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Grand Angle

Maroc : L'élection du Grand Rabbin divise la communauté juive marocaine

Faisant suite aux informations relayées par des médias israéliens en avril dernier, rapportant à tort que Yoshiyahou Yosef Pinto a été nommé Grand Rabbin du Maroc, une nouvelle polémique autour du Rabbin qui succèdera à Aaron Monsenego vient de naître.

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Photo d'illustration. / Ph. DR
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A la veille de l’élection du Grand Rabbin du Maroc pour remplacer Aaron Monsenego, décédé en août dernier, la communauté juive marocaine reste divisée quant à la personne qui viendra succéder au rabbi né à Fès.

Ainsi, des membres de la communauté marocaine juive ont lancé, la semaine dernière, une pétition sur la plateforme Avaaz. Signée, jusqu’à ce mercredi, par près de 300 personnes, la pétition profite de cet anniversaire posthume pour adresser un message au roi Mohammed VI ainsi qu’aux autres Marocains de confession juive.

Une pétition qui met en avant Rabbi Joseph Israël

Pour ses auteurs, «il est temps (…) de penser à la nomination d'un nouveau grand rabbin du Maroc». «Par tradition et par la loi, celui-ci doit résider d'une manière permanente au Maroc et être Rabbin Dayan (Rabbin Juge)», ajoutent-ils avant d’annoncer le nom de leur candidat favori.

Selon le texte de la pétition, «la communauté dans sa grande majorité connait et apprécie énormément le Rabbin Juge Israël», qui «remplit les conditions nécessaires» afin d’accompagner la communauté dans les années qui viennent. Il s’agit de Joseph Israël, grand rabbin et dirigeant de la communauté juive de Casablanca.

Pour les rédacteurs de la pétition, Joseph Israël «connait sa communauté dans les moindres détails». «Sa réputation d'intégrité le précède chez nos coreligionnaires et auprès de nos frères musulmans marocains. Il perpétue la tradition de nos grands tsaddikim en étant modeste, disponible, érudit et doué de grandes qualités humaines d’écoute et de réconfort», poursuivent-ils.

Ceux-ci expliquent plus loin les raisons de la pétition, affirmant avoir «eu des échos inquiétants concernant la tentative de présenter à sa Majesté le Roi Mohammed VI, que dieu le protège, le Rabbin Yoshiyahu Pinto pour ce poste très important». L’occasion d’énumérer les «nombreux désavantages», qui empêcheraient le descendant de Haim Pinto d’accéder à ce poste, comme le fait qu’il «ne parle pas l’arabe», qu’il ne serait pas «Dayan» et qu’il «vient de purger une peine de prison de un an en Israël».

La pétition pointe aussi du doigt le fait que Yoshiyahu Pinto «soit parrainé par monsieur (Serge Berdugo) juste avant les élections».

Rabbin Yoshiyahu Pinto ne serait pas candidat, précise le CCIM

Contacté par Yabiladi, le Conseil de la communauté israélite au Maroc (CCIM) a réagi à la polémique par la voix de son secrétaire général. «Vue l’évolution de la communauté juive, le CCIM estime nécessaire d’avoir un Grand Rabbin résident au Maroc qui assure les fonctions de représentation du judaïsme marocain tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Royaume, assume le rôle de chef spirituel et garanti le respect des préceptes cultuels du judaïsme marocain», affirme le secrétaire général du CCIM, Serge Berdugo.

«En précisant que le rôle du Grand Rabbin du Maroc étant différent de celui de Président de la Cour de Justice Rabbinique, il n’est pas nécessaire qu’il soit Dayan, - ce qui était d’ailleurs le cas du regretté Rabbi Aron Monsonego ZL, son rôle sera également diffèrent de celui d’Av Beth Din assumé par Rav Yoshiyahu Pinto.»

Serge Berdugo

Le secrétaire général du CCIM précise aussi que Yoshiyahu Pinto «n’est pas candidat pour le poste de Grand Rabbin» du Maroc. «Dans ce contexte, la désignation d’un Grand Rabbin du Maroc auprès du CCIM sera effectuée sur la base d’une liste de candidatures sérieuses de grands rabbins marocains ou d’origine marocaine et selon des critères de compétence, d’expérience et de solides références», précise-t-il.

«Il est utile de rappeler que, par le passé, le titre de Grand Rabbin du Maroc était porté par le président du Haut Tribunal rabbinique, supprimé en 1967. Il n’y a donc pas de Grand Rabbin du Maroc entre 1967 et 1977», nous rappelle Serge Berdugo. Ce n’est qu’en 1977 et en accord avec le ministère de tutelle que le CCIM a été habilité à désigner un chef spirituel du judaïsme marocain pour porter le titre de Grand Rabbin du Maroc auprès du CCIM.

Si Rabbi Saul Danan ZL a été le dernier Grand Rabbin du Maroc en tant que président du Haut Tribunal rabbinique, le premier Grand Rabbin du Maroc nommé par le CCIM était Rabbi Yedidia Monsonego ZL en 1977.

«Après le décès en août 2018 du Grand Rabbin du Maroc Aron Monsonego ZL qui occupait ces fonctions depuis 1998, le CCIM s’est évertué à susciter des candidatures de grands rabbins aptes à assumer les responsabilités» de ce poste, conclut Serge Berdugo.

Cette polémique s'ajoute ainsi à celle provoquée par des médias israéliens ayant relayé en avril l'information selon laquelle Yoshiyahu Pinto avait été nommé dans ce prestigieux poste. Mais le CCIM avait réctifié la fausse information que Pinto a été nommé «Av Beth Din», le poste de Grand rabbin restant toujours vacant.

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