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Grand Angle

Hirak en Algérie : Le Maroc, prochaine destination des figures des années Bouteflika ?

Le royaume a une tradition d’accueil des dignitaires algériens tombés en disgrâce, ou des intellectuels et opposants politiques ayant été contraints de fuir leur pays.

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L’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a été limogé seulement quelques heures après le retour du chef de l’Etat d’un séjour médical en Suisse. / DR
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Une nouvelle opération de casting de responsables algériens se dessine. Les manifestations réclamant un «changement radical» et la promesse d’une «deuxième république», annoncée par le président Abdelaziz Bouteflika dans ses lettres du 4 et 11 mars, devraient en effet sonner le glas pour de nombreuses figures du régime.

Il est ainsi très difficile, par exemple, pour l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, d’imaginer un come-back sur la scène politique comme il a l’habitude de le faire. La rupture avec le pouvoir a été cette fois brutale avec un limogeage survenu seulement quelques heures après le retour du chef de l’Etat d’un séjour médical en Suisse.

Même constat pour Ali Haddad, le chef du Forum des chefs d’entreprises, réputé pour sa proximité avec Saïd Bouteflika, le frère du président. L’homme, qui occupait le devant de l’actualité politico-économique dans son pays, est désormais inaudible. Visiblement en disgrâce, il ferait l’objet d’une enquête pour «détournement de fonds à l’étranger», à en croire une publication en ligne.

Il n’est d’ailleurs pas le seul à se faire discret. Son «ami» Sidi Saïd, secrétaire général depuis 1997 de l’Union générale des travailleurs algériens, est logé à la même enseigne. Très contesté au sein de son syndicat, il fait face à une fronde et des sit-in en cascade réclamant son départ.

Le Maroc, possible destination des figures des années Bouteflika

Ahmed Ouyahia, Ali Haddad et Sidi Saïd formaient un trio au service du clan présidentiel, louant ses décisions et critiquant ses opposants. Mais avec cette fin de règne qui se confirme au fil des jours en Algérie, elles pourraient être de potentielles personnalités sacrifiées sur l’autel de la colère populaire, à moins qu’elles choisissent de quitter le pays pour échapper à des procès et des peines de prison.

Le Maroc pourrait être une destination des anciennes figures des années Bouteflika. Le royaume a d’ailleurs une tradition dans l’accueil des «frères» algériens, qu’ils soient médiatisés ou de simples citoyens. Le président Chadli Bendjedid avait en effet jeté l’ancre à Tanger pour s’y établir après sa destitution par l’armée en décembre 1991. De même, son successeur, Mohamed Boudiaf, assassiné le 29 juin 1992 à Annaba, avait longtemps résidé à Kenitra.

Durant la décennie noire, des écrivains algériens, comme Rachid Mimouni, décédé à Tanger en 1995, ont fui les balles des islamistes et des autres groupes non-identifiés pour s’y installer. Des journalistes ont également fait le même choix. Parmi eux un certain Hamid Grine, qui a collaboré avec plusieurs publications à Casablanca durant la même période, avant de regagner son pays et occuper le poste de ministre de la Communication de mai 2014 à mai 2017.

Outre le facteur de la proximité pour les responsables algériens ayant «trempé leur doigt dans le pot de miel», pour citer le président Houari Boumediene, au Maroc ils sont sûrs de ne pas être poursuivis par les associations qui traquent les propriétaires de biens mal acquis. En France ou en Belgique, ils n’auront pas cette garantie.

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