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Grand Angle

Abdellatif Maâzouz, le nouveau ministre des MRE qui n’est pas un MRE

Depuis hier, les Marocains ont un nouveau gouvernement. (cf notre article) Et quelle déception ! Non seulement, une seule femme ministre, Bassima Hakkaoui (cf notre article) a été nommée au sein du gouvernement Benkirane mais d’autre part, le nouveau ministre représentant les Marocains à l’étranger n’est pas un MRE. Il s’agit d’Abdellatif Maâzouz du Parti de l’Istiqlal, nommé Ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des MRE. Il est l’ancien Ministre du Commerce Extérieur sous le gouvernement d’Abbas El Fassi.

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Ce qui est certainement ironique dans la nomination d’Abdellatif Maâzouz et qui revêt une forte portée en symbolique, est le fait que ce soit un ancien Ministre du Commerce Extérieur, de surcroît un économiste, qui puisse désormais gérer le Ministère des Marocains Résidents à l’Etranger. Hélas, c’est raté pour les MRE qui en avaient assez d’être comparés à des vaches à laits et d’être vus à travers leur apport économique au pays d'origine ! Commerce, chiffre et investissement sont des mots qui vont décidément continuer à leur coller à la peau !

Ministre délégué

Par ailleurs, l’intitulé exact du poste réservé à Abdellatif Maâzouz est «Ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des MRE» à l'instar de Mohamed Ameur qui est l'ancien Ministre délégué aux MRE d'Abbas El Fassi. Une question se pose donc : quelle est la véritable fonction d’un ministre délégué ?

«Un ministre délégué est un ministre qui travaille sous la direction du Premier Ministre et qui est administrativement relié à lui. C’est une bonne chose parce qu’il bénéficie de l’autorité de la Primature sur les autres ministères. C’est encore mieux que d’être rattaché au ministère des Affaires Etrangères. De plus, un ministre délégué est mieux placé qu’un secrétaire d’Etat !», explique Mohamed Tozy, politologue. Certes, un ministre délégué mieux placé qu’un secrétaire d’Etat mais moins bien positionné qu’un ministre. Les 5 millions de Marocains vivant à l’étranger, représentant presque, à eux seuls, un état (La suisse compte aujourd’hui près de 8 millions d’habitants) et 10% de la population marocaine actuelle, ne méritaient-ils pas un Ministère à part entière ? 

Un Ministre des MRE, mais pas MRE

Cependant, ce qui est incompréhensible et est une véritable déception pour certains des MRE que Yabiladi a joint par téléphone aujourd’hui, est le fait que le nouveau ministre ne soit pas un MRE. La pilule a du mal à passer, à commencer par les rangs même du PJD en France.

«Franchement j’aurais aimé qu’un MRE soit nommé à ce poste et non un Marocain n'ayant pas d'expertise sur la question migratoire !», lâche Omar El Mourabet, membre du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger et membre du PJD à Paris. «Abdelilah Benkirane a insisté dès le départ à ce que ce soit un MRE qui soit nommé à ce poste et il avait même désigné un nom. Mais il a été, par la suite, contraint de se soumettre, parce qu’on ne peut pas faire ce que l’on veut dans une coalition gouvernementale ! On [le PJD] a cédé sur un poste aussi important que celui du Ministère de l’Economie [détenu par Nizar Baraka de l'Istiqlal], ça va de soi que l’on cède sur ce poste-là» poursuit-il la gorge nouée.

Après avoir passé plusieurs appels à des membres du PJD qui ont souhaité gardé l’anonymat, pour tenter de savoir quel était le nom de la personne que Benkirane voulait nommer au départ, on apprendra qu’il s’agissait d’Omar El Mourabet, lui-même.

«Ce qui me désole, c’est que ce ne soit pas un MRE qui soit désigné à ce poste. On espérait que ce nouveau ministre puisse répondre rapidement à nos besoins, mais il va d’abord devoir les déterminer, parce qu’il ne les connaît pas. Ce qui veut dire qu’on va encore perdre un à deux ans alors qu’on aurait pu appliquer des choses tout de suite si on avait eu un ministre MRE !», lance Salem Fkire, Président de l’Association Cap sur les MRE. «Je suis déçu, fatigué et démotivé parce que, non seulement, on a été exclu du vote des dernières élections législatives mais en plus notre ministère a été trimballé de partis en partis, comme si on était la cinquième roue du carrosse ! Nous, [les MRE] on revendique des problèmes sociaux et non économiques et malheureusement les problèmes sociaux sont mis de côté et on nomme un Ministre du commerce extérieur !», ajoute-il.

