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Grand Angle

GFMD 2018 : Pacte mondial sur la migration, MRE, migrants et droit d’accès à l’éducation

«Education et migration, enjeux et défis pour le Maroc» est le thème d’une table ronde organisée ce vendredi à Marrakech dans le cadre du GFMD. L’occasion pour des acteurs associatifs et des chercheurs du Centre d’études et de recherche en sciences sociales (CERSS) d’aborder l’enseignement des enfants des MRE à l’étranger ainsi que l’accès à l’éducation aux enfants des migrants au Maroc.

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Dans le cadre du GFMD organisé à Marrakech, une table ronde s'est tenue ce vendredi sous le thème : «Education et migration, enjeux et défis pour le Maroc». / Ph. Mehdi Moussahim - Yabiladi
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Alors qu’un des 23 objectifs du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières insiste sur le droit à l’éducation, des chercheurs marocains du Centre d’études et de recherche en sciences sociales (CERSS) et des membres de la société civile ont abordés l’éducation et la migration et leurs enjeux et défis pour le Maroc, ce vendredi à Marrakech.

Dans le cadre d’un événement parallèle, ils ont tenté de répondre à la question «quelle stratégie éducative pour les migrants au Maroc et pour les Marocains résidant à l’étranger». D’autres points comme le retour des compétences MRE et les solutions pour limiter l’«exode» des cerveaux ont également été abordés.

Pacte mondial et défi d’implémentation du droit à l’éducation

Intervenant pour modérer le débat, Mohamed Haddy, premier vice-président du CERSS, a estimé que «l’éducation a toujours été le cadet des soucis des pays récepteurs». Il a souligné «l’interaction du phénomène migratoire avec l’éducation», notant que l’objectif 13 du Pacte mondial sur la migration insiste sur le droit des migrants à accéder à l’éducation dans les pays d’accueil.

Abdelhak Saaf, membre du CERSS, a rappelé que «la plupart des instruments juridiques internationaux ont affirmé le droit à l’éducation». «Il y a d’une part le droit des migrants à l’éducation sur la base des principes d’égalité dans les pays où ils résident et, d’autre part, le droit de ces migrants à l’enseignement de leur langue et leur culture d’origine», a précisé le chercheur.

Abdelhak Saaf a estimé que le défi réside dans l’implémentation du principe du droit d’accès à l’éducation, rappelant que pour les pays du nord, «beaucoup de problèmes se posent quant à l’égalité censée mener à la jouissance de ce droit».

Adapter l’offre d’enseignement des enfants des MRE

Mohamed Mrizika, activiste marocain résidant en France, s’est indigné que la «relation entre l’éducation et la migration [soit] perçue comme un facteur ou un motif de dysfonctionnement du système éducatif en Europe, alors que l’éducation est un droit fondamental garanti par toute une série d’accords et de conventions internationales». Il a aussi dénoncé le fait de «décharger les politiques publiques des responsabilités pour les déplacer sur la migration avant de critiquer le système éducatif en France.

«Plusieurs rapports montrent que le système éducatif français est inégalitaire. Cette problématique est aujourd’hui, celle de considérer la migration comme phénomène désorganisant et déstabilisant est appliqué à tous les domaines de la vie économique et sociale et même dans l’éducation», a-t-il fustigé. 

/ Ph. Mehdi Moussahim - Yabiladi/ Ph. Mehdi Moussahim - Yabiladi

Après avoir souligné les efforts multiples de la Fondation Hassan II pour les MRE et le ministère de tutelle, il a considéré que le problème fondamental serait «l’adaptation de ces offres aux réalités actuelles des jeunes et des sociétés».

Quant au cas du Maroc, Samira Dlimi, chercheuse et enseignante à l’Université Mohammed V de Rabat, a regretté que «l’école ne soit pas encore en phase» pour accueillir tous les enfants de migrants résidant au Maroc. L’occasion de rappeler que les migrants présents au Maroc ne sont pas tous francophones, d’où la question de l’adaptation de l’école marocaine aux besoins de cette catégorie de migrants.

Plusieurs facteurs entravant l’accès des migrants à l’éducation au Maroc

La chercheuse a aussi abordé la question de la «formation des enseignants», insistant sur le fait que sur des questions liées à la diversité ethnique ou encore religieuse, ces enseignants doivent jouir d’une bonne formation pour jouer leur rôle.

De son côté, la chercheuse marocaine Hanane Serghini, spécialiste des questions sécuritaires et humanitaires de la migration, rappelle que malgré la circulaire du ministère de l’Education nationale, annonçant que tous les enfants de migrants ont droit d’accès à l’école publique, «des enfants de migrants continuent d’être aperçus dans les rues et les carrefours» de villes marocaines. «Certains pratiquent même de la mendicité», a-t-elle ajouté.

Hanane Serghini a également relevé quelques facteurs qui entravent l’accès des migrants à l’éducation, rappelant le cas d’enfants de migrants nés au Maroc mais ne disposant pas de papiers, tout comme les familles qui font appels à des documents falsifiés par les passeurs. «De plus, il y a aussi la peur et la méfiance des migrants au Maroc, surtout irréguliers alors que d’autres migrants ont peur de s’adresser aux consulats et ambassades de leurs pays de peur d’être refoulés», a-t-elle conclu.

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