Menu

Grand Angle

Aéronautique : Moulay Hafid Elalamy joue le pompier pour Bombardier

Moulay Hafid Elalamy joue-t-il sur les mots ? Le ministre de l'Industrie a démenti tout départ formel du groupe canadien, préférant insister sur un passage de témoins aux sous-traitants qui prendront le relais. 

Publié
L’usine de fabrication de composantes de Bombardier à Belfast, en Irlande du Nord. / Ph. Clodagh Kilcoyne – Archives Reuters
Temps de lecture: 2'

Bombardier quitte le Maroc ? «C’est légitime mais c’est faux», a tranché sans ambages Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, ce lundi 6 mai à Casablanca lors d’une conférence de presse. Alors que le troisième constructeur mondial d’avions civils a récemment annoncé la mise en vente de son unité de production et d’assemblage au Maroc et à Belfast, en Irlande du Nord – la première employant 400 personnes contre 3 500 pour la seconde –, le responsable a démenti tout départ formel du groupe canadien.

«Bombardier ne quitte pas le Maroc ; il cède ses activités à des sous-traitants qui vont continuer à produire des pièces dans ses usines», a-t-il tenté d'expliquer. «C’est un transfert», insiste-t-il, soulignant que le Canadien s’est dit, auprès du ministre lui-même, «très heureux de la relation avec le Maroc et la compétitivité marocaine». «Le Maroc est d’ailleurs assurément le fer de lance du développement de Bombardier. Sa plateforme au sein du royaume est la plus compétitive, et l’objectif est justement de développer cette partie-là», a insisté le ministre.

Pourtant Bombardier se désengage bien du Maroc comme annoncé la semaine dernière, et l'usine de Casablanca sera cédé à des sous-traitants. Un appel d’offres a déjà été lancé afin que le groupe «puisse se concentrer sur la construction de ses avions». Pour rassurer, le ministre de l'Industrie s'est empressé de citer les prétendants dans l’industrie aéronautique, à l'instar du Français Airbus, le Britannique GKN et l’Américain Spirit AeroSystems. 

«Dans trois semaines, voire un peu avant, nous saurons quelle entreprise a été retenue.»

Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie

Mode «Damage control» activé

Moulay Hafid Elalamy a tout de même reconnu que la multinationale canadienne, en proie à des difficultés depuis quelques années, «a besoin de se structurer pour coller avec sa nouvelle stratégie» : s’inscrire dans la même lignée que les géants Airbus et Boeing, «dont 60% de ce qu’ils produisent est sous-traité. Les avionneurs, en général, deviennent des intégrateurs, et non pas des producteurs», a-t-il ainsi plaidé.

«Bombardier est l’une des structures importantes dans l’aéronautique au Maroc et a permis de consolider la place Maroc dans cette filière. Le secteur dans sa globalité a pris de l’ampleur. Nous avons aujourd’hui 140 équipementiers installés au Maroc, avec une croissance importante et un taux d’intégration de 34% qui a dépassé nos attentes. Les résultats vont au-delà du plan d’accélération industrielle», a-t-il encore déclaré avec emphase.

«Vous avez une seule chance d’avoir des investisseurs qui ne quittent pas le Maroc : c’est de ne pas avoir d’investisseurs du tout», a conclu le ministre de l’Industrie. Pourtant, l'investisseur canadien venu au Maroc, a boudé la conférence de presse. Dans le courriel d'invitation il était pourtant précisé la présence du vice-président de Bombardier Maroc, Stephen Orr.  

Pour rappel, la société canadienne avait investi plus de 200 millions de dollars pour son projet au Maroc. La société indiquait avoir choisi le royaume en raison de la compétitivité des coûts de production et de l’environnement favorable aux investissements.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com