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Grand Angle

Meurtre d’Imlil : Les condamnations nullement désintéressées des détenus salafistes

Les détenus salafistes multiplient les sorties pour condamner le meurtre d’Imlil. Ils redoutent les répercussions du crime terroriste sur le cours du programme «Moussalaha», qui a permis à des dizaines de prisonniers islamistes de retrouver la liberté.

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Une manifestation pour la libération de détenus islamistes au Maroc. / DR
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Les détenus salafistes condamnent, eux aussi, le meurtre de deux touristes scandinaves par les membres d’une cellule extrémiste ayant prêté allégeance à Daesh. Le 27 décembre, avec un retard de sept jours, le bureau exécutif du Comité mixte de défense des détenus islamistes a publié un communiqué dénonçant cet attentat terroriste.

L’assassinat est «une violation flagrante des dispositions de la Charia islamique (…) C’est un acte criminel commis hors du cadre des lois célestes», précise l’instance. «Ni la raison ni la logique ne l’acceptent», ajoute-t-elle.

Sur la même longueur d’onde que les organisations islamistes, l’ONG n’a pas manqué l’occasion de dénoncer cet acte, sans fustiger avec la même vigueur la «campagne menée par certains extrémistes qui imputent à l’islam et à l’ensemble des islamistes la responsabilité» du meurtre d’Imlil.

Plusieurs détenus salafistes prennent ensuite le relais

Cette sortie médiatique en a été suivie d’une autre deux jours après, portant la signature de plusieurs détenus salafistes incarcérés dans les prisons d’Oukacha et d’Aïn Sebaa à Casablanca, Kénitra, Ras El Maa 1 à Fès, Toulal 2 à Meknès, Moul El Bergui à Safi et Tanger.

Ils «considèrent l’assassinat des deux femmes scandinaves comme un crime commis en dehors des dispositions de la Charia islamique». Ils exhortent, dans un message à qui de droit, à ne pas «les diaboliser» à cause d’«un crime isolé et incompressible», et ce, par «une campagne destinée à monter l’opinion publique contre eux» et ayant pour objectif de «se désolidariser de leur cause», indique le Comité mixte de défense des détenus islamistes dans un autre communiqué publié le 29 décembre.  

Cette succession de réactions n’est pas sans soulever des interrogations sur leur timing. «Ces condamnations ne sont pas désintéressées. Le Comité et les familles s’attendent à une nouvelle vague de libération de salafistes, probablement lors des prochaines fêtes nationales», nous confie une source proche du dossier sous couvert d’anonymat.

Ils redoutent que le crime terroriste d’Imlil soit à l’origine d’une «pause» du programme «Moussoulaha», lancé par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), en concert avec la Rabita Mohammadia des oulémas et le Conseil national des droits de l’Homme, en vue d’une réhabilitation des détenus accusés de terrorisme.

Pour rappel, 22 détenus islamistes avaient déjà bénéficié, le 20 août, d’une grâce royale à l’occasion de la commémoration du 65e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.

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