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Grand Angle

Quand Benkirane ordonnait aux députés du PJD de voter une loi «heurtant les fondements de l’islam»

Faites ce que je dis, mais ne dites pas ce que je fais... Il y a quatre ans, Abdelilah Benkirane avait ordonné aux députés du PJD d’adopter un projet de loi aux conséquences beaucoup graves sur les «valeurs de l’islam» que d’autoriser l’enseignement des matières scientifiques en «la langue du colon».

 

Publié
Abdelilah Benkirane / DR
Temps de lecture: 2'

Ce samedi 20 juillet, Abdelilah Benkirane a condamné avec vigueur la décision du secrétariat général du PJD de contraindre les députes du parti à voter en faveur du projet de loi-cadre 51-17 sur l’enseignement. Dans son live diffusé sur les réseaux sociaux, il s’est fait le grand avocat de la liberté d’opinion des parlementaires, arguant que sur les questions de principes et du référentiel islamiste il n’y a point de concessions.

Pourtant en juillet 2015, le chef du gouvernement à l'époque, n’avait pas hésité à mettre sous le boisseau toutes les marqueurs idéologiques du PJD pour que le protocole facultatif de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), adopté par son cabinet en novembre 2012, soit approuvé par les deux Chambres du Parlement. Pour ce faire, il avait enjoint aux députés islamistes de voter le texte si décrié par l’ensemble du PJD alors que le parti était dans les rangs de l’opposition, mais aussi par sa matrice le Mouvement Unicité et Réforme.

Pour mémoire tous les députés s’étaient pliés à l’ordre donné par Benkirane à l’exception d’un seul : Abou Zeid El Idrissi. Celui qui se considère comme le gardien des valeurs islamistes au sein de la Lampe, n’avait osé manifester publiquement son désaccord avec le protocole et s'attirer en conséquence les foudres de Benkirane. Il s’était ainsi rendu au siège de la Chambre des représentants mais avait séché la séance du vote prétextant l’accomplissement de la prière.

Deux poids deux mesures

Dans son live du samedi, l’ancien secrétaire général de la Lampe avait estimé que les principes, les valeurs et le référentiel islamiste du parti sont une ligne rouge à ne pas franchir. Or la ratification de la convention de la CEDAW est, selon sa logique, beaucoup plus grave que d’autoriser l’enseignement des matières scientifiques dans les écoles marocaines dans «la langue du colon». En effet, le protocole est susceptible de heurter frontalement les fondements même de l’islam. Dans son article 2, il demande en effet aux Etats signataires de «prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour modifier ou abroger toute loi, disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination à l’égard des femmes». Ce qui constitue une remise en question par exemple des règles de l’héritage en vigueur en islam. A l’époque, le Mouvement Unicité et Réforme n'avait pas manqué de le rappeler à Benkirane, dans un communiqué.

Un «deux poids deux mesures» flagrant qui confine la défense des valeurs de l’islam à une simple instrumentalisation policitienne par Abdelilah Benkirane. Les députés et autres figures du parti sont tout autant à blamer que leur ancien chef. Silencieux lors de la ratification de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), ils sont aujourd’hui très bavards contre le projet de loi-cadre sur l’enseignement.

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