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Grand Angle

Maroc: L'échec de l'école publique à l'origine du succès de l'enseignement privé

L’école publique s’enfonce de plus en plus dans la crise. La preuve ? Tous ces parents qui préfèrent inscrire leurs enfants dans le privé, quitte à y consacrer une grande partie du budget familial. L’absentéisme des enseignants, le manque d’infrastructures, la délinquance, mais aussi l’arabisation sont pointés du doigt comme causes de la faillite de l’école publique. Reportage.

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DR/illustration
Temps de lecture: 3'

A proximité du collège Ibnou Hani à Casablanca, le jardin public grouille de tabliers blancs pendant les heures de cours. Vous n’avez pas cours ? «La prof m’a fait sortir parce que je parlais avec ma copine» répond Lamia, une collégienne de 13 ans. Et toi ? «C’est cours de maths et j’y comprends rien» rétorque Hakim, même âge. D’autres sont là parce que le prof est absent. «Que vont faire ces enfants dans la rue ? Vous imaginez tout ce qui peut leur arriver ? Si j’envoie mon enfant à l’école je veux être sûre qu’il y est. C’est pour cela que je mets Lina et Kamil dans le privé» s’indigne Radia, elle-même enseignante de sciences naturelles dans ce même collège. La raison : dans la plupart des écoles privées, les enseignants sont payés à l’heure. Ce qui limite, voire contre totalement l’absentéisme.

Les déboires de l’enseignant au Maroc

Accusés de tous les maux, les enseignants expliquent la dérive du public par un dysfonctionnement plus profond dans le système éducatif national. «L’absentéisme des profs n’est qu’un symptôme. Il faut creuser plus loin. Que peut-on attendre d’un enseignant qui gagne une misère ? La plupart sèchent les cours de 16 à 18h pour donner des heures sup à des particuliers, ou enseigner dans le privé» explique Nadia, professeur au Collège Imam Malik, à Casablanca. Les enseignants diagnostiquent un certains nombre de problèmes tels que le manque de ressources, les infrastructures délabrées et les bâtiments sales et vétustes, le manque de fournitures et d’équipements, les classes surchargées à plusieurs niveaux, les élèves indisciplinés voire agressifs. «Je me suis déjà fait menacer par des élèves. Les «Je t’attends dehors !», ça arrive souvent», affirme Radia, qui en a vu de toutes les couleurs.
Autre problème, la langue française. Le fait que le Maroc ait lancé sa politique d’arabisation dans les années 1970 pour l’ensemble du système scolaire, tout en gardant le français comme langue d’enseignement à l’université, est désigné come une des causes majeures de l’échec de l’école publique.

Des écoles privées pour toutes les bourses

Les familles aux revenus très limités optent aujourd’hui pour le privé. Firdaous, jeune mère divorcée et sans emploi a choisi elle aussi de mettre sa fille dans le privé. «C’est ma sœur qui lui paye l’école. Je veux qu’elle réussisse sa vie et qu’elle arrive sortir de ce quartier pourri» espère Firdaous, qui vit dans la maison familiale à Derb Sultan. En effet, les écoles privées, il y en a pour presque toutes les bourses : de 300 dhs par mois (école Al Mazraâa, avenue Ahmed Sabbagh), à 3 500 dhs par mois, voire plus (école Al Jabr à Casablanca). Seuls les parents les plus démunis consentent encore à envoyer leurs enfants dans les écoles publics. Ce qui participe à creuser le fossé social et aggrave l’exclusion de cette frange de la société et prive ces enfants de condition modeste des possibilités d’une évolution sociale et de tout brassage socioculturel. Autre point d’attraction du privé : «ils gonflent les notes». Bahija le dit sans honte aucune, elle a mis ses «enfants dans le privé pour qu’ils leurs boostent un peu leurs notes. C’est ce qui arrive partout. Pourquoi pas mes enfants à moi !». Radia, professeur au collège Inouï Hani, nuance un peu : «même dans le public on gonfle les notes des plus mauvais élèves». «C’est pour les faire passer au niveau suivant et libérer la place à de nouveaux élèves», explique-t-elle.

Des parents absents

L’encadrement et le suivi assurés dans le privé séduisent aussi les parents qui n’ont pas le temps de s’occuper de près de la scolarisation de leurs enfants. Dans le public, l’insouciance des parents inquiète les professeurs. «Je ne sais pas ce que font les parents de ces élèves. Ils ne viennent jamais quand on les convoque, s’interroge Radia. Une fois une de mes élèves m’a ramené une fausse maman, une dame qu’elle a supplié dans la rue de se faire passer pour sa mère. La dame a joué le jeu un moment, puis elle a lâché le morceau. On ne peut pas assurer le suivi des élèves si les parents ne coopèrent pas».
Les parents et les enseignants se renvoient la balle. Entre les deux, un système d’éducation qui n’a pas seulement besoin de restructuration mais d’une profonde mutation.  

Une réforme s'impose
Auteur : berhoc
Date : le 28 octobre 2011 à 11h55
On est doublement taxé, on cotise dans l'enseignement public et on paie cache dans le privé. Le problème s'aggrave avec le manque de la réactivité de nos responsables, ...les parents sont aussi responsables...
Société
Auteur : bzou
Date : le 28 octobre 2011 à 11h43
Je pense que durant plusieurs decennies c'est de l'école publique que sont sortis les meilleurs éléments toutes disciplines confondues ..La réhabilitation de l'école publique est indispensable une mise à niveau ou des réformes sont necesaires c'est avant tout l'école du peuple.Ce grand peuple qui assure la continuité de cet Etat .
le nerf de la guerre
Auteur : ElChamali
Date : le 27 octobre 2011 à 19h30
Mutualiser les moyens est pourtant plus intelligent
S'il était calculé combien le Maroc depense au total pour l'enseignement de ses enfants, il apparaîtrait qu'il ya de quoi avoir un enseignement publique de qualité pour plus de monde

Mais la solidarité ne caractérise pas le Marocain
Pour résumer l'état d'esprit... tant que je m'en sort les autres peuvent crever


Avant les écoles publiques avaient des meilleurs résultats parcequ'elles envoyaient les mauvais élèves au privé....
Auteur : pouic2011
Date : le 27 octobre 2011 à 17h04
Oui depuis la politique d'arabisation sous feu Hassan II qui aimait tant les enfants de la classe d'en bas et qui désirait qu'elle sorte de cette misère.Pauvre enseignement public que nous avons connu sous les soi-disant colonisateurs"enseignants",ils étaient plus consciencieux que nos nationaux.Je ne jette pas la pierre sur ces instits,profs,cadres mais bien sur les gouvernants sous le Règne du Commandeur des Croyants.Ils ne voulaient que la classe prolétaire s'instruisent et en plus de tout cela tout le corps enseignant étaient les mal-payés.Oui pour sa sécurité et celle de son entourage,ils avantageaient l'intérieur,la Défense,Finance-Douane "pour ses intêrets.
Le commble dans l'histoire,ce que j'ai remarqué dans le corps enseignant,c'est plus ils sont diplômés,moins ils travaillent.S'ils avaient une conscience professionnelle de bon père de famille,ils penseraint à ces déhérités pour les sortir de l'obscurantisme.Tandis que les M rouges,les corrompus,les sans scrupules iront au privé,là où le public envoyait les cancres,ceux qui ne voulaient pas étudier,les parresseux et les enfants gâtés ...
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