Menu

Grand Angle

Soupçons de financements marocains : Les soutiens de Salvini prennent leurs distances

Après des soupçons de corruption autour d’un soutien proche du ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini, l’entourage de ce dernier fait machine arrière quant à une rencontre entre une délégation du chef de la Ligue du nord et des officiels marocains, où Gianluca Savoini aurait «touché un pot-de-vin» selon la presse italienne.

Publié
Le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini et son bras droit Gianluca Savoini au sein de la Ligue / Ph. ANSA
Temps de lecture: 3'

Quelques jours après les révélations sur une réunion de Salvini, accompagné de sa délégation, avec des responsables marocains à Paris en 2016 pour un éventuel soutien à la Ligue, quelques personnalités de l’entourage du ministre italien de l’Intérieur veulent afficher leur distance avec le développement de l’affaire. Officiellement, la rencontre est intervenue après une première visite d’une délégation de Salvini au Maroc en 2015, sous l’angle de la diplomatie parallèle.

Ainsi, l’ancienne députée marocaine établie en Italie, Souad Sbai, a confié à la presse locale avoir «mieux fait de ne pas avoir été membre de ladite délégation», même si elle a affirmé avoir «donné l’idée en premier à Salvini pour venir au Maroc dans le cadre d’une visite portant sur des questions économiques entre les deux pays».

Citée jeudi par Il Giornale, la femme politique et responsable associative affirme en avoir parlé avec le ministre «il y a quatre ans» et que ce dernier avait bien accueilli l’idée. «C’est ainsi que je me suis activée auprès des autorités marocaines», indique-t-elle. «Une semaine avant le voyage, j’ai reçu un appel de Gianluca Savoini (ancien porte-parole et homme de confiance de Salvini, ndlr) m’expliquant que tout allait bien (…) C’était la première et la dernière fois que j’ai eu des nouvelles de lui», soutient-elle encore.

Après des soupçons de corruption autour de Savoini, Souad Sbai exprime désormais son soulagement de ne pas avoir fait le déplacement avec les responsables de la Ligue. Peu avant les révélations, Savoini a en effet été pointé du doigt pour avoir touché des fonds russes, dans le cadre d’un appui au parti d’extrême-droite, ce qui a mis l’entourage de Salvini dans l’embarras.

L’entourage de Salvini se défend de toute «corruption»

Ce vendredi, c’est un autre proche de Salvini qui a exprimé ses réserves en tentant d’éclaircir le fait de ne pas être en lien avec ces soupçons, bien qu'il ait fait le déplacement à Paris dans le cadre de la délégation italienne. Il s’agit du médecin Claudio Giordanengo. Au micro de La Stampa, le dentiste turinois de 62 ans réfute ainsi toute attribution d’«argent occulte», affirmant que la rencontre «a porté strictement sur des questions d’investissement économique dans le royaume».

«Si j’avais su qu’il y avait une intention de chercher de l’argent pour le parti (la Ligue du nord, ndlr), j’aurais immédiatement reculé», déclare le médecin. «L’idée de se rendre au Maroc avec une délégation de la Ligue du nord est née presque par hasard (…) Je ne savais pas que le voyage avait d’autres objectifs, comme celui d’avoir un financement caché», se défend-t-il encore auprès de la même source.

Par ailleurs, Giordanengo dit n’avoir découvert «que ces derniers jours» les révélations autour d’éventuels financements que Savoini aurait touchés à l’issue de la rencontre à Paris, pour le compte de la Ligue. Mercredi dernier, Il Fatto Quotidiano a en effet rapporté que Gianluca Savoini aurait «reçu [un] précieux colis des mains de Mohamed Khabbachi (sic), ancien directeur général de l’agence de presse nationale MAP, émissaire du roi Mohammed VI pour des activités de lobbying à l’échelle européenne, notamment en Italie». Selon le média italien, le paquet «contenait une somme de 150 000 euros en espèces».

Mais une source citée par Il Fatto Quotidiano précise que la réunion avait pour objectif de «définir une liste de sociétés italiennes à signaler pour des futurs contrats au Maroc», avec la présence notamment d’Ilyas El Omari, alors numéro 2 du PAM, Driss El Yazami qui était président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et Mohamed Khabbachi, entre autres. Contacté ce jour-même par Yabiladi, l’entourage de celui-ci a nié tout soutien financier à la Ligue, soulignant que le concerné envisage de porter plainte.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com