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Grand Angle

Le cèdre de l’Atlas, salvateur face à la sècheresse européenne ?

Cette espèce est prisée par les autorités françaises et belges pour sa capacité de résistance à la sècheresse, à condition qu’elle soit replantée dans des sols adaptés à ses besoins.

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Photo d'illustration / DR
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Les cèdres de l’Atlas sauveront-ils les forêts européennes des sécheresses ? Des gardes forestiers belges testent diverses espèces dans les forêts wallonnes, notamment des cèdres de l’Atlas, des chênes chevelus d’Asie, des pins de Corse ou encore des douglas de Californie, indique Franceinfo.

En France, la région Occitanie a elle aussi été particulièrement frappée par la sècheresse cet été. Le 28 juin, en une seule journée, entre les Pyrénées Orientales, l’Aude, le Gard et l’Hérault, quelque «5 300 hectares de plantations ont grillé sur pied», explique à France Bleu Yvon Duché, le responsable technique national des incendies de forêts au sein de l’Office national des forêts. Dans le département de l’Ariège, des cèdres de l’Atlas en provenance d’Afrique du Nord ont ainsi été plantés. Leur avantage : ils ont besoin de deux fois moins d’eau que les sapins voisins.

C’est que le cèdre fait en effet partie des espèces les moins vulnérables à la sècheresse. «Il a fait la preuve de son adaptation dans une partie de la région méditerranéenne dont le climat risque à l’avenir de concerner une part grandissante du territoire français», indiquait en 2012 une brochure sur la population de cèdre en France, élaborée dans le cadre du projet «Installation et conduite des peuplements de cèdre face au changement climatique» soutenu par le Réseau mixte technologique «Adaptation des forêts au changement climatique». Le document faisait état toutefois de problèmes de «dépérissement constatés dans certains arboretums» à la suite de la canicule de 2003.

«Pour réussir, un reboisement en cèdre [doit] répondre à des conditions strictes liées au milieu, au matériel végétal, aux techniques d’installation et de conduite du peuplement.»

Une altitude suffisamment élevée peut compenser le manque d’eau

«Le cèdre devrait être capable de résister aux sècheresses que connaît l’Europe», avance Brahim Abou el Abbass, président de l’Association marocaine d’écotourisme et de protection de la nature, contacté par Yabiladi. «A condition toutefois qu’il s’adapte à son milieu d'accueil et soit donc replanté sur un sol adapté à ses besoins en humidité», ajoute-t-il.

«Le cèdre préfère les sols basaltiques aux sols calcaires, qui ont une capacité de rétention d’eau plus importante», complète Mohamed Sadek, ingénieur forestier. Le basalte est une roche volcanique issue du refroidissement rapide du magma au contact de l’air ou de l’eau. Il possède notamment une structure poreuse qui lui permet d’augmenter la rétention d’eau des sols sableux et d’aérer les sols lourds. «De par leur capacité de filtration, les sols basaltiques permettent de contenir l’eau dans le sol», précise Mohamed Sadek.

Tout dépend également des précipitations, souligne-t-il, estimant à environ 600 mm les précipitations annuelles nécessaires pour la bonne santé du cèdre de l’Atlas.

«Le cèdre de l’Atlas peut résister au manque d’eau seulement s’il est planté en altitude. C’est une espèce altitudinale, qui peut pousser au-delà de 1 400 mètres, seuil à partir duquel la température est suffisamment basse pour lui. Une altitude suffisamment élevée peut en effet compenser le manque d’eau.»

Mohamed Sadek

Mais il ne faut pas s’y méprendre : selon l’ingénieur, le cèdre de l’Atlas reste une espèce «vulnérable, surtout lorsqu’il est introduit». «Dans ce cas, ils est plus vulnérable que les espèces autochtones». D'autant que cette espèce figurait en 2013 parmi les 34% de conifères menacés d’extinction sur la liste élaborée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). «Le cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica) a vu son statut passer de ''Préoccupation mineure'' à ''En danger'' en raison de sa surexploitation et aussi à cause de différents parasites», indiquait l'UICN.

Les capacités de résistance de l’arbre à la sècheresse semblent pourtant avoir convaincu les autorités françaises : il y a trente ans, une plantation de cèdres de l’Atlas avait déjà été expérimentée et leur bonne santé avait été une piste non négligeable pour les futures plantations d’arbres dans l’est de la France.

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