«Le nouveau ministre des MRE a étudié à Toulouse et il a des origines bourgeoises. Pour lui, la France ce doit être seulement un lieu où il passe ses vacances», ironise Anass, journaliste aux Pays-Bas. «S’il y a un parti marocain qui a toujours été absent pour la question des MRE, c’est bien l’Istiqlal contrairement au PJD ou le PPS qui sont réputés à l’étranger. Mais je méfie du rôle de l’Istiqlal à l’avenir parce que ce parti pourrait utiliser les MRE comme machine électorale le jour où les Marocains de l’étranger voteront pour les prochaines élections», pense-t-il.

Les chantiers attendant Maâzouz

S’il y a une personne qui connait bien les attentes et les besoin des MRE c'est Omar El Mourabet, pressenti au départ au poste de ministre des MRE. Selon lui, les grands chantiers sur lesquels Abdellatif Maâzouz va devoir travailler sont par ordre de priorité : l’enseignement de la langue arabe aux enfants MRE, l’encadrement religieux, la participation politique en bannissant le vote par procuration et en permettant aux MRE de voter à partir de leur pays d’accueil et enfin leur assurer de bons services administratifs. Par exemple, Omar El Mourabet a soulevé la question des coûts administratifs pour faire un passeport marocain, des coûts qui sont plus élevés actuellement pour un MRE que pour un Marocain vivant au Maroc.

«Il faut également changer l’image stéréotypée des MRE. Ce ne sont plus seulement des travailleurs immigrés, il y a également des cadres, des médecins et des chercheurs et j’avais d’ailleurs appelé à rajouter les termes «compétences à l’étranger» dans l’intitulé du ministère des MRE afin d’encourager les cerveaux à revenir au Maroc», explique-t-il.

Enfin l’un des chantiers importants aux yeux d’Omar El Mourabet est de réformer le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger en nommant un nouveau Président. «Ce n’est pas normal qu’une personne puisse présider deux institutions à la fois», dit-il en faisant référence à Driss El Yazami qui est, non seulement, Président du CCME mais également Président du Conseil national des droits de l'homme.

La voix des MRE

Mais les propositions pour améliorer la vie des Marocains à l’étranger ne doivent pas venir seulement des politiciens mais aussi des MRE eux-mêmes, mais encore faut-il leur prêter une écoute attentive ! Car le risque, à long terme, serait de créer une rupture irréversible entre les MRE et le Maroc.

«De l’extérieur, on n’entend pas beaucoup les actions menées par le gouvernement marocain pour ses MRE. Le Maroc devrait faire plus de lobbying et de marketing pour encourager les MRE à investir dans leur pays d’origine. Les MRE ne sont plus des ouvriers et on doit mettre en valeur leurs compétences», déclare Hicham, financier à Dubaï.

«Il faut prendre conscience que les MRE ne sont pas seulement ceux qui vivent en France ou en Belgique. Auparavant, Ameur se rendait beaucoup en France, au Canada ou aux Etats-Unis mais jamais dans d’autres pays. Ici en Russie, rien n’est fait pour conserver un lien entre les Marocains qui y vivent et le Maroc, sauf pour la fête du trône durant laquelle il y a des manifestations spéciales. Les seules liaisons qui existent aujourd’hui entre le royaume et la Russie sont économiques et pourtant tous les Marocains que je connais sont intéressés par ce qui se passe actuellement dans le pays», relate Amina, journaliste à Moscou.

«Suite à la nomination du nouveau gouvernement, j’ai l’impression que la population marocaine est plus concernée que moi, car à mon niveau, cela ne change absolument rien. Nous, le premier contact que l’on a lorsqu’on arrive au Maroc pour des vacances, ce sont la douane et la police et ce n’est pas toujours positif. On n’a pas l’impression de recevoir les mêmes traitements que l’on voit à la télévision marocaine durant l’été, et ça nous fait bien rire quand on voit ça ! Mais cela ne m’empêche pas de dire souvent à mon fils que c’est au Maroc que je souhaite passer ma retraite !», conclut Meriem, enseignante en Angleterre.

Portrait d'Abdellatif Maâzouz

Abdellatif Maâzouz est né à Sefrou et est âgé de 57 ans.

En 1978, il obtient une licence en économie à l'Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès et s'envole l'année suivante vers la France pour décrocher une maîtrise en sciences économiques puis un DESS à Toulouse. En 2000, il est Docteur en sciences économiques de l'Université Hassan II de Casablanca.

De 1998 à 2003, il a occupé plusieurs fonctions au sein du Centre Marocain de Conjoncture et était également consultant auprès de l'Usaid. Il a été directeur général de la Maison de l'Artisan et a enseigné l'économie à l'Université Hassan II et à l'Iscae.

Avant d'être nommé ministre des MRE, il était Ministre du Commerce Extérieur sous le gouvernement d'Abbas El Fassi depuis 2007.

