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Grand Angle

Diaspo #89 : Mustapha Chichaoui, ou l’art de mordre la vie sur un ring

Passionné de sports de combat, ce Franco-marocain envisage de s’installer au Maroc pour monter un camp d’entraînement dans la ville d’origine de ses parents, et préparer les champions marocains de demain.

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Mustapha Chichaoui. / DR
Temps de lecture: 3'

A 43 ans, Mustapha Chichaoui est plus que chevronné aux sports de combat. Depuis l’âge de 16 ans, il monte sur le ring et enchaîne les combats de shindokaï, «un art martial japonais qui regroupe tous les styles de combat, notamment la boxe anglaise, le kick-boxing, la lutte, le judo et les arts martiaux mixtes (MMA)», nous explique-t-il avec enthousiasme. A ces disciplines s’ajoute le ju-jitsu brésilien, qui se définit à la fois comme un sport de combat, un art martial et un système de défense personnel.

Le concept ? Une personne peut se défendre en utilisant les techniques appropriées, plus particulièrement en amenant le combat au sol et en appliquant des techniques d’étranglement, de clé articulaire ou de compression musculaire. Récemment sacré champion du monde de shindokaï à Milan, Mustapha Chichaoui a d’ailleurs combattu contre un adversaire de 85 kg pour 1m90, quand lui pèse 73 kg pour 1m70. «Il n’y avait pas de combattants dans ma catégorie», justifie-t-il. «Les deux premiers rounds vous combattez poings nus, sans protection, sans la frappe au visage, et les deuxième et troisième rounds vous mettez des gants de boxe anglaise, vous avez le droit de frapper au visage d’emmener au sol», décrit-il.

Le vainqueur gagne par KO ou soumission. «Je fais un étranglement de cou et la personne est obligée de taper par terre, au sol, pour signifier qu’elle abandonne, auquel cas elle risque de perdre conscience. Une fois au sol, il est interdit de frapper au visage», précise ce passionné.

D’abord footballeur

Adolescent, ce n’est pas sur les rings qu’il s’initie au sport, mais dans les stades de foot. «A la base j’étais footballeur, mais comme j’aimais bien Bruce Lee, et que j’avais des amis qui pratiquaient la boxe à haut niveau, j’ai laissé tomber le foot pour les sports de combat», raconte-t-il. Il sera notamment coaché par Christophe Mendy, un boxeur français originaire de Rouen, comme lui.

La chronologie de son palmarès et de ses activités défile à toute vitesse : «J’ai commencé par le full-contact pendant dix ans avec l’équipe de France, j’ai été plusieurs fois champion de France et sélectionné pour les championnats du monde à Atlanta. J’ai également été deux fois champion de France de kung-fu traditionnel, champion de France de taekwondo, professionnel en boxe anglaise, semi-professionnel en boxe thaïlandaise. J’ai d’ailleurs effectué mes stages de préparation en Thaïlande, à Bangkok.» Au total, il a 98 combats à son actif dans tous les styles confondus, «et cinq défaites».

Malgré ce palmarès, Mustapha Chichaoui ne vit pas de son sport. Parallèlement, il est médiateur de nuit et gère le patrimoine de Seine-Habitat à Rouen. «J’interviens avant la police, en cas de problème entre locataires, d’agressions, de sinistre, de feu», dit-il. Le week-end, il est également responsable de la sécurité dans une discothèque de Rouen… mais peut-être plus pour longtemps.

Le quadragénaire espère en effet revenir au Maroc et installer un camp d’entraînement à Bin El-Ouidane, une commune rurale de la province d’Azilal, d’où sont originaires ses parents.

«Maintenant que j’ai atteint le plus haut niveau, mon projet c’est de remettre ma ceinture en jeu au Maroc contre un adversaire étranger. J’ai acquis un savoir en France dans différentes disciplines et je veux le transmettre là-bas, pour entraîner les futurs champions marocains qui veulent combattre à l’étranger. J’aimerais aussi faire un championnat du monde de shindokaï au Maroc d’ici 2020.»

Dans ce projet, il serait soutenu par des sponsors, mais aussi par son coach et mentor Christophe Mendy, qui s’apprête à rentrer de New York pour l’entraîner pendant trois mois en préparation des championnats du monde de K-1, «sous les couleurs du Maroc», précise Mustapha Chichaoui. Car plus que le pays de ses parents, c’est aussi et surtout le sien, glisse-t-il.

Article modifié le 11/05/2019 à 14h02

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