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Grand Angle

Hirak en Algérie : Gaïd Salah fustige l’ingérence de la France tout en épargnant le Maroc

La réserve du Maroc vis-à-vis du Hirak en Algérie semble avoir été appréciée à Alger, si l’on en croit le discours du général Gaïd Salah du jeudi 18 avril.

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Le général Gaïd Salah / DR
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Gaïd Salah a prononcé, hier à Ouargla devant un parterre de militaires en treillis, un important discours. Au-delà des menaces directes adressées à certaines forces de l’intérieur, pour le royaume l’intervention du chef des armées constitue un signe de détente. Et pour cause, après les premières tensions et les flèches décochées à l’égard du Maroc, le général a blanchi Rabat de toute ingérence dans le mouvement populaire en Algérie.

Le vice-ministre de la Défense, l’unique homme fort du pays depuis qu’il a lâché l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, accuse désormais de «grandes puissances qui œuvrent à refaire la carte du monde suivant leurs intérêts même si cela devait se faire aux dépens de la liberté, de la sécurité, de l’indépendance et de la souveraineté nationale des peuples».

Une allusion au rôle présumé de la France dans la «déstabilisation» du mouvement populaire qui se poursuit depuis le 22 février.

La prudence du Maroc récompensée ?

Le Maroc est ainsi «récompensé» pour son silence observé depuis le début du Hirak. Le 12 avril une déclaration du ministère des Affaires étrangères a insisté sur la position de «non-ingérence» du royaume «par rapport aux récents développements en Algérie.» Et d’affirmer que Rabat «n’a pas à se mêler des développements internes que connait l’Algérie».

Le texte du département de Nasser Bourita a surtout rejeté «avec force l’allégation mensongère de coordination avec d’autres pays, notamment la France, sur les événements en Algérie. Aucun contact avec Paris, ni avec aucun autre pays d’Europe ou ailleurs, à ce sujet». Deux semaines plus tard, l'ancien président Liamine Zeroual révéla dans une lettre la teneur d'une réunion avec des membres des renseignements français et le général à la retraite Toufik portant sur l'avenir du pays.

Par ailleurs, et peut être sans réellement le vouloir, le discours de Gaïd Salah apporte un démenti au communiqué du vendredi 12 avril de la direction des services de police ayant fait état de l’ «arrestation de ressortissants étrangers». Un texte publié le même jour de manifestation marqué par l’usage de gaz lacrymogène et jets d’eaux contre des protestations dans la capitale.

La DGSN algérienne les a accusés de mener des «complots malintentionnés» visant à «détourner les manifestations de leur nature pacifique en les transformant en violence et en chaos dans le but de semer la confusion et la destruction». La police a par ailleurs promis de révéler les «identités» des individus composant le supposé groupe d'étrangers. Sept jours sont passés sans qu’elle ait pris la moindre initiative en ce sens.

Pour rappel, en 2015, lors des manifestations des amazighs de Ghardaia, la police algérienne avait fait état de l’interpellation de Marocains, présentés comme des agents des renseignements venus fomenter une rebellion.

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