Menu

Grand Angle

Maroc : La Fédération des boulangeries réagit à la polémique des gâteaux des fêtes de fin d’année

Depuis quelques jours, des pâtisseries ont affiché des avis destinés à leur clientèle, indiquant qu’ils ne vendraient pas des bûches et de gâteaux spécialement préparés pour les fêtes de fin d’année. La Fédération des professionnels du secteur réagit dans un communiqué pour dénoncer cette initiative et préciser que celle-ci est individuelle.

Publié
Photo d'illustration / Ph. DR.
Temps de lecture: 2'

Si les fêtes de fin d’année sont célébrées par des non-chrétiens au Maroc sans rite religieux, notamment à travers le partage de mets et de gâteaux, certaines boulangeries pâtisseries affichent désormais leur opposition à cette pratique sécularisée.

Ainsi, elles ont franchi le pas en affichant sur leurs devantures des avis annonçant qu'ils ne comptent pas préparer et vendre de spécialités pour l’occasion. De quoi provoquer l’ire de plusieurs utilisateurs sur les réseaux sociaux qui mettent en avant la célébration des fêtes comme une expression de tolérance.

La Fédération marocaine des associations des boulangeries, pâtisseries modernes et traditionnelles est sortie de son silence. Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, la fédération exprime sa «préoccupation quant au recours de certains établissements au boycott de la préparation et la mise en vente de gâteaux de fin d’année». Elle considère cette initiative comme «une surenchère inutile» qui «ne représente en aucun cas l’avis des professionnels avertis».

Pour l’organisme, le souci principal est de «veiller à fournir un approvisionnement pour tous les consommateurs présents dans le pays, sans exception et sans distinction religieuse, ethnique ou de genre, que les clients soient des citoyens marocains, des ressortissants étrangers résidant dans le pays ou des touristes de passage».

Dans le même communiqué, la fédération souligne que «les Marocains, comme à l’accoutumée, sont loin de toute pensée extrémiste ou d’exclusion, le Maroc étant et restera toujours une terre de coexistence et d’acceptation de l’autre».

Contacté par Yabiladi, Noureddin Lafif, président de ladite fédération, assure que ces affichages sont «des cas isolés dans quelques régions», évoquant «une première surface à Aït Melloul et d’une deuxième à Agadir».

«Nous dénonçons ces attitudes qui n’ont pas lieu d’être ; le contexte où elles se font est très inadéquat, surtout que le pays est encore sous le choc après l’assassinat des deux touristes scandinaves [près d’Imlil, ndlr]», affirme encore notre interlocuteur.

En revanche, Noureddin Lafif indique ne pas être «en position de prendre une quelconque mesure à l’encontre de ces boulangers pâtissiers». «Ceux qui ne souhaitent pas vendre de gâteaux de fêtes ne représentent qu’eux-mêmes, mais ce n’est pas la peine d’en faire toute une annonce affichée à l’entrée», nuance-t-il.

Accusé d’extrémisme, un boulanger veut porter plainte

De son côté, le chercheur spécialiste en mouvements islamistes, Saïd Elakhal a réagi sur sa page Facebook pour mettre en garde contre la propagation de l’extrémisme au sein de la société marocaine. Il appelle par ailleurs les autorités à «réagir rapidement face à ces attitudes radicales».

L’un des auteurs de l’initiative n’est cependant pas de cet avis et envisagerait même de porter plainte. Le 24 décembre, il a réagi sur la page Facebook de sa boulangerie pâtisserie en publiant des commentaires nominatifs des utilisateurs qui l’auraient accusé de «promouvoir la pensée terroriste de Daesh».

Le propriétaire de ladite boulangerie pâtisserie a également indiqué que les auteurs de ces posts seront traduits en justice, soulignant avoir fait l’objet d’«accusations graves qui portent atteinte à [sa] dignité et à la sûreté de l’Etat». En envisageant une telle procédure, il dit «croire en la transparence de la justice» et espérer «obtenir réparation».

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com