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Grand Angle

Récit d’une expulsion express : Maubeuge - Casablanca en 24 heures chrono

La date du lundi 31 mars 2008 restera à jamais gravé dans la mémoire de Sabah Souiri. Ce jour-là, elle va vivre un véritable cauchemar. La jeune fille (30 ans) se retrouve, seule, démunie, perdue, à l’aéroport de Casablanca. Sans argent ni effets personnels, Sabah est «lâchée» par la France.
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Sabah a vécu un véritable calvaire. Tout a débuté au lendemain de son mariage à Oujda, le 17 novembre 2005. «A mon arrivée en France, nous avons enregistré notre mariage auprès des services préfectoraux et j’ai bénéficié d’un titre de séjour de 12 mois. Puis, mon mari a du s’acquitter d’une peine d’emprisonnement de 8 mois alors que je n’étais pas au courant de sa condamnation. J’ai serré les dents au côté de sa maman chez qui nous vivions», déclare-t-elle.

Tout se gâte à sa sortie de prison. «Il m’a demandé de disparaître. J’étais effrayé devant ses menaces et ses violences à répétition. Nous devons aller au Maroc pour divorcer et je te fais la promesse de t’aider à régulariser ta situation administrative en France, me disait-il. Au début, je refusais, puis j’ai accepté sans connaître me droits». Difficile de les connaître quand on est coupé du monde. En dehors de la «sortie» hebdomadaire à Auchan (avec sa belle mère) Sabah passait ses journées à tuer le temps à la maison.

A son retour du Maroc (après avoir acté son divorce), Sabah Souiri et son ex mari regagnèrent la France. Au bout de quelques jours, il lui proposa de rendre visite à sa sœur aînée. Sans le savoir, Sabah se retrouvait prise au piège, son ancien compagnon l’abandonna sur l’instant. A l’étroit, humiliée, le cœur brisé et l’honneur bafouée, elle rejoignit le foyer de l’association St Vincent de Paul.

Elle y rencontra un homme. Très vite, celui-ci, membre de l’association, se montra pressant pour une demande en mariage, selon les propos de Sabah. «Devant mon hésitation et mon refus, il m’a insulté et frappé à deux reprises. Il était violent et alcoolique», dit-elle. Le corps truffé d’hématomes et le cuir chevelu en sang, elle décida de porter plainte. L’erreur…fatale.

Sabah Souiri se rendit à la gendarmerie de Maubeuge pour y déposer une plainte pour violences conjugales. Les gendarmes la prièrent de revenir muni d’un certificat médical. Ce sera chose faîte le 29 mars 2008. «Je n’ai rien compris. Les gendarmes procédaient à mon interrogatoire alors qu’ils étaient censés enregistrer ma plainte». Elle eu droit à 24 heures de garde à vue sans avoir pu bénéficier à un droit élémentaire, celui d’avoir un avocat. «Les gendarme m’ont assuré avoir contacté mon avocat, mais que ce dernier n’avait pas donné suite. Je ne connaîtrais jamais la vérité».

Entouré de 2 policiers en civils et menotte aux poignets, Sabah Souiri fut conduite au centre des migrants clandestins de Lille. «Nous y sommes restés quelques minutes avant de prendre la direction de Paris. Je multipliais les appels pour comprendre ce qui se passait. En retour, on m’indiqua que j’étais trop bavarde», dit-elle. A leur arrivée à l’aéroport de Paris-Orly, Sabah pris peur. «J’étais paniqué…Ils ont commencé à tenir des propos injurieux et à me violenter en plein aéroport».

«Arrivé à Casablanca, les policiers m’ont remis aux autorités marocaines et ils ont disparu. Je me retrouvais seule à 00h30, complètement démunie et meurtrie…La police marocaine m’a pris en charge et je me suis rendu à la Wilaya (Préfecture) de Casablanca pour récupérer des documents administratifs. Puis, très tôt dans la matinée, j’ai pris le bus pour Oujda où résident mes parents».

Pris en grippe par ses parents, Sabah vit aujourd’hui chez une de ses sœurs à Oujda. «Mon souhait, c’est de vivre en France. Ce qui m’est arrivée est injuste et injustifié. On a profité de ma vulnérabilité et de ma naïveté pour réduire mon honneur à une peau de chagrin. Cette situation est anormale. C’est vraiment horrible !», conclut-elle.

Après notre entretien Sabah Souiri n'a pas souhaité que sa photo soit publiée.

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