 

une seule personne qui peut faire bouger les choses c'est le ROI
Auteur : sakki
Date : le 07 janvier 2012 à 19h38
une seule personne qui respecte les MRE c'est, le roi
il est le seul à faire bouger les chose si non tous tous du ministre qui est notre tuteur au dernier Moukademe qui cherche à nous extirper même 1 € surtout les impôts les communaux
les préfectoraux
la douane
quant à la Police et la Gendarmerie, elles se conduisent très bien maintenant elles ne demandent plus rien même si les MRE qui exagèrent et qui abusent en disant le contraire
en réponse à Eternity1985
Auteur : MCASAOUI
Date : le 06 janvier 2012 à 22h59
On ne lui souhaite rien du tout il est payé pour la tâche qui lui est confiée. Il faut et il a intérêt à être à la hauteur de la tâche. La communauté à l’étranger représente la première rentrée de devises. Si le ministre n’est pas choisi parmi notre élite présente à l’étranger qu’on nous permette de réclamer le meilleur de leurs ministres j’aurai souhaité avoir si Fouad (de l’énergie et des mines) au moins avec lui ça va vite (car 4 ans de travail de si Fouad représente 12 ans de travail Ameur ou de Maazouz). Ainsi on peut rattraper le temps perdu. Je vous raconte une anecdote à propos du précédent. Lors de son passage dans notre région (que je ne citerai pas, il se reconnaitra) je lui ai présenté un projet pour la communauté en liaison avec le Maroc (partenariat public privé) et qui rentre dans le cadre du projet émergence. Il a trouvé le projet très intéressant et il m’a demandé de rédiger un draft et passer le voir à Rabat (comme si je n’avais rien à faire un véritable médiocre, feignant et mal organisé…). J’aurai présenté la même chose à Fathallah Sijelmassi ou à Adil DOUIRI l’enregistrement et la mémorisation de l’idée du projet est immédiate et ce sont eux qui me demanderont, en cas de besoin, mes coordonnées pour me joindre. J’ai cité Fathallah car j’ai pu apprécier sa capacité intellectuelle et ses qualités lors de son passage en France. C’est imbécile (l’ancien ministre des MRE) croyait que tous les Marocains résidents en France rêvent de rentrer dans un ministère pour prendre un verre de thé avec le ministre. C’est pour cela que le poste de ministre nécessite des capacités intellectuelles largement au dessus de la moyenne voir exceptionnelle (en plus des valeurs).
Rappelez vous quand sa Majesté M6 a fait venir des technocrates pour accélérer les réformes et la gestion de l’état les partis n’ont pas aimé (ils ont pleurniché) maintenant qu’ils sont dans les commandes il faut qu’ils assurent. Je suis très heureux pour mon pays de voir un nombre de ministres délégués très consistant. Heureusement que si Charki vient à la rescousse (imaginez vous M. Laenser seul à son ministère c’est la pagaille assurée). Il y a certes des hommes nouveaux de qualité. Je ne signe pas de chèque blanc j’attends de voir.
Voici pourquoi cher Yabiladiste on doit élever notre niveau d’exigence vis-à-vis de ces administrateurs qui débarquent et c’est donc valable pour Si. Maazouz.
Le nouveau ministre des MRE
Auteur : Eternity1985
Date : le 06 janvier 2012 à 14h12
Bonjour,
J'aimerais à mon tour réagir à cet article. En plus d'etre économiste de formation, M. Maazouz a su doter le Ministère du Commerce Extérieur d'une vision et d'un plan d actions clair et ambitieux qui a permis de développer davantage le rayonnement international du Maroc.
Je suis sure qu'il est très bien armé pour comprendre et répondre aux attentes des MRE.
Nous lui souhaitons beaucoup de courage et de succès dans ces nouvelles fonctions.
rectificatif
Auteur : MCASAOUI
Date : le 05 janvier 2012 à 21h28
dans mon dernier paragraphe je voulais dire contrairement à Mouline Si MEZIANE avait une comprhension rapide de prblématiques complexes...

Pour la suite je constate que la rédaction de Yabiladi ne réagit pas à nos propositions...Sinon moi je vous propose comme ministre des MRE Si EZZOUAK
au moins lui (sans avoir fait une grande école) il connait bien les problèmes de la communauté et je pense qu'il sera plus efficace et plus aigu que Si Maazouz. Qu'en pensez vous chers Yabiladistes.
conseil du Ministre MRE
Auteur : abdo447
Date : le 05 janvier 2012 à 18h14
le Nouveau Ministre MRE conseille au MRE d'effectuer la traversée à la NAGES , les Maillots de BAIN seront Fournis par le Maroc Gracieusement Mdrrrrrrrrr!
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