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Grand Angle

Maroc - Arabie saoudite : Des chiites marocains veulent que Rabat «quitte le navire wahabite»

Les chiites marocains ont récemment salué le rappel de l’ambassadeur du Maroc en Arabie saoudite, profitant de l’occasion pour exhorter le pays à «quitter le navire wahabite» et à ne pas céder à la pression. Une position qui contredit celle annoncée après la rupture des relations entre Rabat et Téhéran, en 2018.

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Mustapha Mansouri, ambassadeur du Maroc en Arabie saoudite, a été rappelé depuis Ryad / Ph. DR.
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Contrairement à leur position critique au lendemain de la rupture des relations diplomatiques entre Rabat et Téhéran, les chiites marocains ont salué le rappel de l’ambassadeur du royaume de Riyad, dans un contexte tendu entre les deux pays depuis près de deux ans.

Président des Rissali progressistes, association chiite non reconnue par les autorités à Tétouan, Abderrahmane Chekrani déclare ainsi à Yabiladi que «le Maroc a découvert que l’Arabie saoudite l’impliquait dans des dossiers sur le plan international où il n’avait pas de raison d’agir».

«Quitter le navire du wahabisme est plus sain»

Selon le militant, «l’Arabie saoudite tentait d’acheter des créances» en «orientant la politique étrangère dans l’intérêt du wahabisme». «La goutte qui a fait déborder le vase, c’est lorsque l’Arabie saoudite a franchi toutes les lignes rouges concernant l’intégrité territoriale du Maroc», a-t-il ajouté.

Pour Abderrahmane Chekrani, le Maroc n’acceptera pas d’être associé à «des calculs et des conflits propres au Moyen-Orient, comme il ne renoncera pas à son modèle religieux tolérant, en dépit des difficultés que nous [chiites, ndlr] vivons et cherchons à surmonter à l’avenir».

Cependant, le président des Rissali progressistes envisage une prochaine accalmie «avec la continuité d’un soft-power exercé sur le Maroc, car la période actuelle ne devrait connaître une rupture totale entre les alliés des Etats-Unis, parallèlement à la conférence de Varsovie, qui est financée par l’Arabie saoudite pour assiéger l’Iran et redonner à Ryad sa gloire illusoire».

L’associatif chiite indique enfin que «quitter le navire du wahabisme est plus sain», soulignant que «l’axe de la Résistance [les pays opposés à la politique américaine et israélienne, à savoir la Syrie et l’Iran, en plus du Hezbollah libanais] a enregistré une importante victoire pour devenir un acteur clé».

Pour s’épargner les foudres de Ryad, prendre ses distances sans rupture

Pour sa part, le militant chiite marocain Mohamed Mohammadi indique à Yabiladi que depuis que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman a un pouvoir effectif, «les relations entre le Maroc et l’Arabie saoudite s’enlisent dans une crise».

Mohamed Mohammadi pense que les relations «ne seront plus jamais comme avant, car même les moyens qu’allouait l’Arabie saoudite pour gagner le soutien des Etats et les maintenir dans son orbite ne sont plus suffisants après l’intervention américaine pour drainer ces fonds sous la menace».

Ainsi, le militant exprime son inquiétude sur le fait de voir «les pressions des Al-Saoud sur le Maroc s’étendre au dossier du Sahara», menant le royaume wahabite à «exercer une pression sur les pays africains pour soutenir le Front Polisario». Pour lui, «Ryad pourrait également recourir à des cellules terroristes dormantes qui se nourrissent de foi, d’idéologie salafiste et wahabite pour déstabiliser le Maroc».

Ainsi, Mohamed Mohammadi indique préférer «le maintien des relations à un niveau minimum et raisonnable» dans «un rapport de réciprocité» et non plus comme par le passé, «lorsque le Maroc était regardé de haut par son partenaire saoudien, notamment à cause des aides que ce dernier octroyait» à Rabat.

Mohamed Choukrani, qui se décrit comme le dirigeant des chiites marocains, et Mohamed Mohammadi, expriment in fine une position bien différente de celle défendue par les chiites marocains concernant la rupture des relations entre le Maroc et l’Iran, survenue le 1er mai 2018. A ce moment-là, des formations chiites du royaume avaient même appelé Rabat à fournir des preuves concrètes sur ses accusations contre Téhéran, à qui il était reproché une aide active au Front Polisario par le biais du Hezbollah, son allié libanais.

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