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Grand Angle

GMT+1 au Maroc : La fronde des élèves prend de l’ampleur

Près d’une semaine après les manifestations d’élèves de collège et lycée à Beni Mellal et Khénifra contre le maintien de l’heure d’été durant l’année scolaire, la fronde gagne d’autres villes, à l’instar de Rabat et de Casablanca.

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Mobilisation des élèves d'Errachidia contre le maintien permanent de l'heure d'été, novembre 2018 / Ph. DR.
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Depuis jeudi dernier, les élèves d’établissements de l’enseignement secondaire au Maroc expriment leur colère quant au maintien de l’heure d’été durant l’année scolaire. Ce lundi, ils ont manifesté à Rabat devant le Parlement, donnant lieu à des accrochages avec les forces de l’ordre. A Casablanca, d’autres sont sortis dans les rues pour protester contre cette mesure gouvernementale, sans incident enregistré.

Dans ces deux dernières villes, la fronde a gagné les élèves depuis samedi. A chaque fin de cour, ceux du collège Ibn Khaldoun à Casablanca ont scandé des slogans appelant à l’annulation de l’heure d’été, ainsi qu’à la démission du chef du gouvernement. A Rabat le même jour, une manifestation estudiantine a rejoint celle des infirmiers et des techniciens de la santé, qui exigent d’être dédommagés sur les risques professionnels.

Le mouvement prend de plus en plus d’ampleur

Tout a commencé la semaine dernière, lorsqu’à Beni Mellal, la fronde a même donné lieu à des intervention des forces de l’ordre dans l’enceinte d’écoles, à l’image du collège Ahmed Essaoumai. En effet, l’établissement a été témoin d’accrochages entre forces de l'ordre, lycéens et enseignants. Les heurts ont eu lieu lorsque les élèves ont été empêchés de sortir manifester dans la rue.

Cité par Al3omk, un communiqué des enseignants de l’établissement fait état de «l’intrusion de la police en tenue de service au sein de l’école», où les élèves ont été coursés, tandis que des agents ont «essayé de faire rentrer les professeurs dans leurs classes par la force». Par conséquent, les cours ont été suspendus jeudi et vendredi, pour «contester l’approche sécuritaire adoptée» par les autorités, rapporte la même source.

Par ailleurs, les collégiens et les lycéens d’Errachidia ont également tenu des sit-in pour appeler le gouvernement à revenir sur sa décision. Mais si l’ampleur de ce mouvement commence à s’étendre à plusieurs villes, ce dernier reste peu ou pas encadré jusqu’à aujourd’hui.

Des revendications susceptibles de s’élargir

Le politologue Abderrahim El Allam souligne sur Alyaoum24 qu’il est «difficile de dire que les collégiens et les lycéens manifestent uniquement contre le maintien de l’heure d’été». Pour lui, ces élèves sont en colère «à cause de plusieurs questions globales liées au secteur de l’éducation nationale, dans un contexte général de contestation sociale au Maroc». Il considère ainsi que l’adoption permanente de l’horaire GMT+1 n’est que «la goutte qui a fait déborder le vase».

De même, et constatant «l’approbation de facto du corps enseignant», le chercheur fait remarquer que la situation «rappelle les manifestations estudiantines de 1965» et comment, par la suite, «le discours du roi Hassan II (1962 – 1999) a tenu les professeurs responsables d’incitation des élèves à manifester».

La colère des étudiants rejoint celle des enseignants sur plusieurs points, poussant notamment des centrales syndicales à s’exprimer sur le sujet. Dans un communiqué daté du 10 novembre, le syndicat de l’enseignement affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT) a réagi à une sortie médiatique du ministère de tutelle, en appelant notamment l’exécutif à revenir sur le maintien permanent de l’heure d’été. Contacté par Yabiladi, Abdelkader El Amri, membre du bureau national, dénonce ainsi les déclarations du ministre Saïd Amzazi quant à l’approbation de ce maintien par les centrales qu’il a rencontrées récemment. Il tient ainsi à démentir «les allégations du ministre qui induisent en erreur les élèves et rapportent des faits erronés».

«Les élèves contestent l’adoption permanente de l’heure d’été et nous l’avions déjà rejetée, dans un communiqué de la CDT daté du 1er novembre, soutient le syndicaliste. Nous refusons le maintien de cet horaire et appelons le gouvernement à revenir sur une décision dont les conséquences vont se ressentir sur le plan social et éducatif».

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