regards croisés entre l’Afrique et l’Europe.

Nous sommes sorties avec plusieurs recommandations : la parité est un droit constitutionnel mais il faut travailler sur son effectivité ; il faut préserver les acquis comme la liste nationale et les listes réservées, mais réfléchir à la manière de les rafraîchir et leur permettre d’avoir une plus grande représentativité des femmes ; et il faut mener ce combat avec une belle dynamique où tout le monde se retrouve.

Cela nous a permis finalement de mettre en place, entre autre, la Charte pour la parité.

Les politiques et syndicats sont-ils les seuls visés par la Charte ?

Nous avons rendu visite à plusieurs chefs de partis politiques, ceux de plusieurs instances constitutionnelles, des ONG de droits humains pour présenter notre étude et les recommandations, et voir un peu le son de cloche de la société concernant le projet. On a été surprises de voir un engagement et une implication de l’ensemble.

Nous nous sommes notamment penchées, lors d’une table tonde, sur le mode d’élection pour voir si le scrutin de liste est favorable aux femmes et si un retour au scrutin uninominal favoriserait plus les femmes. A la fin de la table ronde avec des experts et des universitaires, nous sommes sorties avec la recommandation que le scrutin de liste reste le meilleur et le plus favorable aux femmes, et qu’un retour au scrutin uninominal serait négatif et réduirait plus la représentativité politique.

Tout le monde était d’accord sur le fait qu’il faut s’attaquer à la parité globale mais il y a des priorités. Nous avons donc considéré que 2021 sera une première station au niveau politique et nous sommes revenues voir les partis avec notre Charte.

Mais durant les deux derniers mois, nous avons fait le tour des organisations politiques, syndicales et associatives notamment.

Mais au-delà de cette Charte, que vous reste-t-il encore à faire ?

Nous allons plus loin qu’une charte qui ne concerne que 90 personnes car notre objectif est de mettre en place un dispositif juridique pour la parité à travers une loi suprême qui sera portée par tous les Marocains. Nous avons donc pensé à un mécanisme juridique mis à la disposition de la société civile : la pétition. Nous allons donc lancer la pétition intitulée «Ensemble pour l’effectivité de la parité», avec comme slogan «Al Mounassafa maintenant». Elle va réunir l’ensemble des acteurs.

Nous sommes en train de finaliser le texte de la pétition, avec l’ensemble des acteurs qui nous accompagnent. Notre ambition est de la présenter au chef du gouvernement en mars 2020 comme cadeau du 8 mars.

Comment être sûrs que ceux qui s’engagent aujourd’hui pour la parité tiendront leur parole demain, à la veille des élections ?

Notre initiative intervient pour répondre justement à cette question. C’est pour cela que nous avons commencé bien avant, sans attendre la veille des élections, avec notre étude, notre diagnostic, nos tables rondes, nos campagnes impliquant tout le monde… Lorsque tous les acteurs mettent la main à la pâte, je pense que c’est une dynamique positive pour notre société. Créer cette dynamique est notre objectif.

C’est vrai qu’il y a toujours la question des mentalités. Mais avec ce projet, nous avons essayé modestement d’ouvrir le débat à plusieurs niveaux, au sein même des partis politiques.

Est-ce que nous rêvons car nous demandons la parité maintenant ? Si nous l’avons dans deux, trois ou quatre ans, ce n’est pas grave. Car ce qui est important est d’oser, d’entreprendre, de faire des initiatives, d’aller convaincre l’autre et de créer ce débat sociétal. Il y a un engagement ferme, de l’ambition et de l’énergie et les femmes et les hommes que nous avons rencontrés, ils y croient.

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