L'Europe a été giflée par l'agence de notation Standard & Poors. Le Fond européen de stabilité financière FESF vient d’être dégradé d’un cran (AA+) . Mais vendredi dernier, c’était l'Autriche et la France qui sont toutes deux descendues de leur piédestal AAA. C'est évidemment la douche froide pour les Français et surtout le président, Nicolas Sarkozy, qui avait fait du maintien de la note une question de survie... politique.
Les pays d’Europe du sud «rattrapent» le Maroc
Liens économique et politique aidant, le Maroc suit avec attention la dégradation de la note française. Pourtant, il y a un autre événement qui mérite d'être souligné : plusieurs pays européens sont en train de "rattraper" le Royaume chérifien suite aux dégradations successives. Ainsi l'Espagne est aujourd’hui plus proche du Maroc (4 crans au dessus) que de sa note maximale AAA qu’elle avait encore fin 2008. L'Italie quant à elle n'est plus qu'à deux crans du Maroc passant à BBB+. Qui aurait pu imaginer il y a quelques mois que la signature de la 6ème puissance économique au monde soit de dans la catégorie «qualité moyenne ou inférieure» avec bon nombre de pays émergents ?
Pis, après la Grèce aujourd'hui classée en «junk bonds» (obligations pourries), Chypre (BB+) et le Portugal (BB) passent en catégorie spéculative, c'est à dire en dessous du Maroc qui reste classé en «Investment grade». Une situation des plus étonnantes mais qui n'est que la résultante d'une violente dégradation du déficit publique de ces pays qui devaient faire face à une crise bancaire et un ralentissement économique inédits depuis de nombreuses décennies.
Et quelles perspectives pour le Maroc ?
Le Maroc a quant à lui, fait preuve de résilience malgré la crise économique et financière mondiale et les révoltes arabes. Mais la situation reste fragile et l'objet de nombreuses inquiétudes. Comme nous l'avions déjà souligné sur Yabiladi.com, la situation du déficit budgétaire du pays s'est beaucoup détériorée en 2011. Les concessions (création de postes de fonctionnaires et augmentation de nombreux corps de l'administration) pour calmer la rue qui pouvait emboîter le pas aux autres pays arabes, le poids grandissant de la caisse de compensation subventionnant les produits de premières nécessités (blé, sucre) et pétroliers (carburant, gaz) et la détérioration presque inexorable de la balance commerciale, rendent délicate toute manœuvre financière pour le nouveau gouvernement.
Malgré tous ces événements de l'année écoulée, la note marocaine n'a pas été touchée. Ainsi, fin 2011, Standard & Poor’s a maintenu inchangée la note du Maroc BBB- avec une perspective stable. Mais si la perte de notre triple B serait moins dramatique que celle du triple A de la France du fait de sortie beaucoup plus rare sur les marchés internationaux, il n'en demeure pas moins que le statut «Investment grade», si difficilement acquis, assure au Maroc une crédibilité des plus précieuses au niveau des acteurs économiques étrangers.