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Grand Angle

Les médias réticents à qualifier de terroristes les attaquants d’extrême droite, selon une étude

Une fois n’est pas coutume, les médias ont été disposés à étiqueter l’auteur des attentats contre deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en tant que terroriste.

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La Première ministre de la Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, avait qualifié d’actes terroristes l’attaque de Christchurch dans les six heures qui avaient suivi le drame. / Ph. AFP
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C’est un constat qui ne surprend guère : les extrémistes islamistes sont trois fois plus susceptibles que ceux d’extrême droite d’être qualifiés de terroristes dans les médias, selon un aperçu de plus de 200 000 articles de presse et transcriptions de retransmissions télévisées et radiophoniques, indique The Guardian.

Le journal britannique cite une étude réalisée par l’entreprise londonienne Signal AI, spécialisée dans l’intelligence artificielle, qui convertit l’information mondiale en connaissances commerciales accessibles et exploitables. La société a analysé les reportages sur 11 attaques terroristes survenues ces deux dernières années, ainsi que la transcription d’émissions de télévision et de radio dans 80 langues différentes. Il en ressort que les médias sont constamment réticents à qualifier de terroristes les attaquants d’extrême droite.

La recherche a révélé que les attaques islamistes étaient liées au terrorisme dans 78,4% des reportages, tandis que les auteurs d’attentats émanant de l’extrême droite n’étaient identifiés comme terroristes que dans 23,6% des cas. «La première chose qui frappe, c’est que les reportages sur les attaques de terroristes islamistes sont quantitativement différents de ceux sur les attaques d’extrémistes de droite. Comme on pouvait s’y attendre, les médias sont beaucoup plus enclins à relier les premiers au terrorisme», souligne l’étude.

La prise de position de Jacinda Ardern a influencé les médias

L’étude indique également que les médias, une fois n’est pas coutume, ont été disposés à étiqueter l’auteur des attentats contre deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en tant que terroriste. Signal AI suggère que cette qualification des médias pourrait être due à la décision de la Première ministre du pays, Jacinda Ardern, de qualifier cet incident d’acte terroriste dans les six heures ayant suivi le drame, ce qui a incité les médias à lui emboîter le pas.

«La fusillade de Christchurch est en fait exceptionnelle dans la volonté des médias de qualifier le tireur de terroriste. Les raisons à cela ne sont pas tout à fait claires, mais il semble que Jacinda Ardern ait adopté une position immédiate et audacieuse lors de l’attaque. Si tel est le cas, cela montre que des personnalités influentes peuvent être en mesure de modifier le récit en fonction d’événements et de sujets. La langue des porte-parole filtre dans les médias et, probablement, dans un dialogue public», analyse Signal AI.

«Si tel est le cas, cela montre que des personnalités influentes peuvent être en mesure de modifier le récit en fonction d’événements et de sujets. La langue des porte-parole filtre dans les médias et, probablement, dans un dialogue public.»

Signal AI

L’entreprise a également constaté que les chaînes de télévision et de radio étaient moins susceptibles que les sites Web et les journaux de qualifier d’actes de terrorisme des incidents de toutes sortes, probablement en raison de la durée relativement courte des bulletins d’information.

La méthodologie de Signal AI consistait à comparer le nombre de reportages mentionnant un agresseur à côté des mots «terrorisme», «terroriste», «terreur» ou «kamikaze», par rapport au nombre de reportages qui qualifient une attaque sans mentionner aucun de ces termes, précise The Guardian.

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