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Grand Angle

Diaspo #112 : Youssef El Mousaoui, humoriste à l’improviste

En se présentant devant un public en Flandre dans les années 2000, il n’imaginait pas que ce moment marquera sa carrière artistique et qu’il deviendra un humoriste très apprécié en Belgique. Puit inépuisable de sketchs, Youssef El Mousaoui est aussi soucieux des orphelins et des plus démunis dans la région de l’Oriental.

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L'humoriste belgo-marocain Youssef El Mousaoui est né le 30 mai 1977 à Anvers. / Ph. Radio1.be
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Monter sur scène devant un public n’était qu’une tâche, parmi d’autres, sur sa Bucket List. Pourtant, l’humour deviendra la passion numéro 1 dans la vie de Youssef El Mousaoui. Le Belgo-marocain de 42 ans a vu le jour à Anvers au sein d’une famille dont le père a émigré en Flandre dans les années 1960.

Mais en 1983, alors qu’il n’avait que six ans, son père décède, laissant sa petite famille, composé de deux garçons et deux filles, livrée à elle-même. Une situation qui obligera le jeune Youssef a plus de responsabilité, quitter l'école après le secondaire pour travailler à mi-temps.

«Je n’avais pas pu faire des études universitaires à l’époque car je travaillais dans la réception d’un hôtel. Un job que j’ai fait pendant cinq ans.»

Youssef El Mousaoui

De retour sur les bancs de l’école après cette expérience, Youssef obtiendra son diplôme et créera son agence immobilière. Un accomplissement qui laissera toutefois un goût d’inachevé dans sa vie.

Un humoriste par pur hasard

En marge de son activité professionelle le Belgo-marocain opte pour le théâtre. Il décide alors de s’inscrire en ligne pour suivre des cours mais, coup du sort, il se trompe de destinataire. Au lieu d’adresser sa candidature par email à l’école, il l’envoie directement à un Comedy Club. Ce dernier le contacte le soir même pour lui annoncer qu’il cherchait un comédien.

«Je leur ai expliqué que je n’étais pas encore comédien et que je voulais prendre d’abord des cours. Ils étaient très insistants au point que j’ai fini par céder et m’y rendre rien que pour voir», nous confie-t-il. Mais face à un spectacle qui ne le séduit guère, Youssef El Mousaoui n’y va pas par quatre chemins.

«Je n’ai pas aimé le spectacle et je n’ai pas pu le cacher. J’ai donc dit, en ironisant, au responsable du club, que je pouvais faire mieux. Il m’a alors invité à monter sur scène. Pour moi, le fait d’être d’origine marocaine était un avantage, car aucun autre Marocain ne faisait de l’humour en Flandre à l’époque.»

Youssef El Mousaoui

Une fois sur scène, il commence par se présenter au public. «Je suis Marocain et je n’ai pas l’habitude à ce que les gens me regardent pendant que je travaille» ; une punchline qui déclenche des fous rires dans le public. «Il y avait beaucoup de stéréotypes sur les Marocains qui étaient soit disant des personnes travaillant la nuit, qui volaient, …», nous explique-t-il.

L'humoriste lors de l'un de ses spectacles. / Ph. DRL'humoriste lors de l'un de ses spectacles. / Ph. DR

Ces cinq minutes changeront à vie sa carrière artistique, en le propulsant comme étant «le premier humoriste marocain en Flandre». Autodidacte, sans jamais avoir mis les pieds dans une école d’art, le Belgo-marocain est sollicité par de grands noms pour l’ouverture de leurs spectacles. Il profite aussi de son temps sur scène et de ces expériences pour apprendre de ces humoristes plus chevronnés. Parmi les choses qu’il apprendra, le fait de trouver la lumière à travers ce qui peut paraître obscur.

Dès janvier 2007, il fait ses débuts avec son premier one-man show «100% Legal» et dès l’année suivante, il présente son deuxième spectacle, Monkey Business. Après des débuts promoteurs, sa carrière connaîtra un tournant décisif. «Il y a eu une période de ma vie qui a duré deux ans et où j’ai eu beaucoup de problèmes : Je n’avais plus d’argent, j’avais divorcé et je pensais même renoncer à ma carrière», se remémore-t-il. Mais il tournera cette histoire en un spectacle qui cartonnera en Belgique.

Au chevet des orphelins de l’Oriental

Ayant perdu son père dès l’âge de six ans, Youssef El Mousaoui développera une attention particulière pour les enfants orphelins, notamment ceux de la région d’origine de sa mère, l’Oriental. «J’ai mené un petit projet destiné aux orphelins et les personnes nécessiteuses au Maroc», nous confie-t-il.

«Je me concentre sur Oujda et Guenfouda (province de Jerada, ndlr). Cela fait quatre ans que je m’y engage pour dire à ces orphelins qu’il y a quelqu’un qui pense à eux.»

Youssef El Mousaoui

Ciblant un groupe de 600 orphelins, le Belgo-marocain apporte son aide avec des vêtements et des denrées alimentaires notamment pendant l’Aid Al Fitr ou l’Aid El Kébir. Il n’hésite pas, d’ailleurs, à mobiliser ses amis et son entourage. L’année dernière, ils étaient 50 personnes à effectuer le déplacement dans l’Oriental pour venir en aide à ces orphelins. Une mobilisation qui a conduit d’autres MRE de Belgique et des Pays-Bas à conduire la même initiative dans le Rif et Agadir, leurs régions d’origine.

Youssef El Mousaoui lors d'un tournage photo. / Ph. DRYoussef El Mousaoui lors d'un shooting photo. / Ph. DR

Mais son lien avec son pays d’origine ne se résume pas à seulement à l’associatif. Acteur dans le film Broeders des réalisateurs belgo-marocains Adil El Arbi et Bilal Fallah, il avait déjà fait le déplacement dans la capitale du Souss pour présenter un sketch. «Le public a beaucoup apprécié, car même si ma darija n’est pas au top, j’ai insisté à le faire en dialecte marocain», se rappelle-t-il, un brin fier. Youssef El Mousaoui s’est aussi produit à Oujda, ville dont sa mère est originaire.

Quant à sa carrière artistique, le Belgo-marocain prépare pas moins de trois spectacles. L’un racontera l’histoire de la migration marocaine en Flandre, un deuxième sur le parcours de ses propres parents et leur arrivée en Belgique et un troisième sur le changement climatique et les Marocains. Sacré programme pour l’humoriste à l'improviste. 

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