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Grand Angle

Les 10 plaies de Casablanca #9 : L’insécurité, tcharmil à toutes les sauces

Quel point commun entre les 10 plaies d'Egypte et les 10 plaies de Casablanca ? Si on écoute de nombreux Casablancais, la réponse est évidente : l'apocalypse. La ville ogresse n'a jamais laissé indifférente ses habitants, mais ces dernières années, beaucoup de voix appellent à un peu plus de douceur pour que Casa redevienne la Blanche. Cette série d'articles propose une plongée dans les méandres d’une cité partagée entre crimes et châtiments.

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Des «tcharmils» volant notamment des téléphones, des portefeuilles et de l’argent. / DR
Temps de lecture: 2'

C’est un fait bien établi : nombreux sont les Casablancais à ne pas se sentir en sécurité dans leur ville, entre les agressions et vols à l’arrachée qu’ils dénoncent. La page Facebook «Save Casablanca» recueille notamment les griefs de citoyens mécontents, déplorant une hausse de l’insécurité dans les rues de la capitale économique.

«On ne se sent plus en sécurité et ça ne se limite plus à un sentiment c’est devenu une bouleversante réalité (…) Alors oui on veut que ça STOP, on est fatigués de cette insécurité, on est fatigués qu’on ne nous écoute pas, on est fatigués de la sourde oreille de nos chers responsables, on est fatigués tout court !», se plaint un membre de cette page. «Insécurité jusqu’à quand ! Je rêve d’une ville où je pourrais me promener, sortir, marcher, respirer, contempler le coucher du soleil, le bleu de l’océan. (…) Je me sens de plus en plus emprisonnée dans cette grande ville qui ne peut plus nous garantir le moindre de nos droits : vivre en sécurité !», abonde une autre.

«Il y a un point sur lequel je souhaiterais insister : la prolifération des armes blanches et le nombre de jeunes qui se baladent en ville avec des armes de samouraï en toute liberté, et surtout les sanctions qui ne sont pas suffisamment dissuasives. Il y a un véritable travail à faire en termes de sanctions, qui doivent être radicales, avec des peines de prison de plusieurs années pour n’importe quel détenteur d’arme dans les rues. Je pense que ça calmerait déjà les ardeurs de quelques-uns», nous dit Mouna Hachim, coadministratrice de la page Facebook «Save Casablanca».

«Armes de samouraï»

Ces jeunes munis d’«armes de samouraï» que décrit Mouna Hachim rejoignent le phénomène dit du «Tcharmil». Et il n’a rien de nouveau : mi-juin 2015 à Casablanca, un bus avait été assailli à Aïn Diab par une bande composée de quatre jeunes. Le mode opératoire était toujours le même : vols et agressions physiques des passagers avant de prendre la poudre d’escampette. Sans compter que les assaillants publient leur butin sur les réseaux sociaux. «Une des raisons de ce phénomène est la ghettoïsation de nos villes. Les jeunes de cette classe défavorisée ont été éloignés du cœur battant des grandes agglomérations devenu trop élitiste», estime un membre de «Save Casablanca».

Une analyse que partage Mouna Hachim : «Quelles options ont ces jeunes ? Partout, on ne voit que des cafés, des cafés, des cafés… Mais pas de centres culturels, pas d’infrastructures de loisirs pour la jeunesse, pas de salles de sport, pas de salles de cinéma… Sans compter la situation de l’école publique qui est devenue catastrophique.»

Un phénomène inquiétant qui contribue à reléguer Casablanca en bas du classement mondial des villes les plus sûres, d’après l’indice de sécurité des villes (SCI) 2019 élaboré par The Economist Intelligence Unit. Le SCI compte 60 destinations, et la capitale économique du Maroc occupe les dernières places du classement, arrivant à la 54e position.

S’agissant de la sécurité numérique, sanitaire, des infrastructures et de la sécurité des personnes dans ces villes, Casablanca fait partie des 10 villes les moins sûres, avec un score de 53,5 points, 100 étant le meilleur. Pas de quoi rassurer les Casablancais qui se demandent à quelle sauce ils seront mangés. 

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